lundi, février 21, 2011

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Lobby sioniste, Etats Unis et mouvements démocratiques arabes

J'écoutais ce matin Bernard Guetta à la radio faire son commentaire sur les transitions politiques accompagnées par les Etats Unis. Si on en croit M. Guetta, les transitions se font dans ces cas là sans répression brutale, et donc sans victimes dans la population.

C'est vrai, il n'y a pas eu un seul tué au cours du processus insurrectionnel en Tunisie. Pas plus qu'en Egypte d'ailleurs. Au Yémen, pays proche des Etats Unis, rien à signaler.

M. Guetta omet de nous dire qui a soutenu pendant des années les régimes dictatoriaux en Tunisie et en Egypte. Oui, qui ? Il se comporte exactement comme les scribes du sionisme dont il est question dans l'article que je vous propose un peu plus loin.

Et qu'est-ce que c'est que ces morts au Bahrein (un peu plus d'un million d'habitants) ? Ils ne peuvent pas être morts car Bahrein est un régime soutenu par les Etats Unis et où se trouve le port d'attache de leur Vème flotte. En dehors de Bernard Guetta, il n'y a guère qu'eux, les morts, pour ne pas savoir qu'ils ne sont pas morts. Oh pardon, ce ne sont pas des Bahreinis mais des chiites nous apprend l'Express.

En Libye, les choses sont plus simples, sauf bien sûr pour les habitants de ce pays car M. Kadhafi est (était) avant tout un ami de Tony Blair, de Gordon Brown et du Casanova qui dirige l'Italie, M. Berlusconi. MM. Blair et Brown ne sont plus au pouvoir, M. Berlusconi est empêtré dans les scandales que l'on sait. Dans ce cas précis, il est sûr que les USA verraient d'un bon oeil un changement à la tête du pays. On verra sans doute bientôt si la Libye connaîtra aussi une révolution de palais comme en ont connu l'Egypte et la Tunisie. Il faut cependant bien observer que l'armée libyenne, à la différence de son homologue égyptienne ne dépend aucunement de subsides versés par les Etats Unis.

Car ce que M. Guetta feint d'ignorer, c'est qu'en Tunisie et surtout en Egypte, le fruit de la mobilisation et des sacrifices populaires a pour l'instant été confisqué par des pouvoirs aux ordres de Washington et que les périodes de transition vont être mises à profit pour s'assurer que les futurs scrutins (libres ou pas), ne permettront pas à ceux qui portent les espoirs de la population d'accéder au pouvoir.

Il en va, en Egypte tout particulièrement, des intérêts de l'entité sioniste.

James Petras est un des observateurs les plus perspicaces de la scène politique américaine et de ce qu'il faut bien appeler les agissements de l'impérialisme des Etats Unis dans leur articulation avec ce qu'il appelle la Configuration Sioniste de Pouvoir [Zionist Power Configuration]. Il nous propose sa lecture du positionnement de Washington tout au long des événements qui ont agité l'Egypte et continuent à mobiliser son peuple. Comme d'autres observateurs,

Petras relève, avec de nombreux autres observateurs, que si le mouvement contestataire égyptien ne se mobilisait pas autour de mots d'ordre religieux, ce sont les Frères Musulmans, certes présents dans l'action mais pas prédominants, qui ont été au centre des craintes de milieux sionistes aux Etats Unis et à Tel Aviv. Mais il attire surtout l'attention sur le fait que les Etats Unis ont fait en sorte que la confrérie soit placée au centre du dialogue avec l'opposition afin, dans un même temps, de circonscrire l'ouverture du champ politique en Egypte et d'écarter les autres interlocuteurs de l'opposition.


Car ces interlocuteurs existent et pas seulement dans le « tweet » ou le Facebook comme on cherche à le faire croire depuis le début, car organiser une contestation d'une telle ampleur et d'une telle détermination dans un pays de 80 millions d'habitants (où le taux d'équipement informatique reste relativement bas), c'est certainement autre chose que d'organiser un apéro géant.



Le sionisme américain contre le mouvement démocratique égyptien

Par James Pettras, 11 février 2011 traduit de l'anglais par Djazaïri


Un des aspects les moins analysés du mouvement égyptien pour la démocratie et la politique américaine à son égard, est le rôle de la configuration sioniste de pouvoir [Zionist Power Configuration, ZPC] et de l'organisation de premier plan qui la chapeaute - la Conférence des Présidents des Principales Organisations Juives Américaines (CPMAJO) - ainsi que des membres de la Commission du Congrès chargée du Moyen-Orient, des fonctionnaires occupant des postes stratégiques dans les bureaux consacrés au Moyen Orient dans l'administration Obama, ainsi que des grands éditorialistes, des publicistes et des journalistes qui jouent un rôle majeur dans les journaux prestigieux et les hebdomadaires populaires.

Cet essai est basé sur une analyse de chaque numéro du Daily Alert (bulletin de propagande du CPMAJO), du New York Times et du Washington Post entre le 25 janvier et le 17 février 2011.

Dès le début du mouvement égyptien pour la démocratie, la ZPC a remis en question la légitimité des revendications anti-dictature en se concentrant sur la «menace islamique». En particulier, l'ultra-sioniste Washington Post , le Wall Street Journal et le Daily Alert rabâché sur la «menace» d'une «prise de pouvoir islamique" par les Frères musulmans, alors même que l'écrasante majorité des experts non-sionistes et des journalistes sur le terrain en Egypte avaient démontré que le grande majorité des manifestants n'appartenaient pas à un mouvement politique islamique, mais étaient surtout des partisans d'une République démocratique et laïque [secular] (voir le Financial Times 1/26/11-2/17/11).

Une fois leur stratagème de propagande initiale a échoué, la CSP a développé plusieurs lignes de la propagande de nouvelles: les plus éminents de ce qui était une défense soutenue de la dictature de Moubarak comme un rempart d'Israël de «sécurité» et le gardien de la soi-disant «accord de paix" de 1979. En d'autres termes la CSP pression sur l'administration des États-Unis, via des auditions au Congrès, la presse et l'AIPAC à l'appui Moubarak en tant que garant clés et collaborateur de la suprématie d'Israël dans le Moyen-Orient, bien que cela signifiait que le régime Obama aurait de s'opposer ouvertement aux millions de membre liberté de circulation égyptienne. Israël journalistes, des fonctionnaires et leurs homologues américains sioniste volontiers admis que, bien que le régime de Moubarak a été sanglante, la tyrannie de corruption, il doit être pris en charge car un gouvernement démocratique au Caire pourrait finir collaboration vieille de plusieurs décennies de l'Egypte avec la colonisation brutale israélienne de la Palestine.

Leur stratagème de départ ayant échoué, la ZPC a développé plusieurs nouveaux axes propagandistes dont le plus important était le maintien du soutien à la dictature de Moubarak en tant que rempart nécessaire à la 'sécurité' d'Israël et gardien du soi-disant « accord de paix » de 1979. En d'autres termes, la ZPC faisait pression sur l'administration US, via des auditions au Congrès, la presse et l'AIPAC pour soutenir Moubarak en tant que garant essential et collaborateur de la suprématie israélienne au Moyen Orient, même si cela signifiait que le gouvernement d'Obama aurait dû s'opposer ouvertement à des millions d'Egyptiens membres du mouvement pour la liberté. Les journalistes et les officiels Israéliens ainsi que leurs homologues sionistes aux USA admettaient bien volontiers que si le régime de Moubarak était une tyrannie corrompue et sanguinaire, il devait être soutenu parce qu'un gouvernement démocratique au Caire pourrait mettre fin à des décennies de collaboration de l'Egypte avec la brutale colonisation de la Palestine par Israël.

Lorsqu'il est devenu clair que le soutien inconditionnel à Moubarak n'était plus une position tenable et que l'administration Obama a lancé un appel au mouvement démocratique pour qu'il «dialogue» et de négocie avec le dictateur, la ZPC a exigé la prudence dans le soutien à un "dialogue" ainsi que l'assurance que le dialogue n'entraînerait pas de changements abrupts pour le traité israélo-Moubarak. La ZPC et ses scribes du Washington Post ont alors présenté Omar Suleiman, le "vice-président" choisi personnellement par Moubarak, un tortionnaire notoire et collaborateur de longue du Mossad israélien, comme l'interlocuteur légitime pour le dialogue – alors même qu'il était unanimement rejeté par l'ensemble du mouvement pour la démocratie.

Comme les manifestants devenaient toujours plus nombreux et emplissaient les grandes places publiques dans tout le pays, et se prolongeaient au delà de la première semaine, Israël et la ZPC ont promu une solution alternative qui aurait maintenu Moubarak au pouvoir pendant une période de 'transition' de neuf mois. Pris au dépourvu par la croissance rapide du mouvement pour la démocratie, les complices volontaires d'Israël dans l'administration et dans les media US ont concédé que la fin de la dictature serait une bonne chose… [si elle était gérée de manière appropriée, c'est-à-dire si elle excluait ou minimisait le rôle des Frères Musulmans et si elle maximisait le rôle du haut commandement pro israélien de l'armée et des services secrets dans la supervision de la "transition". La ZPC a rejeté avec dédain le mouvement démocratique égyptien et ses leaders et cherché à saper le mouvement populaire égyptien en gonflant le rôle des Frères Musulmans "mieux organisés" et alerté sur une future prise du pouvoir par les islamistes.


Le sous secrétaire d'Etat James Steinberg, le plus important des officiels sionistes dans l'administration Obama où il est le porte voix de l'AIPAC, s'est rendu en Israël pour assurer le régime Netanyahou-Lieberman que les Etats Unis étaient en contact avec le haut commandement militaire égyptien et des secteurs de l'opposition civile (El Baradei) et que le soutien de Washington au mouvement démocratique dépendait de l'assurance que le traité israélo-égyptien resterait tel quel. Quand Moubarak a finalement été forcé de démissionner, cédant le pouvoir à une junte militaire, la ZPC a félicité les auteurs du coup d'état, soutenu leurs efforts de démobilisation du mouvement démocratique et, plus important, célébré l'acceptation par les généraux Egyptiens de « l'accord de paix de 1979. » La machine de propagande israélienne s'emploie maintenant à critiquer sévèrement Moubarak et à décrire le coup de l'armée cille une « transition ordonnée et pacifique. » Par « ordonnée », les agitateurs d'idées sionistes signifient in 'changement de régime' qui ne ferait rien pour lever le blocus de Gaza, stopper les livraisons régulières de carburant à Israël ou couper la hotline de la collaboration entre Tel Aviv et Le Caire. Les sionistes en Israël et aux Etats Unis ont rejeté des élections rapides et promu un processus prolongé au cours duquel l'armée égyptienne, l'administration US et la ZPC pourront choisir à leur gré des membres des 'commissions constitutionnelles et électorales de transition' attachés à la poursuite de la politique Moubarak de soumission inconditionnelle à Israël. Par « pacifique », les diplomates pro israéliens dans l'administration Obama veulent dire nettoyer les rues des nombreux militants et manifestants pour la démocratie de sorte que les décisions puissant être contrôlées à huis clos par le cercle restreint des membres civils et militaires de l'appareil de Moubarak. Par « transition », les cercles de propagandistes sionistes, les décideurs politiques aux Etats Unis et les généraux Egyptiens veulent dire que rien ne changera à part le visage de Moubarak.

Alors que la majorité des propagandistes et des scribes sionistes aux Etats Unis s'opposaient ou mettaient en question les mouvements démocratiques contre des dirigeants pro israéliens au Moyen Orient, ils saluaient et faisaient la promotion des mouvements d'opposition au régime iranien. Dans chaque organe de presse imprimé ou électronique, les journalistes pro israéliens ont insisté sur la nature brutale et répressive du régime iranien, appelé à un changement de régime et agité le spectre de la confrontation militaire si des navires de guerre traversaient le canal de Suez, ce que le droit maritime international autorise l'Iran à faire. La sécurité israélienne, la menace de « l'Islam radical » et l'Iran ont été cités pour circonscrire étroitement le champ des discussions et des débats sur la politique des Etats Unis au regard de la montée en puissance des mouvements pour la démocratie ç travers le monde arabe.
Les mêmes éminents scribes sionistes aux Etats Unis qui, au début, défendaient le soutien US au régime dictatorial de Moubarak puis le déploiement de l'armée égyptienne au Caire; se sont soudainement convertis en soutiens des démocrates hostiles au régime en Iran. Ce qui n'est pas sans cohérence avec le problème des sionistes aux USA qui est de savoir si les mouvements démocratiques affectent la politique colonial israélienne en Palestine et l'expansion de la puissance israélienne au Moyen orient. Dit autrement, la ZPC au Congrès et à la maison Blanche ne se préoccupent pas de promouvoir la démocratie à travers la politique étrangère des Etats Unis, mais seulement d'orienter la diplomatie et la force militaire des USA au service d'Israël.


Ce qui est frappant dans les contorsions de la politique d'Obama vis-à-vis des luttes populaires en Egypte, c'est à quel point elle s'articule de près et met en place les prises de position politiques de la configuration sioniste de pouvoir telles qu'elles sont présentées clairement dans le Daily Alert, l'organe de propagande des '52 organisations' sionistes.

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posted by Djazaïri at 10:26 PM

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