La Syrie et les dangereux fantasmes de la diplomatie turque
J’avais
déjà écrit que l’action du gouvernement turc en Syrie ne fait pas l’unanimité
en Turquie et qu’elle inquiète la
communauté Alevi, au moins une partie de la communauté
arabe de Turquie et le principal parti d’opposition, le Parti Populaire Républicain (CHP).
L’article
que je vous propose fait le point sur les motivations de l’opposition turque, cette
dernière rappelant opportunément quelques règles élementaires de droit que les
autorités turques, mais aussi françaises ou britanniques s’empressent d’enfreindre
quand elles estiment que c’est leur intérêt.
Sauf
que le CHP n’est pas du tout sûr que l’intérêt de la Turquie soit de prendre
parti activement pour la sédition et la guerre civile en Syrie.
Parce
que la Turquie en payera forcément le prix que ce soit par une entrée en guerre
ou autrement. Il faut quand même rappeler que, contrairement à la Turquie, ni
la France, ni la Grande Bretagne ou les Etats Unis n’ont de frontière avec la
Syrie.
Dans sa
critique de la politique étrangère actuelle du gouvernement turc, le
responsable du CHP n’attire cependant pas directement l’attention sur le point
qui est peut-être le plus lourd de menaces pour la stabilité régionale. Je veux
parler de l’immixtion récente du gouvernement d’Ankara dans les affaires
intérieures irakiennes en nouant une sorte de relation d’Etat à Etat avec le Kurdistan
irakien.
Ce que
le gouvernement turc refuserait de manière catégorique pour son propre Kurdistan !
On a
presque l’impression que le gouvernement turc a reçu mandat de l’OTAN pour attiser
le feu dans la région.
Quand
je pense qu’il y a quelques mois encore, on espérait du rôle modérateur d’une
Turquie entraînant par son dynamisme toute une région en même temps qu’elle
aurait pu exercer des pressions sur le régime sioniste afin non seulement de
lever le blocus de Gaza mais d’avancer vers une solution négociée !
Par
İpek Yezdaniipek, Hürriyet
(Turquie)28 avril 2012 traduit de l’anglais par Djazaïri
Faruk Loğoğlu , vice président du Parti
Populaire Républicain (CHP), la principale force d’opposition, a vivement
critiqué le ministre Turc des affaires étrangères Ahmet Davutoğlu pour ses
propos sur le rôle pionnier de la Turquie dans le nouveau Moyen orient, les
qualifiant de «fantasme dangereux.»
“Ca me fait seulement sourire. Je
l’interprète comme un fantasme. Je n’y trouverais rien à redire si c’était un
fantasme inoffensif, mais c’est un fantasme dangereux. Quand le ministre Turc
des affaires étrangères, qui est incapable de conduire la politique étrangère
de la Turquie, dit que ‘nous allons être
pionniers du changement au Moyen orient, »
il manque de respect aux nations arabes, a déclaré Loğoğlu à la presse
le 27 avril. Le CHP organise une
conférence internationale baptisée :
«Saisons
du changement : la marche des peuples arabes vers la liberté et la
démocratie » les 28 et 29 avril à Istanbul. Les vide présidents du CHP, Loğoğlu
and Gürsel Tekin, ont organisé une conférence de presse à Istanbul avant la
conférence. Loğoğlu, un ambassadeur à la retraite, a critique sévèrement l’approche
des affaires régionales par le parti au pouvoir.
«Ils doivent d’abord gérer la propre
politique étrangère de la Turquie. Nous sommes hostiles à l’Arménie, nous avons
des jours difficiles avec l’Iran et l’Irak, nous sommes au bord de la guerre
avec la Syrie, nous échangeons des menaces avec Israël et nous menaçons la
partie grecque de Chypre. Qu’est-ce qui est correct dans cette ligne de la
politique étrangère ? »
Loğoğlu a aussi critiqué le gouvernement pour
l’accueil en Turquie de l’Armée Syrienne Libre (ASL) d’opposition, affirmant qu’il
était contraire au droit et aux règlements internationaux. « La Turquie a pris
parti dès le premier jour dans l’affaire syrienne. Le gouvernement turxc a
directement exclu le régime et s’est rangé du côté non seulement de personnalités
politiques de l’opposition, mais aussi des chefs militaires de l’opposition. Faciliter
l’action de l’aile militaire de l’opposition qui cherche à détruire le régime d’un
pays est contraire au droit et aux règlements internationaux, » a déclaré Loğoğlu.
Le parti de la Justice et du Développement (AKP) au pouvoir, entraîne la
Turquie vers la guerre, a affirmé Loğoğlu. « Ce n’est pas à la Turquie d’attiser
les conflits en Syrie en prenant parti. L’attitude du gouvernement [de l’AKP]
est mauvaise. Elle est aussi contraire à de bonnes relations de voisinages, »
a ajouté Loğoğlu.
Libellés : Ahmet Davutoğlu, AKP, Alevis, Armée Syrienne Libre, CHP, Faruk Loğoğlu, Irak, Kurdistan, Recep Tayyip Erdogan, Syrie
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