Syrie: avec ou sans l'ONU, le piège de l'Occident est sur le point de se refermer
Le dernier veto russe et chinois à un projet de résolution de l'ONU imposant des sanctions au gouvernement syrien n'a nullement découragé les puissances occidentales.
En effet, pour ces dernières la légalité internationale n'est qu'un vain mot qui n'a de valeur que quand il correspond à ce qu'elles estiment être leurs intérêts stratégiques.
Preuve en est, l'annonce par l'Union Européenne de la prochaine adoption d'un nouveau train de sanctions contre la Syrie.
Mais il convient de relever quelque chose de beaucoup plus important qui semble indiquer la voie que vont poursuivre les ennemis du régime syrien.
Je veux parler de la dernière déclaration de Laurent Fabius, le chef de la diplomatie française:
La France souhaite «la formation rapide d'un gouvernement provisoire» qui devra être «représentatif de la diversité de la société syrienne», a déclaré le ministère des Affaires étrangères Laurent Fabius samedi. «L'heure est venue pour l'opposition de se mettre en ordre de marche afin de prendre les commandes du pays», ajoute Laurent Fabius qui se dit prêt à organiser à Paris une réunion ministérielle «en vue de consolider les efforts des pays arabes dans la construction de la Syrie de demain».Le ministre dit avoir «pris un certain nombre de contacts, notamment avec le secrétaire général de la Ligue arabe, ainsi qu'avec le Premier ministre du Qatar».
C'est dans le cadre de cette stratégie d'alternative "légitime" à Bachar el-Assad qu'il faut situer la décision des Frères Musulmans syriens de se constituer en parti politique.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que M. Fabius et les Frères Musulmans sont parfaitement synchrones.
Pas besoin d'être spécialiste des relations internationales pour comprendre que ce "gouvernement provisoire" s'il est constitué (et il le sera) sera reconnu comme l'interlocuteur légitime de la France, de la Grande Bretagne et de toutes les puissances qui gravitent dans l'orbite des Etats Unis.
Ce gouvernement provisoire et légitimé par les "nouveaux amis de la Syrie" sera alors fondé à solliciter une aide multiforme de la part de ces derniers, que cette aide soit matérielle ou plus directement militaire.
Il reste cependant difficile de dire, à ce stade, s'il y aura une intervention militaire directe de l'Occident, ou simplement une intervention de pays arabes bénéficiant d'une assistance occidentale pour sanctuariser une ou des portion(s) du territoire national, ou encore si l'objectif ne sera pas de "saigner" le régime par une multiplication de défections qui viendraient grossir les rangs de ce contre-régime. Dans tous les cas de figure, la formation et les armes seront largement et ouvertement mises à la disposition de ce qu'on appellera alors le gouvernement légal de la Syrie.
Le régime en place parviendra-t-il à déjouer ce piège et cet acharnement de l'Occident?
Je le souhaite mais faute d'alliés disposés et/ou capables d'aller aussi loin dans l'interventionnisme, j'ai du mal à voir comment Bachar al-Assad va pouvoir se tirer de ce piège qui se veut mortel.
Fabius a prévu d'attribuer un rôle à la Ligue Arabe dans ce scénario criminel. J'ose espérer que le gouvernement algérien s'y opposera fermement quitte à mettre en balance le retrait de l'Algérie de cette institution.
Une institution dont la Syrie, comme la Libye avant elle, aurait mieux fait de se retirer puisqu'elle se retourne contre un de ses adhérents au service de pays tiers.
Libellés : Bachar al-Assad, France, Frères Musulmans, Laurent Fabius, Ligue Arabe, Qatar, Syrie
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