L'extradition de Rafik Khalifa de Grande Bretagne: une hypothèse.
Condamné à perpétuité en Algérie pour faillite frauduleuse, Rafik Khalifa avait effectivement trouvé refuge au Royaume Uni en 2003. Ce n’est pourtant qu’en 2007 que les autorités judiciaires algériennes ont saisi la justice britannique d’une demande d’extradition.
Le temps a passé et la protection de Khalifa ne semble plus être un sujet de discorde à Alger. Il serait cependant vain de penser que le retour au bercail du golden boy donnera lieu à l’étalage complet des errements du régime et de ceux qui en sont proches.
La véritable question est de savoir pourquoi la décision d’extradition n’intervient que maintenant. On peut arguer des recours offerts par la justice britannique, recours qui ne sont d’ailleurs pas totalement épuisés par M. Khalifa.
Pourquoi pas ? Mais c’est une réponse un peu courte dont on voudrait que nous nous contentions. Réponse par ailleurs appuyée indirectement par les propos de Tayeb Belaïz, ministre algérien de la justice, selon qui l’Algérie a fourni aux autorités britanniques des assurances suffisantes quant à un traitement équitable de M. Khalifa une fois rendu à Alger :
«L’appareil judiciaire puise sa réputation dans l’histoire. Il est connu pour sa crédibilité et sa totale transparence. Et, bien évidemment, nous n’avions jamais douté de son indépendance.»
A lire ces propos, j’ai eu l’impression que M. Belaïz faisait le portrait inversé de l’appareil judiciaire algérien.
Pourtant non, M. Belaïz semble considérer que la justice fonctionne bien en Algérie et que l’accord donné à l’extradition de Rafik Khalifa en fournirait en quelque sorte la preuve :
«un certificat de reconnaissance par excellence» de la justice algérienne par la justice britannique.
Rien que ça!
Veuillez pardonner ces digressions et revenons au sujet. En effet, nul ne peut se faire d’illusions sur les progrès accomplis par la justice en Algérie en matière d’équité. Il convient donc de rester terre à terre et de revenir à la question « pourquoi maintenant ?»
On sait que le Royaume Uni est un partenaire important de l’Algérie dans le domaine des hydrocarbures. Cependant ce partenariat ne se limite pas à cette matière première mais existe aussi en matière militaire. Dans les années 1980, les britanniques avaient en effet réussi à percer le quasi monopole russe sur la fourniture d’armements à l’Algérie. Cette percée s’était effectuée dans le domaine maritime avec la livraison et/ou la construction sous licence de près d’une vingtaine de vedettes rapides pour la marine algérienne.
Il semble justement que la marine de guerre algérienne soit en discussions avec plusieurs pays pour acquérir quatre frégates. Les pays en lice seraient l’Allemagne, l’Espagne, la France et le Royaume Uni. Alors qu’en 2008 des informations laissaient entendre que la France avait emporté ce marché, elle serait aujourd’hui écartée et les britanniques resteraient eux dans la course au contrat alors qu’ils ne proposent que des navires d’occasion rénovés. Une ténacité et une volonté déjà signalées par la presse il y a un an.
Alors vous me voyez venir ; mon hypothèse est simplement celle de la possibilité d’un deal entre Alger et Londres : Rafik Khalifa contre l’achat de bateaux de guerre.
Je vous le concède, je n’ai pas de preuves à proprement parler. Mais l’hypothèse est du genre vérifiable et nous serons bientôt fixés à ce sujet.
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