Pepe Escobar sur le complot contre la Syrie
Pepe Escobar écrit des articles souvent
très intéressants mais il utilise une langue si particulière que je renonce
souvent à les traduire.
J’ai fait un effort particulier pour
celui-ci même si le résultat ne me satisfait pas. Mais de grâce, M. Escobar,
utilisez une langue plus simple, plus ordinaire !
Syriana est le
titre d’un film tiré d’un livre de Robert Baer qui traite de l’industrie du
pétrole et de la politique étrangère des Etats Unis dans la région du Moyen
Orient et de l’Asie centrale. D’après le livre, Syriana serait le nom de code
donné par Washington à un projet de remodelage du Moyen Orient.
par
Pepe Escobar, Asia Times (Hong kong) 3 août 2012 traduit de l’anglais par
Djazaïri
Il
aura fallu un bon moment pour que Reuters soit autorisée à rapporter que les
président US Barack Obama avait approuvé une instruction secrète autorisant la
Central Intelligence Agency (CIA) à apporter un large soutien aux «rebelles»
armés qui combattent pour un changement de régime en Syrie.
En
fait, même les pêcheurs des îles Fidji
connaissaient ce «secret» (sans oublier que tout un chacun en Amérique latine
sait une ou deux petites choses sur les pratiques de changement de régime par
la CIA). Reuters présente avec prudence le soutien comme «circonscrit.» C’est
le code pour « diriger depuis les coulisses.» [leading from behind]
Chaque
fois que la CIA veut organiser la fuite d’une quelconque information, elle
passe par un scribe dévoué comme David Ignatius du Washington Post. Le 18
juillet déjà, Ignatius reproduisait son briefing selon lequel «la CIA travaillait
avec l’opposition syrienne depuis plusieurs semaines avec l’opposition syrienne
dans le cadre d’une directive non-létale… De nombreux agents des services
secrets israéliens opèrent aussi le long de la frontière syrienne même s’ils
font profil bas.»
Comme
c’est charmant. Jusqu’à quel point fait-on profil bas aux frontières
syriennes ? Sur un Instagram au milieu d’un groupe de chauffeurs de
camions souriants ?
En
ce qui concerne le «profil bas » du Mossad, le truc à Tel Aviv est de dire
qu’Israël est capable de «contrôler » les nuées de wahabbites ultras et de
djihadistes-salafistes qui infestent désormais la Syrie. Même si c’est une
ineptie manifeste, une chose est parfaitement claire : Israël flirte avec
les islamistes du style al Qaïda.
Ce
qui signifie que la Armée Syrienne pas exactement libre Libre (ASL), bourrée de
Frères Musulmans jusqu’au-boutistes et infiltrée par des salafistes djihadistes
suit l’agenda non seulement de ceux qui la financent et l’arment – la monarchie
saoudienne et le Qatar – mais aussi ce Tel Aviv aux côtés de Washington et de
ses caniches attitrés à Londres et à paris. Ce n’est donc pas qu’une guerre par procuration – ce
sont plusieurs guerres par procuration concentriques.
Le
triangle de la mort
L’objectif
de Tel Aviv est clair; un gouvernement syrien affaibli, une armée épuisée et en
désarroi, la haine sectaire partout et une tendance irrésistible à la balkanisation.
Le but ultime n’étant pas seulement la libanisation, mais la somalisation de la
Syrie et de ses environs.
L’objectif
de la Turquie demeure incroyablement obscur – en dehors du vœu pieux d’une Syrie
pos-Assad qui deviendrait une version douce et civilisée du règne de l’AKP à
Ankara (ce qui n’arrivera pas).
Ainsi
que la rapporté ATol il y a des mois maintenant, l’OTAN possède depuis un
moment un centre de commandement à Iskenderun dans la province de Hatay.
Reuters a récemment eu connaissance d’une nouvelle base «secrète»
turco-saoudo-qatarie à Adana, à 100 kilomètres de la frontière avec la Syrie.
Il se trouve qu’Adana accueille l’immense base de l’OTAN d’Incirlik. Une source
locale d’ATol a signalé des mouvements intenses de cargos à Incirlik sur
plusieurs semaines.
C’est
le vice ministre Saoudien des affaires étrangères, Abdulaziz bin Abdullah
al-Saud, qui avait demandé en personne l’établissement de cette base, à la plus
grande satisfaction d’Ankara.
Ankara-Riad-Doha ;
on peut parler d’un triangle de la mort. Mais même le discours officiel à Qatar
est du ggenre « dirger en coulisse.» La Turquie fait le gros boulot
militaire ; la CIA «n’intervient pas» et le Qatar se contente de prendre
des photos comme n’importe quel touriste innocent (alors qu’il dirige les
opérations via ses renseignements militaires).Ceux qui font le gros travail
sont des «intermédiaires» non spécifiés.
Obama
n’a pas autorisé l’utilisation offensive de drones – pas encore – et la CIA ne
fournit peut-être pas d’armes aux «rebelles ;» c’est le job du «triangle
de la mort.» Un afflux de lance-roquettes RPG russes achetés au marché noir a
été responsable des récentes poussées «rebelles» à Damas et à Alep. Désormais, on
doit s’attendre à un afflux de missiles sol-air et antitanks pour l’ASL –
livrés via, nulle part ailleurs que la Turquie.
Le
Qatar et l’Arabie Saoudite ne font pas de prisonniers. Personne à Washington ne
semble vouloir jeter un regard rétrospectif sur l’Afghanistan post-djihad avant
de prendre des décisions. D’ailleurs, c’en en tout point une réédition du
djihad afghan des années 1980 – avec l’Arabie Saoudite et le Qatar jouant le
rôle du Pakistan, l’ASL celui des glorieux moudjahidine ou «combattants de la liberté»
et Obama celui de Ronald Reagan ; la seule pièce qui manque est un «mémorandum
de notification» approuvé par Obama pour amer les rebelles et mettre en action
des nuées de drones.
C’st
la recette actuelle pour un méga-succès certifié pour 2013 à Hollywood.
De
son côté, Riad force le roi Playstation de Jordanie à créer une zone tampon
dans son territoire pour la centaine de bandes que comprend l’ASL – ainsi qu’on
l’a appris par le journal al-Quds al-Arabi financé par l’Arabie Saoudite. Et
devinez qui est l’homme de main qui a forcé l’accord ? Nul autre que l’évanescent
chef des services secrets saoudiens, le prince Bandar qui a peut-être (ou pas)
été tué dans un attentat à la bombe il y a deux semaines(voir Where is Prince
Bandar?, Asia
Times Online, August 2, 2012).
La
Grande Faucheuse gagne, faut-il le rappeler jusqu’au moment où la Grande
Faucheuse doit récolter ; de spectaculaires retours de bâton s’annoncent.
Alep
va connaître un siège prolongé. La «base secrète » de l’OTAN-Conseil de
Coopération du Golfe en Turquie plus des armes disponibles pour tous donnent de
la force à un mélange extrêmement virulent fait de jeunes sunnites Syriens
semi-illettrés, de déserteurs sectaires avides de tuer, de toutes sortes de
délinquants et de djihadistes-salafistes multinationaux. Cette vidéo
montre tout ce qu’il y a à savoir sur l’ASL. Et ceci
montre le genre de démocratie qu’ils veulent.
Les
wahhabites Saoudiens veulent une Syrie islamiste dure – avec des Chrétiens, des
Alaouites, des Druzes et des Kurdes comme citoyens de troisième zone (ou
premiers candidats pour passer sur le billot). Les Qataris veulent un
protectorat gouverné par les Frères Musulmans.
Les
concepteurs de la politique étrangère de l’administration Obama doivent être
sur une expérimentation (foireuse). Lancés dans une guerre ouverte non seulement
contre l’Iran mais aussi contre les Chiites un peu partout, comment peuvent-ils
parier sur une somalisation de la Syrie au profit de l’intolérance wahhabite ?
La Grande Faucheuse s’en rit et elle attend au tournant.
Libellés : Alep, Arabie Saoudite, Armée Syrienne Libre, Bachar al-Assad, Barack Obama, Damas, entité sioniste, Incirlik, Mossad, Pepe Escobar, Qatar, Syrie, Turquie
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