Libye, l'heure de vérité a sonné
La
guerre menée conte la Libye de Kadhafi aura débouché sur une victoire militaire
incontestable pour les pays alliés dans l’OTAN.
Un
résultat inéluctable, compte tenu de l’inégalité des forces, quelques unes des
plus importantes puissances militaires du monde contre une armée somme toute
modeste et équipée de matériels largement obsolètes. La maîtrise totale de l’espace
aérien par les forces occidentales a été l’illustration parfaite de ce fait.
On l’a
vu, l’élimination de Kadhafi et de son régime n’est pas sans conséquences
très négatives pour l’Afrique et elle signe peut-être le début de la
désintégration d’un certain nombre d’Etats de la région saharo-sahélienne, c’est-à-dire
un territoire immense qui s’étend du Soudan à l’est au Nigéria à l’ouest en
passant par le mali et l’Algérie.
Les
gouvernants en Europe et en Amérique qui ont commandité l’assassinat du colonel
Kadhafi sont de ceux qui se prévalent d’un prétendu héritage humaniste et se
croient obligés de prétendre qu’ils ont vocation à répandre la démocratie dans
le monde.
Or,
chacun de ces gouvernants européens ou américains a plus de sang sur les mains
que n’en a jamais eu Mouammar Kadhafi. On peut seulement espérer qu’ils répondront
un jour de leurs crimes devant une Cour Pénale Internationale qui ne doit pas
être réservée aux responsables politiques du Tiers-mode.
En
attendant, l’histoire les jugera et elle commence à le faire à travers certains articles de presse qui posent ouvertement des questions auxquelles tout le monde connaît pourtant les réponses. Parce que le paradoxe de la démocratie
libérale avancée est qu’elle interdit plus ou moins longuement de dire dans l’espace
public (c’est-à-dire dans les grands media) ces vérités que tous connaissent.
Mais
quand vient l’heure des comptes, questions et réponses tentent de surgir comme
dans cet article du journal canadien The Gazette qui explique ce que tout le
monde sait : que le gouvernement canadien (comme les autres
gouvernement occidentaux) n’a non seulement pas protégé les civils Libyens des
violences perpétrées par les prétendus rebelles Libyens mais que tout a été
fait pour interdire une issue négociée et pacifique à la crise, en
contravention avec la résolution censée justifier l’action occidentale.
C’est pourtant
ce schéma que le canada comme la France ou le Royaume Uni voudraient bien reproduire
en Syrie. Sauf que, comme le donne à comprendre l’article, le précédent libyen
en a échaudé plus d’un à Pékin ou à Moscou.
Si
Pékin et Moscou ont semble-t-il tiré la leçon de l’affaire libyenne, certains
Etats seraient avisés d’en faire de même.
La
leçon doit partir du constat que les Occidentaux, dès lors qu’ils peuvent faire
croire même momentanément que le droit est avec eux, ne connaissent aucune
limite dans la brutalité et sont prêts à bombarder toutes les infrastructures
qui permettent à un Etat de fonctionner.
Avant la Libye, des pays comme l’Irak ou
la Serbie en ont fait la douloureuse expérience.
Les encouragements de Baird ont peut-être
violé la résolution de l’ONU sur l’action en Libye.
Par Lee Berthiaume, The Gazette (Canada) 28
avril2012 traduit de l’anglais par Djazaïri
Lors d’un séjour en Libye en juin dernier, à
un moment où les forces rebelles étaient tenues en échec par les troupes
loyales au dictateur Mouammar Kadhafi et où de nombreux pays appelaient à un
cessez-le-feu, le ministre des affaires étrangères John Baird avait activement
encouragé les rebelles à continuer le combat.
Ces révélations montrent sous un jour nouveau
le rôle joué par le Canada dans la guerre civile – tout en soulevant la question
de savoir si notre pays à violé l’esprit de la résolution du Conseil de
Sécurité de l’ONU qui avait autorisé une action internationale dans le conflit.
Baird s’était rendu à Benghazi, la capital du
mouvement anti-Kadhafi le 27 juin, et il y avait rencontré des hauts
responsables du Conseil national de Transition (CNT) pour leur livrer des kits
de premiers secours.
Malgré l’appui maritime et aérien de l’OTAN,
les rebelles avaient été incapables d’obtenir des victoires significatives
contre les forces de Kadhafi et des informations circulaient sur des
tractations de cessez-le-feu.
Après sa rencontre avec Abdeljalil, le président
du CNT, et le chargé des relations extérieures, Ali Isawi. Baird avait déclaré
aux journalistes : « Il est évident que cette affaire – les tués et
les perturbations de la vie quotidienne -ne peut pas s’arrêter très bientôt. Je
pense qu’ils sont vraiment enthousiastes et décidés à laisser tout ça derrière
eux et commencer à établir la liberté et la démocratie en Libye. »
Ce que Baird n’avait pas révélé – et qu’on
apprend seulement maintenant dans des notes de préparation pour une discussion avec
son homologue Norvégien qui aura lieu quelques semaines plus tard et que nous
avons obtenues grâce à la loi sur l’accès à l’information – c’est qu’il avait
exhorté les rebelles à poursuivre leurs attaques.
“Quand j’étais à Benghazi, j’ai bien fait
comprendre au Conseil National de Transition l’importance de persévérer dans l’action
militaire, » avait-il été conseillé ) Baird de dire ai ministre Norvégien
des affaires étrangères Jonas Store.
La Canada a été une des nations les plus
bellicistes parmi celles qui ont été impliquées dans le conflit libyen, en accomplissant
un nombre disproportionné de missions de frappes aériennes et en apportant un
soutien diplomatique et humanitaire important à des rebelles aux abois.
Mais, alors que la mission a depuis été déclaré
comme une victoire par le gouvernement conservateur et d’autres allies, beaucoup
se demandent su l’OTAN et ses membres n’ont pas outrepassé les termes de la
résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU autorisant une intervention
internationale pour protéger les civils.
De telles préoccupations ont précisément été
citées comme une des raisons pour laquelle le Conseil de Sécurité a eu du mal à
approuver une quelconque action internationale en Syrie.
Beaucoup ont soutenu que seule l’élimination
de Kadhafi pourrait mettre les civils Libyens à l’abri des menaces. Le porte
parole de Baird, Joseph Lavoie, avait déclaré dans un courriel que le CNT était
un partenaire essentiel dans les efforts de protection des civils, et que «les
évènements témoignent du bien fondé de notre position. »
Walter Dorn, directeur des affaires internationales
et de sécurité au Canadian Forces College, considère qu’avec le recul,
encourager les rebelles ) continuer à combattre apparaît comme ayant été la
bonne décision.
Mais il observe que les rebelles ont été
également responsables d’attaques contre des cibles civiles. Les organisations
humanitaires ont publié un certain nombre de rapports qui dénoncent les forces
rebelles pour leurs actions contre des civils Libyens pendant la guerre et
après.
Le problème est de savoir si l’OTAN a exécuté
son mandat onusien avec impartialité, explique Dorn. «L’OTAN a-t-elle entrepris
une quelconque action contre eux, alors même que le Conseil de Sécurité donnait
mandat de protéger les civils indépendamment de la source de la violence ?»
Libellés : Afrique, Canada, CNT, John Baird, Libye, Mouammar Kadhafi, ONU, OTAN, Syrie
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