vendredi, novembre 11, 2011

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La France ira-t-elle en guerre pour aider un "menteur" que Nicolas Sarkozy ne peut plus voir?


Le Christian Science Monitor est un journal américain représentatif de la vieille élite anglo-saxonne qui a perdu la haute main sur les affaires de son pays au profit de nouveaux venus qui l’ont soit exclue des responsabilités importantes, soit domestiquée.
Et cette élite qu’incarne ce journal semble refuser l’éventualité d’une guerre avec l’Iran que les nouvelles élites néoconservatrices et fanatiques appellent de leurs vœux.

Le dernier rapport de l’AIEA était supposé satisfaire les ardeurs bellicistes de ces néoconservateurs et vous avez certainement lu dans vos journaux que ce rapport est accablant pour l’Iran ou des choses du même genre.
Or, il n’en est rien et le Christian Science Monitor qui nous a tout récemment rappelé l’ancienneté de l’imminence de l’acquisition d’une bombe atomique par l’Iran, se livre à un démontage soigneux de ce rapport de l’AIEA dont l’administration Obama a d’ailleurs reconnu, assez discrètement il faut bien le dire, qu’il ne comportait rien de neuf.

Rien de neuf, ce n’est pas ce que disent Benjamin Netanyahou et Shimon Peres, les chefs du gang sioniste, qui ne cessent de menacer d’attaquer l’Iran.
Eh oui, le gouvernement sioniste menace ouvertement de bombarder l’Iran, mais chacun parle de « menace iranienne ». Nous sommes bien dans un monde orwellien où le sens des mots est trop souvent inversé !

En attendant, le président Nicolas Sarkozy a assuré au gouvernement sioniste, via le CRIF et le Congrès Juif Mondial (!!!) que la France se tiendrait à ses côtés au cas où l’Iran mettrait ses menaces à exécution en… ripostant à une attaque sioniste.
 Voilà, le chef de l’Etat français est prêt à engager son pays dans une guerre forcément dévastatrice et aux conséquences imprévisibles pour défendre un pays agresseur dirigé par quelqu’un que M. Sarkozy a lui-même qualifié de «menteur» qu’il ne peut «plus voir.» 

Il y a là un mystère qu’il faudra bien éclaircir un jour.

Le rapport sur le nucléaire iranien rendu public hier par l’Agence Internationale de l’Energie Atomique veut corroborer des détails fournis par un rapport des services de renseignements US de 2005. Mais certains spécialistes du nucléaire ne sont pas convaincus.

par Scott Peterson, The Christian Science Monitor (USA) 9 novembre 2011 traduit de l’anglais par Djazaïri 


Le dernier rapport de l’ONU sur le programme nucléaire iranien pourrait ne pas “changer la donne”  contrairement à ce qui était attendu, car certains spécialistes du nucléaire émettent des doutes sur la qualité de ses informations – et soulignent l’absence de preuve d’une réelle activité nucléaire de type militaire.

Dans 14 pages annexes à son rapport trimestriel sur l’Iran rendu public hier, l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) affirme que de nouvelles informations et d’autres données sont pour elle un « grave motif de préoccupation » sur  na nature prétendument pacifique du programme nucléaire iranien.
Mais le casus-belli justifiant une frappe militaire que les faucons en Israël et aux Etats Unis espéraient trouver dans ce rapport de l’AIEA  est loin d’être évident.

Le rapport est base sur plus de 1000 pages d’informations transmises à l’AIEA par les services secrets US en 2005, un an après qu’elles aient  été, semble-t-il, ramenées d’Iran dans un ordinateur portable. Mais un grand scepticisme entoure encore la crédibilité de ces documents – l’Iran affirme depuis longtemps que ce sont des faux en provenance de services secrets hostiles – malgré les démarches concertées de l’AIEA pour vérifier les données et écarter ces doutes.

“C’est très mince. Je pensais qu’il y aurait plus de choses là dedans,” déclare Robert Kelley, un ingénieur atomiste Américain et ancien inspecteur de l’AIEA qui avait été parmi les premiers à étudier les données originales en 2005. «C’est du réchauffé, c’est  vraiment étonnant de voir si peu d’informations nouvelles là dedans.»
L’AIEA a complété les informations de l’ordinateur portable avec des données provenant de dix Etats membres, des entretiens menés sur trois continents et ses propres investigations en Libye, au Pakistan et en Russie.

Le résultat “renforce et tend à corroborer” les données de 2005 de l’ordinateur portable, affirme l’AIEA et «les approfondit substantiellement.»  Elle juge l’information « crédible dans l’ensemble. » mais les spécialistes n’en sont pas si sûrs.

L’Iran taxe l'AIEA de pion de Washington

Avant la divulgation du rapport, la spéculation a monté en Israël et à Washington sur de nouvelles révélations qui pourraient précipiter des frappes militaires pour empêcher l’Iran d’acquérir une arme. Pourtant, disent les spécialistes, une bonne partie de ces informations est connue depuis des années, n’est pas concluante – et peut-être pas complètement authentique.
L’essentiel de l’activité nucléaire militaire présentée a été stoppée il y a près d’une dizaine d’années – en 2003 – déclare l’AIEA, et des activités moins formelles qui « pourraient » se poursuivre ne peuvent pas étayer la thèse selon laquelle l’Iran est une nation engagée dans la course pour avoir la bombe.

L’Iran “ne semble pas avoir la même obsession que la Corée du Nord à  développer des armes nucléaires. On n’en trouve nulle trace [d’un programme militaire] dans les preuves de l’AIEA, » affirme Shannon Kile, directeur du Nuclear Weapons Project au Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI).
“Oui, l’Iran progresse, ils maîtrisent maintenant les principaux domaines techniques nécessaires au développement d’une arme nucléaire,” explique M. Kile. « Mais il n’y a aucune preuve qu’ils ont un programme en cours dans ce but. Ce n’est pas comme s’ils se dirigeaient vers la production d’armes atomiques, c’est comme s’ils allaient à petits pas vers l’acquisition de la capacité technique. »

Les responsables iraniens ont rejeté le rapport comme étant une fabrication des ennemis de l’Iran aux USA, en Israël et en Occident – colportée par Yukiya Amano, le directeur Japonais de l’AIEA – avant même sa publication.

Le président Mahmoud Ahmadinejad a assuré aujourd’hui que l’Iran ne reculerait pas “d’un iota” dans son programme d’anergie nucléaire que la République Islamique a toujours présenté comme pacifique et a tancé l’AIEA pour son rôle de marionnette de l’Occident.

«Pourquoi détruisez-vous le prestige de l’agence [l’AIEA] avec des assertions américaines absurdes ? a demandé M. Ahmadinejad qui s’exprimait devant une foule brandissant des drapeaux à Shahr e Kord, une ville du centre de l’Iran. «La nation iranienne est sage. Elle ne construira pas deux bombes contre les 20 000 bombes [nucléaires] que vous possédez. Mais elle construit quelque chose contre quoi vous ne pouvez rien : une éthique, l’honnêteté, le monothéisme et la justice.»

Trois sites nucléaires clefs mis en avant dans les documents de 2005

Les documents de 2005 tirés de l’ordinateur portable se concentrent sur trois sites: un soi-disant « projet sel vert » visant à un approvisionnement clandestin en uranium, à tester des explosifs de forte puissance et à adapter le missile Shahab-3 à l’emport d’une charge militaire atomique.

Les informations dans la presse de l’époque étaient empreintes d’un grand scepticisme lorsqu’une partie du contenu de l’ordinateur portable avait été d’abord montré à des diplomates accrédités auprès de l’AIEA. Le doute reste encore très persistant. Prenant en compte un tel scepticisme,  une partie du rapport de l’AIEA a été consacrée à répondre sur la crédibilité des informations. Mais M. Kelley, l’ancien inspecteur de l’AIEA qui a aussi travaillé comme chef de département à l’agence, n’est toujours pas convaincu.

"“Il y a d’abord le problème des falsifications. Il n’y a rien qui nous dise que ces documents sont authentiques, » explique Kelley, dont l’expérience comprend des inspections dans des pays aussi éloignés que l’Irak et la Libye, jusqu’à l’Afrique su Sud en 1993.
 «Mon sentiment en parcourant les documents il y a des années était qu’il était possible que beaucoup de son contenu soit authentique, quoique ça ressemblait à une sorte de bric-à-brac,» explique Kelley. Et il y avait des petites choses  plutôt que des informations de qualité » comme le document sur le sel vert. «C’était deux ou trois pages qui n’étaient reliées à rien d’autre dans le paquet de documents. C’était sur un sujet différent, et on ne pouvait que se demander s’il n'avait pas été mis là pour que quelqu’un le trouve ?»

Ce genre d’intox ne serait pas une première. Il rappelle les années 1993 et 1994, quand l’AIEA avait reçu des « faux très élaborés » sur l’Irak qui avaient entravé pendant deux ans les investigations nucléaires sur place.

“Ces documents avaient des en-têtes, et ils avaient été faits pour ressembler à des documents irakiens officiels, mais quand nous les avons examiné de manière approfondie, c’étaient des faux évidents, » ajoute Kelley. « Ils avaient été fabriqués par deux Etats de cette région membres de l’AIEA et transmis  à l’agence dans l’intention de nuire et de ralentir le travail.»

En 2002, observe Kelley, l’AIEA avait dû aussi gérer des faux « plutôt bâclés » fabriqués par les Italiens sur les supposés liens de l’Irak avec le Niger dans le domaine nucléaire, dont la CIA s’était emparés pour l’ajouter au dossier de l’administration Bush pour justifier une guerre contre l’Irak.

La science politisée?

Ali Asghar Soltanieh, ambassadeur de l’Iran auprès de l’AIEA, a qualifié le nouveau rapport “d’erreur historique” de M. Amano, le directeur de l’AIEA. L’Iran a «d’ores et déjà levé toute quelconque ambiguïté,», a affirmé M. Soltanieh, démontrant le caractère «obsolète et répétitif [d’erreurs anciennes]» des points soulevés en annexe.

Amano a orienté l’AIEA sur une ligne plus dure à l’égard de l’Iran, après avoir pris la succession il y a deux ans de son prédécesseur Egyptien, Mohammad ElBaradei. Une communication diplomatique d’octobre 2009, révélée par Wikileaks, reprenait mot pour mot les propos tenus par Amano devant l’ambassadeur des Etats Unis selon lesquels il était «solidement  dans le camp des Etats Unis sut toutes les décisions stratégiques », y compris l’Iran.

Selon les observateurs, les Etats Unis ont fait pression depuis l’été sur Amano pour qu’il sorte un rapport plus percutant sur l’Iran, qui détaillerait le dossier de l’AIEA – et présenterait l’Iran comme étant engagé activement dans l’acquisition d’armes nucléaires.

"II renvoie encore au soi-disant ‘ordinateur portable de la mort’ et aux prétendues études," explique Kile du SIPRI. L’AIEA s’est "clairement écartée de sa démarche habituelle" en montrant qu’elle a essayé «de traçabiliser une bonne partie de tout ça, y compris en vérifiant et en confirmant de manière indépendante cette information.»

 «Personnellement, je n’ai jamais vu des informations sur les présumées activités militaires, notamment les circuits administratifs du programme d’arme nucléaire, présentés avec autant de détails,” déclare Kile. « je n’ai aucun moyen de juger l’information sur laquelle c’est basé, mais le simple fait de les voir présentées si clairement a été réellement assez utile.»

Pour Kelley, un ancien de l’AIEA, l’actuel rapport sur l’Iran est un vrai méli-mélo » qui contient des «analyses d’amateurs.»

Entre autres points d’ordre technique, Kelley signale la discussion dans le rapport  des « détonateurs amorces à pont-fil » (exploding bridge-wire detonators) ou EBWs. Le rapport de l’AIEA admet « qu’ils ont des applications non-nucléaires, quoique peu nombreuses, » et pointe vers une probable finalité militaire pour l’Iran.
 « L’AIEA a tort. Les EBWs ont de nombreuses applications, » explique Kelley. « Etre dans l’erreur  sur un tel sujet, et ensuite essayer de tromper l’opinion publique montre un biais en faveur de ce qu’on souhaite démontrer… Ce n’est pas professionnel. »

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posted by Djazaïri at 11:31 PM 0 comments

vendredi, novembre 12, 2010

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Effets des sanctions contre l'Iran sur le Royaume Uni

Comme on le sait, tout le monde occidental s'applique à créer une situation de guerre avec l'Iran en lui appliquant des sanctions unilatérales nullement prévues par les diverses résolutions de l'ONU.

Ces sanctions pèsent effectivement  fortement sur l'économie iranienne mais elles pèsent, et pèseront aussi sur les économies  européennes qui perdent et perdront des contrats au profit de concurrents comme l'Inde et la Chine. En fait, ces sanctions ne font qu'accélérer la recomposition des équilibres géostratégiques au profit des deux géants asiatiques. 

Cette mécanique ne s'enrayera que si le régime iranien tombe et est remplacé par un régime décidé à tourner le dos aux puissances asiatiques montantes (ce qui est douteux). Où encore si l'Iran est attaqué et vaincu militairement et que les occidentaux parviennent à y installer un régime à leur main. 

Une victoire militaire d'une coalition contre l'Iran emmenée par les Etats Unis ne saurait bien entendu pas être exclue. Mais y établir un régime fantoche sera une tâche beaucoup plus ardue, sans doute impossible.

En attendant, les Européens continuent à se tirer des balles dans le pied, au profit des nouvelles puissances et pour les beaux yeux de l'entité sioniste qui ne leur prouvera sa reconnaissance qu'en continuant à exciter à la guerre civile en Europe par le biais de tous ses "intellectuels" chargés de mi(s)sion. Et qui, le moment venu se détournera de ce même Occident pour offrir ses services à la Chine ou à l'Inde, voire aux deux.

Le dernier exemple du crétinisme européen est rapporté  par l'hebdomadaire Le Point et par Romandie News (article reproduit ci-dessous) qui nous parlent de l'arrêt d'exploitation par British Petroleum d'un gisement gazier en mer du Nord au motif qu'il est opéré en partenariat à 50-50 avec une entreprise iranienne, un contrat signé à l'époque de l'Iran impérial.

Le Royaume Uni, mis en grande difficulté par la crise financière mais aussi par son engagement dans les conflits en Irak et en Afghanistan (plus de 25 milliards d'euros pour le seul Royaume Uni. Et ce n'est pas fini!)  a en effet les moyens de se priver des ressources fiscales de ce gisement.  

Après tout, bien d'autres ressources sont disponibles: Londres ne vient-il pas de décider de tripler les frais d'inscription à l'université faisant ainsi sortir les étudiants Britanniques de leur flegme légendaire? 

A ceux qui parlent sans cesse de tirer des leçons de l'histoire, rappelons simplement que les deux guerres mondiales avaient conduit la Grande Bretagne du statut de très grande puissance à celui de puissance moyenne. Etat de fait dont elle ne prit conscience qu'en 1956, à l'occasion d'une autre action militaire menée contre l'Egypte. Au profit déjà de l'entité sioniste!

Sanctions contre l'Iran : BP commence à fermer un gisement en mer du Nord

LONDRES - Le groupe pétrolier britannique BP a annoncé mercredi qu'il avait entamé les préparatifs en vue d'arrêter l'exploitation d'un gisement de gaz naturel qu'il exploite en mer du Nord, à cause du nouveau régime de sanctions européen contre l'Iran, codétenteur du gisement.
"Nous attendons toujours des clarifications du gouvernement britannique concernant les implications du nouveau régime de sanctions pour ce champ, mais en attendant ces clarifications, nous préparons sa fermeture", a déclaré à l'AFP un porte-parole de BP.
L'arrêt complet de la production prendra "plusieurs jours", a précisé ce porte-parole.
Situé à près de 400 km au large de l'Ecosse, ce gisement de gaz naturel baptisé Rhum est exploité par BP mais détenu à parts égales par le groupe et la filiale britannique de la Compagnie pétrolière nationale iranienne (NIOC), en vertu d'un accord antérieur à la révolution islamique de 1979.
L'UE avait annoncé le mois dernier que les sanctions renforcées contre l'Iran qu'elle vient d'adopter, et qui ciblent notamment le secteur de l'énergie, allaient probablement entraîner la fermeture de ce champ gazier.
Ces sanctions durcies interdisent en effet le transfert de nombreux équipements et technologies sensibles à des sociétés contrôlées par Téhéran, ce qui rend quasi-imposssible la poursuite de l'exploitation du champ.
Rhum, dont l'exploitation n'a commencé qu'il y a cinq ans, ne représente qu'une fraction de la production d'hydrocarbures de BP en mer du Nord.

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posted by Djazaïri at 9:45 PM

mercredi, octobre 27, 2010

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Tarek Aziz: la mort pour récompense

Le régime irakien vient de condamner Tarek Aziz à la peine capitale au terme de ce que Pepe Escobar qualifie de processus judiciaire de vengeance. Pepe Escobar souligne en effet que les preuves de culpabilité admises par la justice irakienne auraient été rejetées par n'importe quel tribunal occidental.
Pepe Escobar oublie peut-être le tribunal de Nuremberg et la façon dont il gérait l'administration de la preuve...
Ceci dit, Tarek Aziz était sans doute le dernier très haut dignitaire du régime baathiste encore vivant. C'en était surtout la figure la plus connue dans le monde de par ses fonctions de ministre des affaires étrangères. Les téléspectateurs ont en effet eu maintes occasions de voir son visage à l'époque de la première, puis de la deuxième guerre dites du Golfe.
Tarek Aziz, de son vrai nom Mikhael Yuhann, doit se demander comment son pays a pu en arriver là et comment, en fin de compte, le pouvoir a pu échapper, sans doute pour toujours au parti Baath.
Je ne sais pas quelle est son analyse mais, selon moi, le compte à rebours du régime baathiste n'a pas commencé avec les guerres menées par les USA et leurs amis contre l'Irak. Tout a commencé en réalité avec l'agression lancée par l'Irak contre l'Iran voisin qui venait de vivre une révolution islamique et d'abolir la monarchie.
La guerre déclenchée par le gouvernement irakien ne répondait à aucune menace du pays voisin, où la révolution n'était pas stabilisée avec un poids des ayatollahs bien moindre que ce qu'il sera par la suite. Le président Saddam Hussein avait en fait dénoncé les accord d'Alger, signés entre l'Irak et l'Iran, pour régler un différend frontalier relatif à l'embouchure des deux fleuves qui traversent l'Irak
Ce fut une guerre dure et meurtrière dont l'enjeu allait au delà bien sûr de la querelle frontalière. Le régime irakien avait pensé tenir là l'occasion d'accéder à un leadership régional, de s'affirmer comme un allié de l'occident face à l'islamisme au pouvoir en Iran, et peut être de faire main basse sur les secteurs iraniens pétrolifères limitrophes de l'Irak.
Sa démarche rencontrait l'assentiment et le soutien des monarchies arabes, qui craignaient d'être submergées à leur tour par une révolution, mais aussi des pays occidentaux. Ces derniers venaient en effet de perdre un allié de taille avec le Chah et s'inquiétaient aussi d'une contagion révolutionnaire. Et c'est pourquoi les pays occidentaux n'hésitèrent pas à renforcer l'arsenal militaire irakien, la France allant même jusqu'à "prêter" des avions de combat (sans doute avec leurs pilotes) à l'armée irakienne. Ce sont ces mêmes pays qui fourniront au régime irakien ces fameuses armes chimiques qu'ils lui reprocheront plus tard de détenir. Ces armes chimiques seront en effet utilisées contre les troupes iraniennes.
On connaît la suite: l'Irak dût accepter de revenir aux accords d'Alger. Sauf que ce n'était plus le même Irak mais un Irak appauvri, endetté auprès des pétromonarchies, à l'économie désorganisée sans parler bien sûr des nombreuses pertes en vies humaines. C'est cette situation d'après guerre qui avait incité Saddam Hussein à s'emparer de l'émirat koweïtien voisin, ce qui aboutira à la première guerre du Golfe. Là encore, Saddam Hussein peu instruit par la guerre contre l'Iran avait cru bon d'interpréter des propos d'une diplomate américaine comme un feu vert à son entreprise.
D'une manière générale, la diplomatie irakienne a toujours fait preuve d'une étrange naïveté dans ses relations avec l'Occident et les Etats Unis, ne parvenant jamais à analyser correctement la situation et les rapports de force, ni à comprendre que "l'alliance" objective avec les USA ne pouvait être que tactique et non stratégique. Que les Etats Unis ne voulaient pas d'une victoire irakienne contre l'Iran mais plutôt d'une défaite des deux pays.
L'Iran est également sortie affaiblie de son conflit avec l'Irak mais le résultat le plus important de cette guerre est qu'elle aura permis aux mollahs de consolider la révolution à leur main, en en éliminant politiquement les autres composantes. Sans la guerre, les choses se seraient peut être passées autrement.
Ce qui est par contre certain, c'est que a situation géopolitique qui prévaut actuellement dans cette sous-région s'est décidée en ce jour fatidique du 17 septembre 1980.

Tarek AZIZ


L'histoire d'Aziz restera non dite
par Pepe Escobar, Asia Times 27 octobre 2010 traduit de l'anglais par Djazaïri

Les néo conservateurs ont toujours soutenu que les Etats Unis avaient envahi l'Irak pour apporter la "démocratie" (au bout du fusil). Il semble que faute de démocratie, les plus gros succès du système judiciaire américain ont bel et bien été institués dans l'Irak (qui reste occupé); la torture (comme WikiLeaks l'a amplement démontré) et la peine de mort. Vous parlez d'une libération.

Et parlons de récompense pour services rendus. L'ancien vice premier ministre Tarek Aziz, 74 ans, malade, fragile, déjà emprisonné, et victime d'une attaque cérébrale cette année, vient d'être condamné ç la pendaison par la Cour Suprême de Baddad, selon la télévision irakienne d'Etat, "pour son rôle dans l'élimination des partis islamiques [chiites]."

Aziz, né Mikhael Yuhann à Mossoul en 1936, un Chrétien de rite chaldéen - le seul dans le cercle rapproché de l'ancien pouvoir baathiste sunnite et laïque, son "visage humain" le plus connu dans le monde - diplômé en langue et littérature anglaises, purge déjà une peine de 15 ans de prison pour l'assassinat de 42 commerçants en 1992 plus une condamnation supplémentaire de sept ans pour son rôle présumé dans la déportation des Kurdes Irakiens à l'époque de Saddam Hussein. Aucun tribunal occidental n'aurait accepté ce qu'on a présenté comme des preuves de son implication personnelle dans chacun de ces crimes.

L'Union Européenne (UE) a été au moins fidèle à sa charte (la peine de mort est "inacceptable"); Catherine Ashton, la chef de la diplomatie européenne, va appeler Bagdad à ne pas exécuter la sentence. Les avocats d'Aziz vont faire appel au Vatican - qui condamne aussi la peine  capitale. Le leader du parti Radical Marco Pannella a commenceé une grève de la faim pour la dénoncer.

Ne pas voir ce verdict comme politique revient à croire à la démocratie par le "choc et l'effroi." Dans ce cas précis, la vengeance est celle de l'actuel premier ministre Nuri al-maliki et de son parti chiite Da'wa qui fit l'objet de persécutions par le régime sunnite de Saddam. Sinon il n'y a que des perdants - parce que Aziz est sans doute la seule personne sur terre qui pourrait raconter la véritable histoire et toutes les délicieuses étapes de dizaines d'années du sale jeu des Etats Unis en Irak.

C'est le suprême best-seller politique que nous aurons jamais l'occasion de lire - nous disant par exemple comment le Royaume Uni, les Etats unis et l'Arabie Séoudite ont dépensé 60 milliards de dollars pour que l'Irak entre en guerre contre l'Iran dans les années 1980; ce qui a été réellement discuté entre Saddam Hussein, lui-même et l'ancien secrétaire à la défense US Donald Rumsfeld lors de leur rencontre de 1983 à Bagdad; comment chaque politicien Occidental rendait hommage à la cour de Saddam - l'homme qui devait éliminer ces ayatollahs déments; comment Saddam a vaincu les vagues humaine de martyrs de feu l'ayatollah Khomeini en répandant des armes chimiques fournies par l'Occident; et comment ces "armes de destruction massive" imaginaires n'existaient plus depuis 1995 au moins - ce qui rendait le casus belli de Tony Blair et George Bush nul et non avenu.

Quand l'US Marine Corps est entré à Bagdad le 9 avril 2003, sa villa a été pillée - par les marines et par des pillards locaux. Je suis allé voir cette aussi vite que possible (A (mis)guided tour of Baghdad Asia Times Online, 18 avril 2003), découvrant une boîte de DVD de la saga du "Parrain" - la préférence de Saddam allait pour le premier film de la saga - juste à la porte. Le 24 avril, Aziz se rendait aux Américains. Il était le huit de pique de l'infâme jeu de cartes du pentagone (Saddam était l'as de pique).
L'histoire jugera peut-être que Blair et Bush - avec leur Moloch technologique terrifiant baptisé "choc et effroi" - n'ont pas été meilleurs que le cercle rapproché de Saddam Hussein et que, directement et indirectement, leurs "politiques" ont tué plus de civils Irakiens que Saddam ne l'a jamais fait. Pourtant ils ont publié (Blar) et vont publier (Bush) des livres à leur propre "gloire".

Aziz est par contre le seul qui reste et a une histoire à couper le souffle. Et comme l'homme qui en sait trop dans le proverbe, il doit être éliminé.



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posted by Djazaïri at 10:02 PM 1 comments

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