L'Arménie et l'Iran
A l’occasion
de la commémoration par l’Arménie du ‘génocide’ que ce pays accuse la Turquie d’avoir
commis, le journal espagnol ABC a eu la bonne idée d’interviewer l’ambassadeur
d’Arménie en Espagne, Khorén Terterián.
Ce qui
nous permet d’avoir un rare aperçu des prises de position de l’Arménie sur la
crise qui oppose l’Iran au bloc occidental, entité sioniste incluse.
En
fait, on découvre tout simplement que prise entre le marteau turc et l’enclume
azerie, la république d’Arménie a tout à perdre d’une agression militaire
contre l’Iran. En effet, si l’Arménie n’a que 35 kilomètres de frontières
communes avec la république islamique, ce sont 35 kilomètres d’une importance
vitale. Et l’Iran est par ailleurs un soutien de poids dans un environnement
que le gouvernement arménien définit comme hostile.
A
méditer.
Les Arméniens commémorent leur «génocide»
face à une Turquie influente et s’accrochent à leur volonté de se rapprocher
plus de l’Union Européenne sans renoncer à leur amitié avec l’Iran.
Par Luis de Vega, à Madrid, ABC (Espagne) 24
avril 2012 traduit de l’espagnol par Djazaïri
«Nous
avons payé le prix pour garder notre langue, notre culture et nitre foi
chrétienne,» affirme Khorén Terterián, chargé d’affaires de l’ambassade
d’Arménie à Madrid, un pays qui commémore ce 24 avril le début du «génocide»
par les Turcs entre 1915 et 1923. Les autorités d’Erevan, capitale de
l’Arménie, estiment qu’environ 1,5 millions de ses nationaux furent massacrés.
Ce chiffre et le fait que ce fut une extermination planifiée n’ont jamais été
reconnus par Ankara qui parle de 300 000 morts.
Le poids de plus important de la Turquie dans
les relations internationales représente un frein important pour les
aspirations arméniennes à la reconnaissance de ces faits. La volonté de ces
deux pays d’être admis dans l’Union Européenne (UE) ne semble pas être un
argument suffisant pour que leurs positions de rapprochent même à minima.
A cheval entre l’orient et l’occident et sans
façade maritime, cette ancienne république soviétique marquée aujourd’hui par
les conflits avec ses voisins, la Turquie et l’Azerbaïdjan avec lesquels les
frontières sont fermées. Avec le premier pays, le conflit porte sur la négation
du génocide et avec le deuxième, sur l’enclave du Nagorno Karabakh, peuplée
majoritairement d’Arméniens mais que l’ONU reconnaît comme azerie en dépit
d’une indépendance autoproclamée il y a une dizaine d’années pendant la guerre
de 1991 à 1994.
Ce qui oblige l’Arménie à dépendre de la
Géorgie au nord, pour avoir accès à la mer Noire et, surtout, de l’Iran au sud
qui est devenu, nonobstant les différences religieuses – les uns sont Chrétiens
et les autres Musulmans – le principal soutien des Arméniens à l’international,
comme le reconnaît Terterián. «En dépit des sanctions, nous n’avons pas d’autre
solution que d’avoir de bonnes relations avec Téhéran,» explique le chargé
d’affaires pendant un entretien accordé à ABC dans lequel il observe clairement que la fermeture des frontières avec ses voisins met son pays
à très rude épreuve.
«Les
Etats Unis le comprennent, » répond le diplomate à la question sur les
relatiosn de son pays avec les ennemis du régime des ayatollahs. Terterián
reste très prudent quand il évoque le climat qui assombrit la région à cause
des pressions dur le programme nucléaire iranien qu’il considère comme ayant
des fins « pacifiques,» alors que Washington est également un soutien
importants pour son pays.
«Nous
ne voulons pas de problèmes dans la région, et encore moins en Iran, »
dit-il, sans cacher une certaine préoccupation. «Nous attendons la conclusion
d’un accord avec les responsables du programme nucléaire sans un recours à la
force qui serait désastreux pour nous,» ajoute-t-il. Vous imaginez qu’on ferme
notre frontière avec l’Iran ? » questionne-t-il en parlant de ces 35
kilomètres essentiels pour son pays.
Le jeu compliqué des alliances
internationales dont dépend l’Arménie amène également le diplomate à ,e pas se
mouiller par rapport au conflit en Syrie. «Question difficile,» admet-il.
Moscou, dont la position est qualifiée de «positive» est un autre des piliers
dont dépend ce petit Etat de 30 000km2 et de trois milliosn d’habitants,
mais qui compte avec une importante diaspora. Mais sa défense de la Russie,
fervent allié de Damas, ne l’empêche pas de se positionner sur plusieurs
tableaux : « Nous saluons la position de l’Union Européenne et le
plan Annan avec ses observateurs pour arrêter les combats. »
L’Arménie a gagné une petite bataille avec la
reconnaissance en 2001 du génocide par la France où vivent plusieurs centaines
de milliers de personnes d’origine arménienne. Nicolas Sarkozy a impulsé tout
récemment un projet de loi pour faire de la négation du génocide un délit, au
risque de nuire à ses relations avec la Turquie. Le chargé d’affaires Arménien
à Madrid n’exclut pas l’idée que ce pouvait être un moyen pour le président de
s’attirer des votes en vue de sa réélection ou encore d’un message pour
Ankara : «Si vous voulez faire partie de l’UE, comportez vous comme des
Européens.»
«Personne ne doute de l’holocauste [des Juifs,
NdT] et l’Allemagne est vue comme un pays civilisé qui, en outre, entretient de
bonnes relations avec Israël, » conclut-il.
Libellés : Arménie, Azerbaîdjan, Erevan, Espagne, Etats Unis, génocide arménien, Géorgie, Iran, Khorén Terterián, Russie, Turquie
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