Retrouvailles entre l'Iran et l'Argentine
Voilà une information typique de ce que la presse française tend à escamoter ou à aborder superficiellement alors qu’elle touche à quelque chose de très important.
Ce quelque chose n’est rien moins que le rapprochement en cours entre l’Argentine et l’Iran en dépit d’un contentieux très lourd puisque neuf Iraniens, dont un ministre en exercice et un ancien président de la république, sont sous le coup d’un mandat d’arrêt international émis par la justice argentine.
Ces mandats d’arrêt concernent un attentat qui avait visé le siège d’une importante association juive à Buenos Aires et dont l’Iran avait été accusé conjointement avec le Hezbollah.
Le dossier contre l’Iran est vide mais il s’agit d’une affaire dont les contours judiciaires avaient été tracés immédiatement par l’entité sioniste et le gouvernement des Etats Unis dans le sens de la désignation du gouvernement iranien et de l’organisation libanaise comme respectivement commanditaire et auteur du crime.
Vous trouverez sur ce blog des informations sur cette affaire qui était venue nuire à des relations irano-argentines qui étaient sur le point de connaître un développement remarquable.
Les deux gouvernements veulent aujourd’hui s’entendre sur une démarche permettant de faire la lumière sur l’attentat, ce qui indispose grandement le régime sioniste pour qui la vérité est celle qu’il a dictée dès le début et qu’il a imposée en utilisant ses relais habituels (je crois qu’on appelle ça des sayanim).
L’Argentine d’aujourd’hui n’est plus celle d’hier et elle affirme son indépendance vis-à-vis de la tutelle du FMI et donc des Etats Unis. Il en découle une indépendance sur un autre plan qui est celui de la diplomatie qui rejoint ainsi celle d’autres pays comme Cuba ou le Nicaragua.
Et j’imagine que l’Argentine a un intérêt bien concret à vouloir retisser des liens avec la république islamique.
On voit une fois de plus que, contrairement à ce que nous racontent nos journaux, l’Iran n’est pas du tout un pays isolé sur la scène internationale.
Les relations s’étaient dégradées après l’émission par l’Argentine d’un mandat d’arrêt contre des terroristes iraniens
Par Alejandro Rebossio, El Pais (Espagne) 29 septembre 2012 traduit de l’espagnol par Djazaïri
L’Argentine et l’Iran ont renoué le dialogue politique ce jeudi. Les deux pays mettent ainsi fin à six années de tension liées au mandat d’arrêt international émis par la justice de Buenos Aires contre 9 iraniens qui ont occupé de hautes fonctions dans le gouvernement de leur pays et qui sont accusés d’avoir perpétré l’attentat contre le siège de l’Association Mutuelle Israélite Argentine (AMIA) dans la capitale sud américaine en 1994, un attentat qui avait coûté la vie à 85 personnes.
Le gouvernement de Mahmoud Ahmadinejad avait proposé cette semaine un dialogue pour « parvenir à la vérité » sur l’attentat terroriste contre l’AMIA, et la présidente argentine, Cristina Fernández de Kirchner a accepté mardi la proposition lors de son discours devant l’Assemblée Générale de l’ONU à New York. La présidente a précisé que tout accord conclu avec l’Iran sera soumis à l’approbation du parlement argentin. Dans son allocution jeudi à l’ONU, Ahmadinejad a souhaité la fin des «malentendus» avec l’Argentine, dont il impute la responsabilité à des tierces parties, et il a suggéré la mise en place d’une commission pour identifier les auteurs de l’attentat. L’Iran réfute toute participation à l’attentat dont on suppose qu’il a aussi impliqué le Hezbollah, le mouvement libanais de guérilla pro iranien. L’actuel ministre iranien de la défense, Ahmad Vahidi, est une des neuf personnes recherchées par la justice argentine, tout comme l’ancien président Ali Rafsanjani.
Finalement, les ministres des affaires étrangères des deux pays, l’iranien Ali Akbar Salehi et l’argentin Héctor Timerman, qui appartient en outre à l’importante communauté juive de son pays (250 000 personnes). En effet, une organisation judéo-argentine a rejeté la reprise du dialogue avec l’Iran au motif que la proposition du gouvernement iranien était une «blague». Les ministres se sont engagés à organiser le mois prochain à Genève une rencontre entre des représentants de leurs institutions judiciaires pour explorer la création d’un mécanisme juridique pour établir la vérité sur l’AMIA «qui ne soit pas en contradiction » avec les systèmes judiciaires de l’un et de l’autre pays, ainsi que l’a expliqué le gouvernement argentin. De plus, les deux gouvernements ont proposé de maintenir les discussions jusqu’à l’aboutissement à une solution «mutuellement satisfaisante» sur «toutes les questions liées à l’attentat.»
La reprise du dialogue entre l’Argentine et l’Iran a provoqué un malaise en Israël et aux Etats Unis, deux pays qui cherchent à isoler Téhéran à cause de son développement présumé de l’arme nucléaire. Le gouvernement de Benjamin Netanyahou a fait savoir qu’il était «très déçu» par la rencontre entre les ministres de l’Argentine et de l’Iran. «L’expérience nous enseigne que l’Iran n’arrive pas les mains propres dans le dialogue sur sa responsabilité dans les actes terroristes dans le monde, comme celui de l’AMIA, pas plus qu’il ne l’est par rapport à son programme nucléaire,» a déclaré le gouvernement israélien dans un communiqué émis par son ambassade à Buenos Aires.
Malgré la déception de Tel Aviv, les ministres des affaires étrangères d’Argentine et d’Israël, Timerman et Avigdor Lieberman se sont rencontrés vendredi à Tel Aviv. Timerman a fait part de sa «surprise» devant les déclarations du gouvernement de Netanyahou et il a affirmé que «le ministre Liberman et les membres de sa délégation avaient indiqué ne pas être au courant» du communiqué dont a eu connaissance Buenos Aires. Il a également souligné que «la résolution pacifique des conflits correspond à la volonté du peuple argentin.»
Les Etats Unis ont eux aussi fait connaître leur position sur la décision de l’Argentine, dont les relations avec l’Iran contrastent avec les liens étroits que ce pays asiatique entretient avec Cuba, le Venezuela, l’Equateur et le Nicaragua dans le cadre de sa stratégie pour élargir son influence en Amérique latine. La Secrétaire d’Etat adjointe des Etats Unis pour les affaires de l’hémisphère occidental, Roberta Jacobson, a déclaré vendredi que « ce n’est pas le moment pour un rapprochement avec l’Iran, mais au contraire de rester fermement unis derrière les résolutions de l’ONU.» [la plupart des sanctions infligées à l'Iran sont unilatérales et hors cadre onusien, NdT] Le président des Etats Unis, Barack Obama, a affirmé mardi à l’ONU qu’il ferait « ce qu’il devait faire» pour éviter que l’Iran obtienne son arme nucléaire.
Libellés : Ahmad Vahidi, Ali Akbar Salehi, AMIA, Argentine, Buenos Aires, Etats Unis, Hector Timerman, Iran, Mahmoud Ahmadinejad, ONU
0 Comments:
Enregistrer un commentaire
<< Home