C’est curieux, mais c’est une dépêche de l’Agence France presse, reproduite sur le site anglophone de la chaîne télévisée française France 24, mais il est impossible de la trouver en langue… française.
Alors je vous propose cette histoire édifiante de cette musulmane qui se trouve être aussi une rescapée du camp de concentration d’Auschwitz où elle est née.
Cette personne n’est pas une politicienne, c’est juste quelqu’un d’ordinaire qui a vécu des choses pas ordinaires.
On peut juste s’interroger sur le fait qu’elle ait conservé des souvenirs aussi vifs d’un endroit où elle a vécu "seulement" jusqu’à l’âge de trois ou quatre ans !
AFP – France 24, 18/04/2012 traduit de l’anglais par Djazaïri
Leila Jabarin a caché son secret à ses enfants et petits enfants Musulmans pendant plus d’une cinquantaine d’années – le fait qu’elle était une suvivante juive de l’holocauste née dans le camp de concentration d’Auschwitz.
Si sa famille savait qu’elle était une Juive convertie, aucun de ses membres ne connaissait sont passé douloureux.
C’est seulement la semaine dernière que Leila Jabarin, née Helen Brashatsky, s’est finalement décidée à leur parler de l’histoire de sa naissance à Auschwitz, le symbole le plus connu de l’action génocidaire contre les Juifs Européens menée pendant la guerre par l’Allemagne nazie.
Dans un entretien accordé à l’AFP à l’occasion de la Journée du mémorial de l’Holocauste qui commence mercredi soir, Mme Jabarin, qui a maintenant 70 ans, rit quand elle parle de la façon dont on doit la désigner.
Son prénom musulman est Leila, mais dans la ville arabe du nord d’Israël où elle a vécu ces 52 dernières années, la plupart des gens l’appellent Oum Raja, la «mère de Raja» en arabe, depuis la naissance de son premier fils.
Comme beaucoup d’enfants Juifs, elle a aussi un nom hébreu – Leah – mais elle préfère qu’on l’appelle Hélène.
Elle avait six ans quand elle est venue vivre dans la Palestine mandataire avec ses parents, à peine quelques mois avant la proclamation de l’Etat d’Israël en mai 1948.
Malgré la guerre qui avait éclaté dès le départ des Britanniques, c’était bien loin de la cruelle réalité qu’avait connue sa famille à Auschwitz, explique Mme Jabarin qui est vêtue d’un hidjab et d’une longue robe, mais dont la peau claire et les yeux bleus trahissent son origine européenne de l’est.
Sa mère, qui était de Hongrie, et son père, d’origine russe, vivaient en Yougoslavie quand ils ont été expédiés à Auschwitz avec leurs deux jeunes fils en 1941.
Quand ils ont été emmenés à Auschwitz, ma mère était enceinte de moi et quand elle a accouché, le médecin chrétien à Auschwitz m’a cachée dans des serviettes de bain,» dit-elle, expliquant comment le médecin a caché la famille pendant trois ans au sous-sol de sa maison à l’intérieur du camp.
Sa mère travaillait comme dame de ménage au domicile du médecin tandis que son père était le jardinière.
“Ils revenaient le soir pour dormir au sous-sol et ma mère nous racontait comment les Nazis tuaient les enfants, mais que ce docteur nous avait sauvés,” dit-elle, se souvenant comment sa mère les nourrissait de pain dur trempé dans de l’eau chaude salée.
“Je me rappelle encore les pyjamas à rayures noires et blanches et je me rappelle encore et les terribles brutalités dans le camp. Si j’avais assez de santé, j’y serais retournée pour le revoir [le camp], mais j’ai déjà eu quatre attaques cardiaques.
“C’est effrayant et très très difficile de se remémorer ce lieu où tant de gens ont souffert,” reconnaît-elle en s’exprimant dans un mélange d’hébreu et d’arabe avec un accent.
Elle parle aussi le hongrois, un peu le yiddish et le russe.
La famille avait finalement été libérée en même temps que le camp en 1945 et était partie pour la Palestine mandataire trois ans plus tard.
Au début, les nouveaux immigrants avaient été mis dans des camps à Atlit, à envirion 20 kilomètres au sud de Haïfa, mais deux ans plus tard, ils étaient allés plus au sud à Holon, puis à Ramat Gan, près de Tel Aviv.
Dix ans après, alors qu’elle avait 17 ans, Helen Brashatsky s’enfuyait avec un jeune homme Arabe nommé Ahmed Jabarin et ils s’installaient à Oum al-Fahm, ce qui fut la cause d’une énorme coupure avec sa famille.
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Leila Jabarin et son mari Ahmed |
“Elle s’est enfuie avec moi et elle avait 17 ans quand nous nous sommes mariés,” dit son mari. « Les autorités israéliennes venaient à Oum al-Fahm et la ramenaient à sa famille à Ramat Gan, puis elle revenait directement ici.»
Au début, ses parents ont refusé de lui parler pendant deux ans mais ils se sont réconciliés par la suite.
En fin de compte, c’est sa mère qui lui a suggéré de se convertir à l’Islam quand leur fils aîné ayant atteint l’âge de 18 ans avait été appelé pour faire son service militaire
“Ma mère m’avait conseillé de ne pas envoyer mon fils au service militaire parce que s’il l’vait fait, ma fille aurait aussi dû le faire.
“Elle disait que je devrais me convertir pour éviter à ma fille de server dans l’armée parce que des Musulmans ne laisseraient pas une fille loin de la maison dans un camp militaire.”
Alors elle s’est convertie.
Mais elle n’avait jamais raconté à sa famille l’intégralité de son histoire.
“J’ai caché ma douleur et la vérité pendant 52 ans à mes 8 enfants et 31 petits enfants. J’ai caché le fait que je suis née à Auschwitz et ce que ce passé douloureux signifie.
“J’attendais seulement le bon moment pour le leur dire”
Ce moment est arrive il y a plusieurs jours quand un homme est venu au nom des services sociaux et lui a parlé de son passé, à peine quelques jours avant les cérémonies annuelles du souvenir de l’holocauste.
“A chaque Journée du Mémorial de l’Holocauste, je pleure toute seule. Il n’y a pas de mots pour décrire la douleur que j’éprouve. Comment des enfants peuvent-ils manger du pain dur trempé dans de l’eau ? Si ça arrivait à mes enfants, je ne sais pas ce que je deviendrais.»
Cette révélation a été un choc énorme pour sa famille – mais elle a répondu à beaucoup de questions, reconnaît son fils de 33 ans, Nader Jabarin.
“Maman pleurait pendant le Journée du Mémorial de l’Holocauste et elle regardait toutes les cérémonies à la télévision israélienne. Nous n’avions jamais compris pourquoi. Nous sortions tous pour la laisser seule à la maison, » a-t-il dit à l’AFP.
Mais le fait de raconter son secret si longtemps gardé a été une cause de soulagement aussi bien pour elle que pour sa famille, a-t-il dit.
"Nous la comprenons un peu plus maintenant."