Religion et politique, le cas du sionisme
Les organisations sionistes exercent une grande vigilance sur les campus universitaires. C'est vrai en France mais encore plus aux Etats Unis, pays dans lequel le lobby sioniste peut souvent actionner des menaces de sanctions financières à l'égard d'établissements qui dépendent en partie de dons de personnes ou d'institutions privées. Par ailleurs, les universités sont le lieu quasi unique de production des élites dans un pays qui ignore le système des grandes écoles à la française (HEC, Ponts et Chaussées etc.)
Une caractéristique des universités aux Etats Unis est de souvent disposer d'une presse de qualité, animée par des étudiants. Les éditoriaux et les opinions qui paraissent dans cette presse témoignent généralement d'une diversité qu'on ne retrouvera qu'épisodiquement dans la presse professionnelle dite "mainstream". Même si elle fait aussi parfois l'objet de pressions de la part de divers lobbies. L'article que je vous propose est une parfaite illustration de cette diversité persistante. Publié dans le Princetonian, il aborde de front la question du judaïsme politique, c'est-à-dire ce qui correspondrait à ce qu'on appelle aujourd'hui l'islamisme quand il s'agit de la religion musulmane. Nous n'avons pas de terme pour désigner ce judaïsme politique, hormis celui de sionisme quoique, si on lit attentivement l'article de Brandon Davis on peut aller jusqu'à penser que le sionisme n'est pas du judaïsme politique mais en réalité une nouvelle religion réservée aux happy few.
Une caractéristique des universités aux Etats Unis est de souvent disposer d'une presse de qualité, animée par des étudiants. Les éditoriaux et les opinions qui paraissent dans cette presse témoignent généralement d'une diversité qu'on ne retrouvera qu'épisodiquement dans la presse professionnelle dite "mainstream". Même si elle fait aussi parfois l'objet de pressions de la part de divers lobbies. L'article que je vous propose est une parfaite illustration de cette diversité persistante. Publié dans le Princetonian, il aborde de front la question du judaïsme politique, c'est-à-dire ce qui correspondrait à ce qu'on appelle aujourd'hui l'islamisme quand il s'agit de la religion musulmane. Nous n'avons pas de terme pour désigner ce judaïsme politique, hormis celui de sionisme quoique, si on lit attentivement l'article de Brandon Davis on peut aller jusqu'à penser que le sionisme n'est pas du judaïsme politique mais en réalité une nouvelle religion réservée aux happy few.
La politisation du judaïsme
par Brandon Davis, The Daily Princetonian (USA) 6 octobre 2010 traduit de l'anglais par Djazaïri
Si vous avez écouté récemment Newt Gingrich, vous avez certainement peur de voir les Musulmans transformer les Etats Unis d'Amérique en République Islamique d'Amérique. Vous êtes peut être dominé par le sentiment que la religion musulmane n'est rien d'autre qu'un mouvement politique. Vous avez peut-être aussi le sentiment que le christianisme aussi devient rapidement un instrument politique. Mais dans toutes les récentes vociférations sur la religion et la politique, la troisième religion abrahamique a été pratiquement absente.
Peu de gens envisagent le judaïsme en tant que mouvement politique comme ils peuvent le faire pour l'Islam ou le christianisme. Quand je pense au judaïsme; je pense aux latkes (galettes de pommes de terre), au challah (pain), à Woody Allen et aux rituels de la Pâque. J'entends ma mère crier "oy vey" (malheur) quand j'avais raté une interro ou quand elle avait brûlé le morceau de boeuf de Rosh Hashanah. Si vous êtes un Américain de n'importe quelle religion, c'est probablement cette image que vous avez aussi des Juifs.
Mais il existe tout un autre pan du monde qui a une perception très différente du peuple juif. Pour eux, le judaïsme n'est rien d'autre qu'un mouvement politique. Ils pensent à des Juifs - les Israéliens - qui circulent dans des jeeps militaires et qui les ont expulsés de leurs maisons. Ils pensent à des Juifs qui les ont isolés du reste du monde, physiquement par un mur ou par un blocus économique. Ils pensent à des Juifs qui ont volé leur terre et nié leur histoire.
Je concède qu'il serait injuste de tirer des conclusions sur les Israéliens ou les Juifs en général à cause de certaines politiques et actions militaires israéliennes - tout comme il serait injuste de juger n'importe quelle communauté sur les actions de ses pires représentants. Mais comment traiter du judaïsme quand pratiquement toutes les organisations juives d'Amérique soutiennent inconditionnellement les politiques israéliennes?
Dans l'époque sécularisée et post religieuse dans laquelle beaucoup d'entre nous vivent, le judaïsme a été préservé par une autre foi: le nationalisme. L'allégeance à Israël fait partie intégrante de l'expérience juive américaine, encore plus peut-être que la tradition culturelle et religieuse née de la Diaspora. Et les tendances politiques du judaïsme organisé sont presque monolithiques.
Mettre en question cette allégeance est le plus grand tabou de la communauté juive organisée. Des universitaires comme Noam Chomsky et Norman Finkelstein qui critiquent Israël sont qualifiés de Juifs atteints de la haine de soi par le courant principal du judaïsme américain. Des organisations juives pro palestiniennes telles que Jews Say No ou Jewish Voices for Peace sont extrêmement marginaux. Il existe quelques organisations juives relativement importantes qui critiquent Israël, mais aucune d'entre elles n'envisagera un instant l'idée d'un Etat israélo-palestinien non juif.
Le résultat en est une politisation presque complète du judaïsme, analogue à l'islamisme au Moyen Orient ou au christianisme politique façon Sarah Palin ici. Si, à la différence de ces idéologies, les Juifs Américains ne militent pas pour que notre gouvernement [aux Etats Unis] soit basé sur des valeurs juives, nous soutenons des politiques bien précises au Moyen Orient. Comme les prières du Sabbat et les récits de la Torah, l'histoire de l'Israël moderne - souvent dépouillée de ses parties douteuses - fait partie intégrante de l'éducation juive. Les combattants de l'indépendance israélienne sont des héros pour les Juifs Américains, tout comme George Washington ou Paul Revere. Des millions de dollars sont dépensés pour apprendre aux jeunes Juifs à aimer Israël et à défendre Israël contre ses détracteurs. Les preuves sont massives et incontestables: le maintien d'un Etat nation juif en Palestine est devenu un des objectifs centraux du judaïsme organisé.
Et tout comme il est juste de critiquer les politiques israéliennes, il est juste de critiquer ceux qui en font l'apologie - des organisations qui affirment représenter l'ensemble de la communauté juive américaine. Traditionnellement, les Juifs Américains ont été à l'avant-garde des mouvements progressistes. Mais ces dernières années, les institutions juives américaines ont évolué vers le côté hideux du sionisme, soutenant - ou justifiant à tout le moins - le droite dure israélienne dans sa poursuite de l'occupation de la Cisjordanie et la répression de l'identité palestinienne. Les injustices indéniables commises par le gouvernement et l'armée israéliens justifient la critique; le silence devant ces injustices appelle également la critique.
Il est temps pour les Juifs Américains de se lever contre l'oppression, la violence et le fondamentalisme religieux. Le tribalisme qui a persuadé les Juifs de se ranger totalement aux côtés d'Israël depuis tant d'années est stupide et dépassé. L'occupation de la Cisjordanie est injuste. Le blocus de Gaza est injuste. Le déplacement des villages palestiniens est injuste. La poursuite de la construction de colonies est injuste. Et les Juifs Américains ont rendu tout ça possible. Il était grand temps qu'un Juif se lève pour le dire.
Libellés : Etats Unis, Judaïsme, Princeton, sionisme
18 Comments:
Très instructif, bravo!!!!
Dans sa forme la plus extrême, le prolongement de ce déni d'Israel consiste à détruire le fait réel pour que le désir corresponde à la réalité du terrain. Par extension, dans le cas qui nous préoccupe, on peut dire que ne pas reconnaître la judaïcité d’Israël c’est refuser son existence en tant que telle. Ca correspond purement et simplement à vouloir sa disparition puisque la raison d’être de cet état, qui est l’aboutissement du sionisme, c’est d’être une entité juive. Cela ne signifie pas qu’Israël est un pays où un non juif est inférieur au juif mais cela veut dire qu’Israël a une identité juive qui, si on lui enlève, lui ôte du même coup toute sa raison d’être, sa substance intellectuelle, spirituelle et culturelle.
La seule chose que le gouvernement israélien peut négocier et que ses interlocuteurs étudieront avec sérieux c’est la méthode que les arabes pourront choisir pour soumettre ou éliminer les juifs du Moyen-Orient…
Là, je suis prêt à parier que les Mahmoud, Abu, Momo,Djazairi et consorts ouvriront grandes leurs esgourdes!
formidables illusionistes
ce siècle et les suivants seront avec nous sivous voulez survivre
sans nous ce sera aussi votre disparition
a bons entendeurs salut
On comprend bien que selon vous, c'est existence de l'entité sioniste ou l'apocalypse. C'est sûrement ce que vous appelez substance intellectuelle, spirituelle et culturelle de l'Etat supposé juif.
C'est clair, un tel Rtat est la malfaisance incarnée et doit disparaître. D'autres Etats ont disparu sous les vivats après tout (Yougoslavie, URSS, Sud Vietnam....)
Mais bien sur que nous refusons son existence en tant que telle, et bien sur que nous voulons sa disparition. Et bien sur qu'il disparaitra! Inchallah...
beau lapsus calami: rtat!!!
Cela dit: ce que nous savons, pour l'avoir vécu dans les jours qui ont précédé la guerre des 6 jours, est que la disparition d'Israël serait la fin du peuple juif. Après 2000 ans d'errance, après les pogroms de Russie, de Roumanie et autres lieux, après la Shoah, nous penserions que nulle part notre existence en tant que juif ne serait plus garantie nulle part. Vous connaissez la blague juive: avant-guerre un juif polonais se présente dans une agence de voyage pour émigrer. On lui propose de nombreux pays, à chaque fois il voit des problèmes pour les juifs. Finalement la préposée lui montre le globe terrestre et lui demande: où voulez-vous aller? Il répond: vous n'en auriez pas autre globe?
Ce type de blague est imprimé profondément dans la conscience juive.
S'il est un endroit dangereux pour les Juif, c'est bien l'entité sioniste. Tant que les Palestiniens n'auront pas recouvré leurs droits, il ne saurait y avoir de paix, donc de sécurité, véritable.
Je connais une autre blague: c'est un riche juif anglais qui, sentant la mort approchet et n'ayant pas d'héritier, s'en va chercher au fin fond de la Pologne un cousin éloigné qui vit misérablement.
Il le ramène en Angleterre et, peu de temps après leur arrivée 0 Londres l'emmène chez son tailleur pour habiller décemment son cousin.
Vient le moment de l'essayage et le cousin sort de la cabine revêtu d'un costume anglais très chic et du chapeau melon de rigueur.
Le riche anglais est très satisfait du résultat et dit à son cousin: "tu as vraiment l'air d'un anglais maintenant mais... pourquoi pleures-tu?
Et le cousin de répondre: "je pleure parce que nous avons perdu les Indes."
Ce type de blague est imprimé profondément dans la conscience juive.
Pour une fois tu as raison. Je t'en raconte une autre. En URSS Ivanov va rendre visite à MoÏche: Dis Moïche, on ne t'a pas vu à la dernière réunion du parti! - Ah si j'avais su que c'était la dernière, sûr que je serais venu.
2000 ans d'errance, je crois que c'est celle-là la meilleure, et elle est très très bonne je l'avoue!
"On comprend bien que selon vous, c'est existence de l'entité sioniste ou l'apocalypse"
en effet, vous avez bien compris et j' ose espérer que vous en ferez votre profit
ce siècle et les suivants seront avec nous sivous voulez survivre
sans nous ce sera aussi votre disparition
a bons entendeurs salut
d'où Dimona, leur épée de Damoclès.
Tu as raison, Oumelkheir, 2000 d'errance est une bonne farce. Aussi fini de rire, c'est pour cela qu'Israël a été créé.
Il est vraiment très fort Mounadil. Il lit même les journaux des universités américaines.L'auteur de l'article connait 3 mots de yddich mais ne connait rien au judaïsme. Puisqu'il cite le repas de Pâques, ,il aurait pu se souvenir qu'il se termine par le souhait: lechana haba biyrouchalaïm, l'année prochaine à Jérusalem.
J'ai donc l'honneur d'accueillir un très grand rabbin qui considère que, à part lui, personne ne connaît quoi que ce soit au judaïsme.
C'est bien vrai qu'il ne connait rien à part le souvenir des latkes de sa mère et 3 mots de yddich qui font partie de l'argot newyorkais.
Incroyable, Brandon Davis est un de vos amis d'enfance. Quel heureux hasard!
Je ne suis pas du tout rabbin, mais simplement un professeur émérite d'histoire des religions.
C'est ça. Faites moi parvenir un certificat de travail ou une attestation de votre dernier employeur.
Et quoi encore!!
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