Bernard-Botul-Henri Lévy, la sauterelle et Mouammar Kadhafi
Non, la sauterelle, ce n'est pas Arielle, la sauterelle extra-terrestre, mais plutôt le criquet pèlerin.
L’agression
contre la Libye sera peut-être l’occasion pour un certain philosophe, Bernard-Botul-Henri
Lévy pour ne pas le nommer, de méditer sur la notion de causalité.
En
effet, l’intervention occidentale, outre ses conséquences directes sur la Libye
en termes de pertes humaines et matérielles a eu un impact désastreux sur la
situation économique et donc politique de la région saharo-sahélienne. Le Mali
en est l’exemple le plus visible avec la proclamation d’un Etat indépendant de
l’Azawad. Certes, les fragilités et les lignes de fracture préexistaient aux
évènements de Libye, mais elles n’auraient sans doute pas eu les mêmes
conséquences hors l’intervention de l’OTAN et des pétromonarchies en Libye.
Maintenant,
ce sont les criquets qui viennent nous rappeler que Mouammar Kadhafi ne se
résumait pas à la caricature qu’en ont donné les media mais que c’était aussi
un véritable homme d’Etat capable de jouer la carte de la solidarité avec ses
voisins plus démunis.
Sa
disparition en apporte la preuve.
par Xan Rice à Lagos, Financial Times (UK) 5
juin 2012 traduit de l’anglais par Djazaïri
Les conséquences de la mort de Mouammar
Kadhafi continuent à se faire sentir en Afrique – cette fois sous la forme d’essaims
de criquets pèlerins.
L’Organisation des Nations Unies pour l’agriculture
et l’alimentation (FAO) a averti mardi que les terres arables du Mali et du
Niger étaient sous la menace imminente de la migration vers le sud d’essaims de
criquets en provenance d’Algérie et de Libye. La révolution en Libye a joué un
rôle important dans la possibilité de reproduction de ce nuisible, a-t-elle
annoncé.
«Pour
être honnête, la chute de Kadhafi a joué un rôle énorme, » déclare Keith
Cressman, un dirigeant de la prévision acridienne à la FAO. « Elle a
fortement réduit la capacité des Libyens à surveiller et à réagir comme ils l’auraient
fait en temps normal. »
L’insécurité le long de la frontière
algéro-libyenne – une conséquence du soulèvement – fait que les équipes sont
encore incapables de traiter correctement par insecticide les zones affectées.
Les criquets pèlerins sont capables de
ravager de vastes étendues de terres cultivées. En phase d’invasion, un essaim
peut s’étirer sur plusieurs centaines de kilomètres carrés et comporter des
milliards d’insectes, chacun d’entre eux pouvant absorber son propre poids de
nourriture par jour.
En 2003 – 2005, une invasion de criquets
avait touché les terres agricoles d’une vingtaine de pays, principalement en
Afrique, et il en avait coûté 500 millions de dollars pour réussir à la contrôler. L’infestation
actuelle est loin d’être aussi importante, mais la FAO craint que l’insécurité
au Mali entrave la lutte anti-acridienne dans ce pays.
Les essaims de criquets pèlerins se sont
formés en Algérie et en Libye à la mi-mai, après des pluies abondantes et la
croissance de la végétation qui en a résulté et dont ils se nourrissent. Les premiers essaims ont déjà été aperçus dans
le nord du Niger où sévit en ce moment une crise alimentaire.
Les petits paysans sont particulièrement
vulnérables car l’intégralité de leurs récolte peut être ravagée. La FAO a
indiqué que le nombre de criquets et leur propagation dépendront des actions de
contrôle en Libye et en Algérie ainsi que des chutes de pluie dans la région
sahélienne de l’Afrique de l’Ouest.
Pendant le règne de Kadhafi, la Libye avait
un programme de contrôle acridien efficace et bien doté, explique M. Cressman.
Si les structures administratives existent toujours, les véhicules, les
pulvérisateurs et d’autres équipements ne sont plus disponibles.
« Avant la révolution, la Libye envoyait
même d’importants convois avec des équipes de contrôle et de surveillance dans
d’autres pays du nord et de l’ouest de l’Afrique, » dit-il. « Mais
maintenant, ce sont eux qui ont besoin d’aide.»
L’insécurité persistante dans le sud de la
Libye a fait que les spécialistes de la FAO présents dans le pays n’ont pas pu
se rendre là-bas. Les équipes locales ont pu pulvériser des pesticides sur 40 000
hectares de zones infestées en Algérie et 21 000 hectares en Libye. Les
pulvérisations sur les essaims avant leur migration les empêche l’accouplement
et la ponte. Il faut l’éclosion de plusieurs générations de criquets pour qu’une
invasion se développe, explique M. Cresman.
Libellés : Algérie, Bernard-Botul-Henri Lévy, criquet, FAO, Libye, Mali, Mouammar Kadhafi, Mouvement National de Libération de l'Azawad, OTAN, Sahara, Sahel
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