La guerre des Malouines et l'amour vache des sionistes pour l'Angleterre
L’Argentine est un pays qui compte en Amérique latine. En effet ce pays dispose d’un énorme potentiel agricole et d'un niveau de maîtrise élevé dans certaines technologies comme la filière nucléaire qu’il a développée de manière autonome.
C’est aussi un pays qui comporte une importante communauté juive et qui fut même, un temps, envisagé comme destination de prédilection pour l’émigration juive et la constitution de facto d’une sorte de foyer national juif non étatique qui se retrouvera en concurrence avec le projet sioniste (un peu comme d’autres émigrations vers les USA ou le Canada)
Il va donc de soi que l’Argentine a une grande importance pour l’entité sioniste, d’autant que ce pays comporte aussi une importante population d’origine arabe, essentiellement syrienne et libanaise. Cette communauté joua en son temps un rôle très important dans la popularisation de la cause algérienne en Amérique latine. Elle peut, demain, jouer à nouveau un rôle important en faveur de la cause palestinienne.
L’asionisme d’une bonne partie de la communauté juive argentine appartient maintenant en grande partie au passé car le régime sioniste et les organisations qui gravitent autour de lui ont su s’implanter dans cette communauté comme ils l’ont fait avec d’autres.
Cette prise en mains a d’abord démarré par celle des dirigeants institutionnels de la communauté sur la base de l’alliance de classe, pour parler en termes marxistes, que ces derniers avaient conclue avec la junte qui dirigea le pays d’une poigne de fer entre 1976 et 1983.
Au plan des relations internationales, cette alliance se traduisit par un renforcement des liens entre le régime de Tel Aviv et la dictature de Buenos Aires avec, comme dans le cas de l’Afrique du Sud des échanges dans le domaine militaire.
C’est ainsi que lors de la guerre dite des Malouines ente l’Argentine et la Grande Bretagne, les forces armées de ce dernier pays durent affronter des avions de type Dagger, un genre de Mirage III reconditionné par les techniciens de Tel Aviv.
Mirage III/Nesher/Dagger de l'armée de l'air argentine |
Il faut savoir que les Etats Unis, métropole coloniale de l’entité sioniste, appliquaient un embargo sur ce type de marchandises à destination du gouvernement argentin.
Survint donc la guerre des Malouines entre la Grande Bretagne et l’Argentine placée sous embargo non seulement des Etats Unis mais des alliés du Royaume Uni, notamment l’Union Européenne.
Malgré cet embargo et bien que la guerre implique une Grande Bretagne qui depuis « l’indépendance » de l’entité sioniste s’est toujours montrée une alliée fidèle de Sion (rappelez-vous, Suez 1956), le régime sioniste a fait pourtant tout son possible pour approvisionner en équipements militaires les forces armées de la dictature qui combattaient la Royal Navy et la Royal Air Force britanniques.
Le régime sioniste s’est au passage gavé d’argent, demandant aux militaires Argentins de payer d’avance des avions (de fabrication française) pas forcément aptes au combat. Une roublardise qu’un antisémite aurait un peu trop vite fait d’attribuer à certaines qualités « naturelles ». Ce que n’ont pourtant pas fait les officiers Argentins, plutôt enclins à l’antisémitisme par ailleurs.
Bon, l’Argentine est désormais une démocratie et l’alliance entre Tel Aviv et la dictature a quand même été effacée. Certes au prix d’un attentat fort opportun contre les locaux d’une association communautaire israélite, l’AMIA, qui a ainsi vite fait d’être prise sous la tutelle de l’ambassade sioniste à Tel Aviv.
C’est cette forme d’amour vache que les sionistes ont toujours su témoigner à l’égard de leurs coreligionnaires pas assez sionistes à leur goût.
Le même amour qu’ils témoignent également à l’Angleterre qui semble pourtant en redemander.
Soumise à un embargo et ayant besoin d’armes en plein conflit des Malouines, l’Argentine trouva dans l’Etat juif l’allié idéal qui lui vendit des armes, depuis les réservoirs supplémentaires de carburant et les avions jusqu’aux blousons en duvet. L’auteur nous présente ici des révélations choquantes extraites de son livre «Opération Israël» où il raconte la trame secrète de ces négociations.
Hernán Dobry, La Nacion (Argentine) 17 avril 2011 traduit de l’espagnol par Djazaîri
L’embargo international subi par l’Argentine pendant la guerre des Malouines amena le pays à chercher tout type d’allié qui lui permettrait d’obtenir de l’armement, comme la Libye, le Pérou, le Venezuela et l’Equateur. Mais celui qui contribua le plus à la fourniture d’équipements militaires s’avéra être celui auquel on s’attendait le moins : Israël.
L’Etat juif n’était pas seulement prêt à approvisionner le gouvernement de Leopoldo Fortunato Galtieri avec tout ce dont il avait besoin, mais s’était montré également tout à fait disposé à prodiguer ses conseils et transmettre son expérience du combat. Tout cela a été mis en lumière pour la première fois dans le livre Operación Israel: El rearme argentino durante la dictadura (1976-1983), que nous vous présentons en exclusivité en avant-première.
Les problèmes s’aggravaient pour l’Argentine à mesure que les Anglais augmentaient leur pression non seulement par les blocus, mais avec l’avance de leurs troupes vers le sud. Ainsi, les bombardements sur les îles rendaient la situation à chaque fois plus difficile pour le pays qui manquait déjà de possibilités pour remplacer les équipements perdus sur le front.
Ce qui amena les militaires à se mettre en quête de pays et de trafiquants qui pourraient leur vendre des armes à n’importe quel prix. Peu répondirent. Un d’entre eux fut Israël qui était déjà devenu un fournisseur du pays en 1978, en plein conflit pour Beagle avec le Chili.
Ensuite, l’armée de l’air [fuerza Aérea] (qui avait des relations poussées avec Jérusalem) contacta Isrex Argentina, représentant à Buenos Aires des usines d’armement de l’Etat juif, pour leur demander ce dont elle avait besoin. Son directeur, Abraham Perelman, se montra disposé à l’aider, sous réserve de l’autorisation de la maison mère de la compagnie à Tel Aviv.
Le problème était d’une telle ampleur que Gad Hitron, président d’Isrex en Israël, et sionchef, Aaron Dovrat, à la tête du groupe Clal (tous deux Argentins) durent solliciter une entrevue avec le premier ministre Israélien Menahem Begin pour prendre une décision. Sa réponse les surprit.
“Ils commencèrent à expliquer que les Malouines étaient argentines et que les Anglais etc. Begin les interrompit et dit : ‘’Vous venez de me dire du mal des Anglais. Est-ce que ces armes vont servir à tuer des Anglais ? Kadima (en avant).Dov sera très content de la décision que j’ai prise. Je suppose que vous ferez bien les choses,» raconte Israel Loterszlain, commercial chez Isrex Argentina.
L’Angleterre avait administré la région de Palestine après la première guerre mondiale jusqu’à la partition du territoire effectuée par l’ONU qui permit la création d’Israël en 1948. A l’époque, différents groupes armés Juifs cherchaient à affaiblir le pouvoir de Londres au moyen d’attentats visant à obtenir la satisfaction de la promesse de fondation d’un Etat hébreu dans la région. Menahem Begin était le chef de l’Irgoun, un de ces groupes dont faisait aussi partie son ami Dov Gruner, qui fut capturé par les Britanniques alors qu’il préparait un attentat et fut pendu le 16 avril 1947. Il considérait par conséquent qu’il soldait les comptes. « Il détestait les Anglais plus que tout. Ils avaient tous oublié, mais pas lui, » poursuit Lotersztain.
Son collègue de travail, Jaime Weinstein, opine et ajoute que « Begin éprouvait une haine et un ressentiment profonds contre les Anglais depuis l’époque de l’indépendance d’Israël. Il a alors fait tout son possible pour aider l’Argentine, en lui vendant des armes pendant la guerre des Malouines. »
La réunion à peine terminée, Hitron communiqua la décision à ses employés à Buenos Aires qui se rendirent à l’immeuble Condor pour transmettre la nouvelle. Il ne restait plus qu’à trouver un pays pour tenir le rôle de l’acheteur. Israël devait vendre les armes en passant par un pays tiers du fait de ses relations étroites avec l’Angleterre (commerciales et via sa communauté juive, une des plus importantes du monde) et ne voulait pas apparaître comme appuyant ouvertement l’Argentine contre Londres.
La route de Callao
Le Pérou était prêt à coopérer à tout ce qui était nécessaire aux militaires pour qu’ils obtiennent des armes. Ce fut l’ordre que donna son président Fernando Belaunde Therry et qu’appliqua son premier ministre Manuel Ulloa.
L’aide fut si importante qu’à un moment donné, la Force Aérienne du Pérou (FAP) signa des ordres d’achat en blanc ainsi que des certificats de destination finale qui furent à l’Argentine afin que la triangulation puisse se concrétiser. « La consigne était de les appuyer autant que possible, et il n’y avait aucun problème à signer un ordre d’acquisition, » affirme un officiel qui a occupé de très hautes responsabilités dans l’aéronautique péruvienne.
Les négociations furent conduites par l’attaché militaire à Lima, le commodore Andrés Dubos et le général de brigade Basilio Lami Dozo, commandant de l’armée de l’air argentine. Une fois que tout a été convenu, Luis Guterson d’Isrex Argentine s’est rendu au Pérou pour récupérer les documents et commencer l’opération.
Ce qui permit à l’Argentine d’acheter ce dont elle avait besoin par le truchement de son allié, la marchandise transitant par l’aéroport péruvien de Callao avant d’être transportée à Buenos Aires sur les avions d’Aerolineas Argentinas.
La seule chose que l'Argentine n'obtint pas, c'est l'ouverture d'une ligne de crédit par une banque péruvienne pour effectuer les paiements, et c'est pour cette raison qu'Israël finira par financer la majorité des achats qui seront payés à la fin de la guerre.
Il fallait aussi des avions pour aller à Tel Aviv pour chercher les cargaisons et les transporter à Lima. Les deux premiers vols se firent avec un DC8 de l'armée de l'air péruvienne mais il a fallu ensuite en louer d'autres capables de transporter des charges plus importantes. Dans ce but, ce sont les services d'une société privée belge battant pavillon luxembourgeois qui fut utilisée, en accord avec le Mossad, les services secrets israéliens.
Cependant, malgré les précautions prises, les services secrets britanniques savaient quand les chargements débarquaient au Pérou et ils les photographiaient pendant le transfert du matériel d'un avion à un autre, mettant ainsi en évidence la triangulation. Une fois, une photo est sortie dans un journal, prise pendant le transfert d’un avion à d’autres d’Aerolineas Argentinas. L’ambassadeur britannique en Israël la montra à Begin et ce fut la brouille. Parfois, quand nous discutions de savoir si certaines pièces détachées étaient arrivées, nous disions « Nous devrions demander aux Anglais, » se souvient Loterszlain.
Les cinq vols qui firent la route Tel Aviv – Lima – Buenos Aires arrivèrent chargés de tous types d’équipements, comme des masques à gaz, des systèmes radar pour éviter les tirs de missiles ennemis, des blousons en duvet, des pièces de rechange et des missiles air-air Shafrir, entre autres.
Mais parmi les équipements les plus importants, se trouvaient les réservoirs supplémentaires de carburant qui étaient nécessaires aux chasseurs bombardiers pour attaquer la flotte anglaise. Sans eux, il leur était impossible de parvenir jusqu’aux îles Malouines et de revenir sur le continent. La surprise intervint quand Israël offrit non seulement de leur en expédier mais, en plus, de leur fournir des réservoirs d’une capacité de 1500 litres alors que les Argentins disposaient de ceux de 1300 litres, gagnant ainsi une importante autonomie de vol.
Ce qui obligea les Anglais à éloigner leur flotte afin d’éviter les bombardements. « Ils tardèrent beaucoup à autoriser l’opération. Le prix des cargaisons et des réservoirs n’avait aucune importance à côté du coût politique qu’Israël était prêt à payer pour les vendre. C’était une décision politique et je crois que c’est bien leur style parce qu’elle [Israël] est restée un pays de confiance, » souligne Lotersztain.
L’Argentina acheta 40 réservoirs qui arrivèrent à Puerto San Julian, à Santa Cruz dans deux Boeing 707 d’Aerolineas Argentinas en provenance de Lima. Le premier arriva très tôt dans la matinée du 23 mai 1982, le deuxième quelques jours après, alors que les combats tiraient à leur fin.
L’opération cachée
L’acquisition la plus audacieuse effectuée en Israël pendant la guerre des Malouines fut celle des Mirage IIIC, quelques jours avant la reddition de l’Argentine, pas seulement du fait de son ampleur que parce que la plupart de ces aéronefs étaient anciens et en mauvais état. A tel point que leur arrivée suscita de la résistance de la part des officiers que les considéraient comme inutilisables (de fait, ils avaient déjà été refusés en 1980 en raison de leur état).
Mais la perte de 35 avions au combat conduisit Lami Dozo à ordonner leur achat parce que le régime argentin craignait que le Chili mette à profit cette situation de faiblesse pour essayer de garder les îles du canal de Beagle, une fois terminé le conflit des Malouines. « Quand nous avons commencé à subir des pertes, nous avons commencé à chercher pour voir où nous pourrions obtenir du matériel de remplacement, » affirme l’ex ministre de la junte.
Dans ce but, ils avaient reçu à l’époque trente propositions de nombreux trafiquants d’armes de par le monde, car il s’agissait d’une opportunité unique que personne ne voulait manquer. Après avoir étudié les alternatives, les membres de la junte conclurent que le seul fournisseur possible était Jérusalem, et ils consultèrent donc les membres de la commission qui leur avaient présenté un bilan deux ans auparavant.
Le problème était la manière de justifier l’achat en pleine guerre. La solution fut la triangulation via le Pérou. « Je complétais un ordre d’achat qu’ils nous avaient donnés, avec des certificats de destination finale, tous signés en blanc, sur lequel je disais qu’ils achetaient 23 avions, » affirme Lotersztain.
Il ne restait plus qu’à arranger les modalités de paiement. Il suffisait de virer d’abord une avance à Isrex et à obtenir une lettre de crédit dans une banque pour le reste afin qu’Israël puisse les livrer. Ce ne pouvait être le fait d’une entité argentine dans officiellement les avions étaient pour les forces armées du Pérou. Il a donc fallu chercher une institution financière de ce pays ou, à défaut, de Panama, prête à offrir ce service. Toutes refusèrent.
Pour résoudre ce problème, Isrex recourut à un compte chez Crédit Suisse et à une société écran que possédait IAI (Israel Aeronautical Industries) en Suisse, et proposa à l’armée de l’air argentine de virer tout l’argent là bas par anticipation. Si les militaires n’étaient pas très satisfaits de l’idée, ils n’avaient plus guère d’alternatives. Ils acceptèrent donc la proposition et envoyèrent l’argent.
Entre tous ces allers retours, les nouveaux avions furent prêts à partir pour Buenos Aires vers la fin de 1982, alors que la guerre était déjà finie. Ils reçurent cependant des matricules péruviens et furent repeints aux couleurs de ce pays et repeints aux couleurs péruviennes afin d’éviter tout problème avec les Anglais.
Ainsi, la boucle fut complètement bouclée : ils avaient été acquis avec des ordres d’achat péruviens et des certificats de destination finale à Lima et ils avaient, à ce moment, toutes les caractéristiques des avions en service au Pérou, même s’ils auraient dû être utilisés par l’Argentine.
Libellés : AMIA, Argentine, Buenos Aires, Callao, guerre des malouines, Leopoldo Fortunato Galtieri, Pérou, sionisme, Tel Aviv
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