Les enfants Palestiniens détenus dans les geôles sionistes
L’actualité dans d’autres pays arabes, notamment en Libye, tend à renvoyer la question palestinienne au second plan. Or cette question reste centrale dans l’esprit de nombreux citoyens arabes et c’est tout à fait normal car si la libération de la Palestine passe par celle des autres pays arabes de leurs dictateurs corrompus, la libération des peuples arabes passe aussi par celle de la Palestine.
C’est un article du journal espagnol El pais consacré aux enfants détenus dans les geôles de l’armée sioniste qui me donne l’occasion de reparler de la Palestine. Un article qui nous rappelle que 1) le régime sioniste enfreint les conventions relatives aux droits des prisonniers de territoires occupés 2) que l’entité sioniste ne respecte pas les conventions relatives aux droits des enfants et 3) que,alors que les palestiniens de Cisjordanie sont soumis à une législation militaire d’occupation, les colons sionistes sont eux soumis aux lois de l’Etat juif. Ce qui revient à dire que les colonies juives (illégales ou prétendues légales) sont de facto annexées à l’Etat juif.
Les jeunes palestiniens sont jugés comme des adultes par les tribunaux militaires hébreux, qui les considèrent comme majeurs à l’âge de 16 ans. L’ONU a dénoncé les abus commis dans les prisons.
Par ANA CARBAJOSA , El Pais (Espagne) 24 avril 2011 traduit de l’espagnol par Djazaïri
Dans la cour de la prison militaire d’Ofer, la porte d’une salle en préfabriqué s’ouvre pour islam Dar Ayoub, un gamin Palestinien de 14 ans. Il a les mains menottées et il fait du bruita cause des chaînes qui lui entravent les chevilles. Il porte l’uniforme marron de la prison et il regarde autour de lui à la recherche de son père qu’il n’a la possibilité de voir que pendant les audiences du juge, de loin. Son père n’est pas encore arrivé ; il semble qu’il est bloqué à un check point près de la prison.
Le procès commence et se prolonge pendant une bonne partie de la journée. Celui de Dar Ayoub est un cas spécial. Pas parce qu’il est très jeune. Chaque année, 700 mineurs comme lui défilent devant les tribunaux militaires. Le crime qui lui est reproché n’a rien non plus d’extraordinaire : « Lancer des pierres et troubler la paix. » Comme lui, 62,5 % des mineurs palestiniens détenus dans des prisons militaires sont accusés du même délit. Son arrestation s’est déroulée sur un schéma presque identique à celui qu’ont connu des centaines d’enfants de Cisjordanie qui ont fini derrière les barreaux. La nuit du 23 janvier, des dizaines de soldats Israéliens sont arrivés chez lui vers 1h30 du matin. Sept d’entre eux, munis de fusils d’assaut M-16 sont entrés pour le chercher. Cette nuit là, ils ont emmené l’adolescent en criant et en frappant tous les membres de la famille qui ont essayé d’empêcher l’arrestation. Ils n’ont dit à ses parents ni de quoi il était accusé, ni où ils l’emmenaient.
Mais ce cas là est particulier : l’interrogatoire de Dar Ayoub a été filmé sur vidéo, une exigence rarement satisfaites des Nations Unies et des organisations des droits de l’homme. Sur la bande vidéo, on peut voir que l’accusé est interrogé par trois hommes dans une toute petite pièce, qu’il n’a pas le droit d’être conseillé par un avocat et que les autorités militaires ne lui permettent pas non plus de voir aucun membre de sa famille. En fin de compte, le gamin avoue et met en cause d’autres habitants de son village.
« La détention a des effets très traumatisants et les prédispose à faire des aveux afin de sortir de là, » assure Gaby Lasky, l’avocate de Dar Ayoub, qui défend depuis huit ans des mineurs déférés devant des tribunaux militaires. Pour Lasky, comme pour les associations de défense des droits de l’enfant et les observateurs internationaux, outre les nombreux abus dénoncés chaque année, le problème tient à l’application asymétrique du droit. « En Israël, il existe une très bonne législation pour les mineurs. Le problème est qu’elle ne s’applique pas dans les territoires palestiniens occupés. Après une longue lutte, nous avons obtenu que les militaires s’engagent à appliquer au moins l’esprit de la législation pour les mineurs mais, comme nous le voyons dans le cas de Dar Ayoub, ça ne marche pas. » Et l’avocate Israélienne ajoute : « Quand un enfant Palestinien et un colon Israélien jettent des pierres, leurs itinéraires sont complètements différents après l’arrestation : le colon est immédiatement libéré, pas le Palestinien. »
Appliquer la loi militaire ou civile marque la différence dès le départ. Les israéliens se voient appliquer le droit ordinaire, tandis que les Palestiniens sont soumis à la loi militaire. Alors que les Israéliens sont mineurs jusqu’à 18 ans, la justice militaire considère les palestiniens comme adultes à partir de 16 ans. « Nous sommes très préoccupés par la différence de législation applicable aux enfants Israéliens et Palestiniens. Les droits des enfants ne devraient pas être affectés par des différences de nationalité ou de lieu de résidence, » assure un diplomate occidental en poste à Jérusalem.
Les mineurs Palestiniens détenus sont, de plus, considérés comme présentant un risque sécuritaire, ce qui signifie, entre autres, qu’ils ne peuvent pas téléphoner ou recevoir des visites si leurs parents n’obtiennent pas un permis spécial pour sortir de Cisjordanie. L’incarcération dans des prisons en dehors du territoire palestinien est un des reproches formulés par une organisation comme Defence for Children International (DCI). Elle viole, selon elle, l’article 76 de la Convention de Genève qui dispose que les condamnés, mineurs ou non, doivent être détenus dans les limites des territoires occupés.
DCI documente depuis une dizaine d’années les abus dont souffrent les mineurs dans les prisons militaires. Ces mêmes abus ont été dénoncés par l’ONU en maintes occasions. Les données de DCI pour le second semestre 2010 indiquent, par exemple, que 70 % des mineurs prisonniers ont été frappés pendant leur détention et/ou pendant les interrogatoires, 55 % d’entre eux ont été menacés et 60 % ont été obligés de se mettre dans des positions pénibles. 7,5 % d’entre eux ont reçu des décharges électriques. L’organisation demande une enquête indépendante sur le traitement des mineurs dans le système judiciaire militaire. Notre journal a essayé pendant plusieurs jours d’obtenir des données officielles sur le traitement des mineurs en prison afin de les comparer à la version de la défense dans le cas Dar Ayoub. Contactée à plusieurs reprises, l’armée a refusé de donner des informations et s’est justifiée en alléguant des « problèmes bureaucratiques. »
Deux semaines après le jugement dans la prison d’Ofer, Islam Dar Ayoub est de retour dans sa maison de Nabi Saleh, un village palestinien dont les habitants manifestent chaque vendredi contre l’occupation. Il a passé deux mois et demi enfermé. Il est content d’être sorti de prison, mais ile est maintenant sous assignation à domicile jusqu’à la fin des délibérations qui peuvent durer des mois, selon les avocats. En attendant, le garçon ne pourra pas sortir de sa maison, ni aller à l’école. Sa mère Lulu, est très préoccupée parce que, selon elle, depuis que son fils est sorti de prison, son fils qui avait de très bonnes notes à l’école, est comme « absent et a du mal à se concentrer. » « Il fait comme si rien ne s’était passé et que tout allait bien. Mais je le connais, je suis sa mère. »
Quand on demande au garçon comment il va et ce qu’il a appris pendant ces mois de détention, sa réponse tient en trois mots. « A être patient. »
Libellés : Cisjordanie, Defence for Children International, entité sioniste, Nabi Saleh, Ofer
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