Les bienfaiteurs Turcs et le démon de Damas
Il
était une fois un premier ministre et un ministre des affaires étrangères Turcs
qui s’étaient épris du peuple syrien dont ils se firent les bienfaiteurs bénévoles..
Ce
peuple arabe, abondamment massacré par un dictateur sanguinaire répondant au
nom de Bachar al-Assad, n’avait pu trouver de salut qu’en franchissant la
frontière pour se réfugier dans les bras de la nation turque accueillante.
Les
hautes autorités de l’Etat turc s’étaient mises en quatre pour veiller aux
besoins de cette masse de réfugiés venue demander asile.
Cet
amour des gouvernants Turcs pour le peuple syrien était si fort que, ne pouvant
se résoudre à se passer du moindre de leurs hôtes, ils faisaient tout leur
possible pour les retenir dans leur giron bienveillant, les dissuadant par
toutes sortes de moyens fraternels de retourner se jeter sous les griffes du
démon de Damas.
Bon, ça
c’est la légende (sauf pour la rétention plus ou moins amicale).
Parce qu’en
réalité, le gouvernement turc qui pensait rapidement être débarrassé d’un
voisin devenu brusquement infréquentable se retrouve maintenant face à un flot
de réfugiés qu’il estime presque insupportable tandis que l'ophtalmologue diabolique refuse obstinément de céder à ceux qui lui enjoignent de partir (ou de mourir comme le lui suggère Laurent Fabius, travailleur humanitaire bien connu).
Le plus
beau étant que, par son attitude, le gouvernement turc a contribué grandement à
faire grossir le flux de réfugiés.
Les
autorités d’Ankara souhaitent donc partager ce fardeau avec la «communauté
internationale,» bien souvent la même qui l’a encouragé à mettre de l’huile sur
le feu dans le pays voisin.
Et
surprise, la dite «communauté internationale» ne répond que mollement à ces
appels à l’aide d’Ahmet Davutoğlu, le chef de la diplomatie turque.
Cette
réticence a plusieurs raisons.
La
première est que le gouvernement turc réclame avant tout de l’argent, ce qui n’est
pas tout à fait dans les normes de l’assistance internationale qui passe par le
truchement d’ONG reconnues et d’institutions de l’ONU.
Ensuite,
donner de l’argent au gouvernement turc, revient d’une manière ou d’une autre à
abonder son budget, ce qui n’est certes pas la mission de l’aide
internationale.
Enfin,
le gouvernement turc refuse de confier la gestion des camps de réfugiés
présents sur son sol aux institutions de l’ONU pour des raisons de souveraineté
nationale. Pour les mêmes raisons, la Turquie s’oppose à la simple présence des
ONG et de l’ONU.
Il est
cependant assez clair que, comme le soutient l’opposition turque, ces camps de
réfugiés sont confiés à l’opposition syrienne, du moins celle qui est en
cheville avec l’Etat turc, qui encadre politiquement les réfugiés et se livre à
des entraînements militaires.
C’est
une raison de plus d’ailleurs des réticences des donateurs qui ne veulent pas
que leur argent aille à des milices à la botte de la Turquie alors qu’eux-mêmes
ont parfois leurs propres opposants Syriens à promouvoir.
Par Barçın Yinanç- Hürriyet (Turquie) 25
septembre 2012 traduit de l’anglais par Djazaïri
Malgré une charge croissante sur ses épaules
à cause de l’afflux de réfugiés Syriens, le gouvernement a du mal à convaincre
les puissances mondiales de donner de l’aide. Ankara a sollicité une aide
financière, mais l’Occident semble réticent.
Ayant refusé l’assistance internationale
quand les Syriens en fuite ont commencé à arriver en Turquie il y a un an et
demi, le gouvernement turc a maintenant du mal à convaincre les membres de la
communauté internationale d’aider avec ce problème toujours plus important, au
moment où l’afflux de réfugiés est sur le point de dépasser la capacité d’accueil
des réfugiés par la Turquie.
La demande de la Turquie pour une assistance
financière et son degré de coopération avec le Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR
de l’ONU), que les tierces parties jugent insuffisant, sont perçus comme étant
les principales raisons de la réticence de la communauté internationale à
apporter son aide, selon des sources diplomatiques occidentales.
«On nous demande de faire un chèque pur le
gouvernement turc. Mais les choses ne se passent pas comme ça. Nous préférons
élargir l’aide par l’intermédiaire d’institutions de l’ONU, a déclaré un
officiel de l’Union Européenne à Hürriyet Daily News.
«Nous
coopérons avec le HCR, mais nous ne permettrons certainement pas que les camps passent
sous le contrôle du HCR. Nous n’abandonnerons pas nos droits souverains. Et à
notre connaissance, le HCR est complètement satisfait de notre coopération,» a
affirmé un officiel Turc proche de ce dossier, ajoutant que ces tierces parties
qui rechignent à mettre la main à la poche se cachent derrière des arguments «sans
fondements.»
Le même officiel a relevé que l’appel du HCR
à une aide pour les réfugiés Syriens a eu un écho limité. Le HCR a conçu deux
programmes pour faire face au problème, l’un prévu pour être appliqué à l’intérieur
de la Syrie et l’autre pour aider les pays voisins, et il a exhorté les pays
membres à financer ces programmes. Seulement 104 millions de dollars sur les
193 millions demandés pour le programme régional, et 94 millions sur les 180
millions attendus pour le programme destiné aux populations à l’intérieur de la
Syrie, ont pu être collectés. La Turquie à elle seule a dépensé presque le
double de cette somme apportée par la communauté internationale pour les deux
programmes combinés, le ministre des affaires étrangères Ahmet Davutoğlu ayant
évoqué récemment un chiffre de plus de 300 millions de dollars dépensés à ce
jour.
Il semble que la Turquie pâtisse de son choix
initial de ne pas faire appel à la solidarité internationale et de ne pas
partager le fardeau de l’aide dès le début quand les premiers Syriens
commencèrent à arriver en avril 2010 quand la vague du printemps arabe a
atteint la Syrie.
La déception du ministre des affaires
étrangères
A l’époque, les autorités turques avaient
indiqué être capables de faire face à l’afflux et n’avoir pas besoin pour le
moment d’un soutien international. Cependant, la déception de Davutoğlu devant
la faiblesse de la réaction de la communauté internationale une fois que la
Turquie a demandé l’assistance internationale est apparue clairement dans le
discours qu’il a prononcé lors de la réunion de l’ONU sur la Syrie en août
dernier. « On a de plus en plus le sentiment en Turquie qu’en faisant de
tels sacrifices et en prenant en charge un problème énorme par nous-mêmes, nous
incitaons la communauté internationale à la complaisance et à l’inaction,»
avait-il dit.
En avril dernier, la Turquie a fait savoir au
HCR qu’elle accepterait des propositions de la communauté internationale pour
partager le fardeau. C’est d’abord et avant tout une aide financière qui est
demandée, a déclaré un officiel Turc au HCR. Pour l’aide en nature, la Turquie
a transmis une liste de produites qu’elle accepterait et a créé des centres de
réception de l’aide internationale à l’aéroport d’Adana et au port de Mersin.
Coopération avec les ONG
Récemment, la Turquie a commencé à s’intéresser
à des actions qu’il fallait entreprendre à l’intérieur du territoire syrien. Ce
mois ci, la Turquie a commencé à fournir de l’aide humanitaire au kilomètre zéro
de la frontière et a créé des centres de réception de l’aide humanitaire à
Kilis, Gaziantep et Hatay à cette fin.
Dans le même temps, des sources occidentales
affirment qu’une coopération accrue avec le HCR ainsi qu’avec des Organisations
Non Gouvernementales (ONG) internationales contribuera à la recherche par la
Turquie d’une aide internationale plus importante car elle donnera de la
légitimité aux camps qui ont été une source de controverse entre le
gouvernement et les partis d’opposition qui ont affirmé qu’ils servaient pour l’entraînement
militaire des opposants Syriens. La Turquie a refusé d’accepter l’assistance d’une
dizaine d’ONG, soutenant que cela provoquerait des problèmes de sécurité et de
maintien de l’ordre. «Nous n’accepterons de faire exception pour aucune ONG
parce que si nous ouvrons les portes à l’une, nous finirons par avoir plus de
100 ONG qui demanderont à venir,» a déclaré à Hürriyet un officiel Turc.
Libellés : Ahmet Davutoğlu, Bachar al-Assad, Gaziantep, Hatay, Haut Commissariat aux Réfugiés, HCR, Laurent Fabius, Mersin, ONG, Syrie, Turquie
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