Islamisme radical et trous de mémoire
En cette époque où d'aucuns évoquent la montée d'un islamisme radical dont les conséquences seraient visibles un peu partout dans le monde musulman et représenterait une menace sur le sol même de l'Occident par communautés immigrées interposées, cet article vient opportunément nous rafraîchir la mémoire.
Il s'agit en fait d'une dépêche de l'Agence France presse que nous n'aurons, je suppose, guère de chances de voir reproduite dans la presse hexagonale.
Cette banale dépêche nous rappelle tout simplement que ces islamistes, présentés aujourd'hui comme un danger pour l'Occident, ont été fortement encouragés et aidés par ce même Occident désireux de mettre en échec l'emprise communiste en Afghanistan.
Ces choses là sont en fait connues et archi-connues et seul le fonctionnement actuel de nos médiats, où un événement chasse vite l'autre et où la vie des vedettes du cinéma peut occuper autant voire plus de place que des événements politiques majeurs, peut expliquer la déconnexion savamment entretenue entre ce qui se passe aujourd'hui et des faits survenus il y a à peine une trentaine d'années.
La dépêche nous apprend quand même de petites choses (à moi tout du moins). Par exemple la promptitude de la réaction occidentale et de sa décision de soutenir des mouvements qui déjà à l'époque étaient marqués de l'étiquette "islamique" ou "islamiste". Où encore que le gouvernement français était dès le départ partie prenante de cette opération visant à contrecarrer les efforts soviétiques en Afghanistan.
Et vous vous souvenez peut-être de ce philosophe chevelu qui encourageait la résistance face à ce qu'on appelait à l'époque l'invasion soviétique (tandis qu'aujourd'hui encore, on ne parle pas d'invasion occidentale en Afghanistan). Eh oui, c'est le même qui fustige aujourd'hui le péril islamofasciste qu'il voit même en la personne d'un "ami" de Bernard Kouchner!
L'Occident s'était rapidement entendu pour soutenir la résistance afghane en 1980: archives britanniques
AFP, Times of India 30 décembre 2010 traduit de l'anglais par Djazaïri
Londres: Les puissances occidentales s'étaient réunies secrètement peu après l'invasion soviétique de l'Afghanistan et avaient élaboré des plans pour aider la résistance islamique, selon des archives britanniques de 1980 rendues publiques.
De hauts responsables de Grande Bretagne, de France, de l'Allemagne de l'Ouest de l'époque et des Etats Unis s'étaient réunis à Paris le 15 janvier de cette année pour discuter de la réponse de l'Occident à l'invasion du 24 décembre 1979.
L'ouverture au public, après trente années passées dans les caves des National Archives, de documents secrets intervient alors que les alliés occidentaux se préparent à entrer dans une nouvelle année de conflits en Afghanistan, à combattre les insurgés islamistes.
Le conseiller à la sécurité nationale des Etats Unis, Zbigniew Brezinski figurait parmi les participants à la réunion ainsi que Robert Armstrong, , secrétaire du cabinet, le haut fonctionnaire de rang le plus élevé.
Il [Brezinski] avait dit que l'aide aux Moudjahidine devait être coordonnée par "nos amis" - un euphémisme pour le MI6, le service britannique de renseignements extérieurs, et ses équivalents chez les alliés.
Le compte rendu de la réunion de Paris par Armstrong notait que s'il existait une volonté d'éviter le déclenchement d'une guerre frontalière dans les régions tribales instables du Pakistan, il était cependant possible de faire beaucoup de choses.
Il observait que les puissances présentes à la réunion avaient conclu que "il serait dans l'intérêt de l'Occident d'encourager et de soutenir la résistance."
Tant qu'il y avait des Afghans désireux de continuer à résister à l'invasion soviétique et tant que les Pakistanais accepteraient de voir leur territoire utilisé, la résistance devait être soutenue, disait Armstrong.
"Cela rendrait plus difficile le processus de pacification de l'Afghanistan par les Soviétiques, et ce processus prendrait beaucoup plus de temps que ce qu'il aurait dû autrement [sans notre aide à la résistance]," disait-il.
Armstrong ajoutait que "l'existence d'un mouvement de guérilla en Afghanistan sera au coeur de la résistance islamique, que nous devrions avoir la volonté de voir perdurer."
Il suggérait que la meilleure manière d'organiser le soutien à la résistance était de passer par "un représentant d'un de nos amis" rencontrant des responsables de ses homologues Français et US.
La résistance des moudjahidine conduisit finalement à la montée en puissance de l'Islam radical en Afghanistan, ce qui fournira le terreau du développement du réseau al-Qaïda.
Après les attentats de septembre 2001 aux Etats Unis, les forces de l'OTAN ont renversé le régime taliban en Afghanistan mais continuent à combattre une insurrection islamiste qui a des bases de repli au Pakistan.
2010 s'est avérée une année de pertes record dans cette campagne avec la mort de plus de 700 soldats étrangers, soit deux par jour en moyenne.
Il s'agit en fait d'une dépêche de l'Agence France presse que nous n'aurons, je suppose, guère de chances de voir reproduite dans la presse hexagonale.
Cette banale dépêche nous rappelle tout simplement que ces islamistes, présentés aujourd'hui comme un danger pour l'Occident, ont été fortement encouragés et aidés par ce même Occident désireux de mettre en échec l'emprise communiste en Afghanistan.
Ces choses là sont en fait connues et archi-connues et seul le fonctionnement actuel de nos médiats, où un événement chasse vite l'autre et où la vie des vedettes du cinéma peut occuper autant voire plus de place que des événements politiques majeurs, peut expliquer la déconnexion savamment entretenue entre ce qui se passe aujourd'hui et des faits survenus il y a à peine une trentaine d'années.
La dépêche nous apprend quand même de petites choses (à moi tout du moins). Par exemple la promptitude de la réaction occidentale et de sa décision de soutenir des mouvements qui déjà à l'époque étaient marqués de l'étiquette "islamique" ou "islamiste". Où encore que le gouvernement français était dès le départ partie prenante de cette opération visant à contrecarrer les efforts soviétiques en Afghanistan.
Et vous vous souvenez peut-être de ce philosophe chevelu qui encourageait la résistance face à ce qu'on appelait à l'époque l'invasion soviétique (tandis qu'aujourd'hui encore, on ne parle pas d'invasion occidentale en Afghanistan). Eh oui, c'est le même qui fustige aujourd'hui le péril islamofasciste qu'il voit même en la personne d'un "ami" de Bernard Kouchner!
L'Occident s'était rapidement entendu pour soutenir la résistance afghane en 1980: archives britanniques
AFP, Times of India 30 décembre 2010 traduit de l'anglais par Djazaïri
Londres: Les puissances occidentales s'étaient réunies secrètement peu après l'invasion soviétique de l'Afghanistan et avaient élaboré des plans pour aider la résistance islamique, selon des archives britanniques de 1980 rendues publiques.
De hauts responsables de Grande Bretagne, de France, de l'Allemagne de l'Ouest de l'époque et des Etats Unis s'étaient réunis à Paris le 15 janvier de cette année pour discuter de la réponse de l'Occident à l'invasion du 24 décembre 1979.
L'ouverture au public, après trente années passées dans les caves des National Archives, de documents secrets intervient alors que les alliés occidentaux se préparent à entrer dans une nouvelle année de conflits en Afghanistan, à combattre les insurgés islamistes.
Le conseiller à la sécurité nationale des Etats Unis, Zbigniew Brezinski figurait parmi les participants à la réunion ainsi que Robert Armstrong, , secrétaire du cabinet, le haut fonctionnaire de rang le plus élevé.
Il [Brezinski] avait dit que l'aide aux Moudjahidine devait être coordonnée par "nos amis" - un euphémisme pour le MI6, le service britannique de renseignements extérieurs, et ses équivalents chez les alliés.
Le compte rendu de la réunion de Paris par Armstrong notait que s'il existait une volonté d'éviter le déclenchement d'une guerre frontalière dans les régions tribales instables du Pakistan, il était cependant possible de faire beaucoup de choses.
Il observait que les puissances présentes à la réunion avaient conclu que "il serait dans l'intérêt de l'Occident d'encourager et de soutenir la résistance."
Tant qu'il y avait des Afghans désireux de continuer à résister à l'invasion soviétique et tant que les Pakistanais accepteraient de voir leur territoire utilisé, la résistance devait être soutenue, disait Armstrong.
"Cela rendrait plus difficile le processus de pacification de l'Afghanistan par les Soviétiques, et ce processus prendrait beaucoup plus de temps que ce qu'il aurait dû autrement [sans notre aide à la résistance]," disait-il.
Armstrong ajoutait que "l'existence d'un mouvement de guérilla en Afghanistan sera au coeur de la résistance islamique, que nous devrions avoir la volonté de voir perdurer."
Il suggérait que la meilleure manière d'organiser le soutien à la résistance était de passer par "un représentant d'un de nos amis" rencontrant des responsables de ses homologues Français et US.
La résistance des moudjahidine conduisit finalement à la montée en puissance de l'Islam radical en Afghanistan, ce qui fournira le terreau du développement du réseau al-Qaïda.
Après les attentats de septembre 2001 aux Etats Unis, les forces de l'OTAN ont renversé le régime taliban en Afghanistan mais continuent à combattre une insurrection islamiste qui a des bases de repli au Pakistan.
2010 s'est avérée une année de pertes record dans cette campagne avec la mort de plus de 700 soldats étrangers, soit deux par jour en moyenne.
Libellés : Afghanistan, France, Grande Bretagne, islamistes, OTAN, Robert Armstrong, Union Soviétique, Zbigniew Brezinski
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