Démocraties en déliquescence
Avec l’intervention militaire en Libye, le Royaume Uni et la France ont ostensiblement roulé des mécaniques, le dirigeant de chacun de ces pays cherchant à montrer qu’il était celui qui avait le plus de biceps, c’est-à-dire que sa contribution en termes de pourcentage de bombes déversée sur Tripoli et sur Syrte était la plus conséquente.
Une salutaire psychothérapie que ce retour au langage de l’impérialisme conquérant de ces anciens champions du colonialisme.
Mais on dispose de nombreuses photos de lui. Il serait, depuis 1997, l’unique employé d’Atlantic Bridge, une association néoconservatrice, une charity étasuno-britannique. Mais l’association a été dissoute en cette fin de semaine. N’empêche, 15 ans de carrière, ce n’est pas rien.
Une salutaire psychothérapie que ce retour au langage de l’impérialisme conquérant de ces anciens champions du colonialisme.
Une occasion d’oublier un peu la crise économique, même si la facture de l’aventure libyenne ne tardera pas à être déposée sur la note des contribuables, et les affaires qui grangrènent ces deux pays : affaire Bettencourt et affaire des ‘mallettes’ en France, affaire Murdoch en Grande Bretagne.
D’ailleurs, quand on pense au traitement politique et médiatique de l’affaire Murdoch au Royaume Uni, on ne peut qu’aboutir inexorablement à la conclusion que la démocratie a vécu de l’autre côté de la Manche. Parce qu’un tel scandale aurait normalement dû se traduire par une démission en bloc du gouvernement, une véritable enquête indépendante et l’exclusion de toute compétition électorale d’une bonne partie de la classe politique, aussi bien dans les rangs des conservateurs que dans ceux des travaillistes.
Restent les libertés individuelles, soit la liberté de se teindre les cheveux en bleu, ou de prendre la parole debout sur un trépied à Hyde Park. C’est déjà ça, comme dit Alain Souchon dans une de ses chansons.
Et en matière de scandale en Grande Bretagne, en voilà un autre qui touche un des principaux acteurs de l’agression contre la Libye, j’ai nommé Liam Fox, le ministre de la défense du gouvernement de David Cameron.
Ce qui se passe, c’est que Liam Fox, qui joue les gros bras en Afrique du Nord, à coups d’avions Tornados et d’hélicoptères Apache a un faible pour un certain Adam Werritty, 34 ans. Adam Werritty était, nous dit le journal Le Monde, le colocataire du ministre avant le mariage de ce dernier.
Contre une attaque à voile et à vapeur, on se doute bien que l’armée du colonel Kadhafi n’avait aucune chance.
Le journal Le Monde nous fait cependant le service minimum sur cette affaire Fox – Werrity en nous informant que M. Werritty :
a accompagné le ministre lors d'une visite officielle au Sri Lanka l'été dernier. Et ce alors qu'il n'occupe aucune fonction et n'a pas subi les contrôles de sécurité nationale de routine au sein du gouvernement.
On lit aussi que M. Werritty disposerait de cartes de visite où il se présente comme « conseiller de Liam Fox
Et qu’en septembre dernier, M. Fox avait menti au parlement en affirmant que son ami n’avait participé à aucune visite officielle à l’étranger alors que, comme on l’a vu, ils étaient ensemble au Sri Lanka.
Répondant en septembre dernier à une question du député travailliste John Mann, M. Fox avait assuré que M. Werritty n'était "pas un employé du ministère de la défense, et n'a[vait] donc participé à aucune visite officielle à l'étranger" avec lui. Il avait toutefois admis avoir "rencontré M. Werritty quatorze fois au ministère de la défense ces seize derniers mois, mais pas à titre officiel".
Donc Liam Fox, a rencontré quatorze fois Adam Werritty au siège de son ministère « mais pas à titre officiel. »
C’est précisément ce qui est grave : un individu étranger au service, un ressortissant étranger de surcroit (Werritty est Américain) qui se promène comme ça dans les locaux d’un ministère très sensible. Ca laisse rêveur et ça rappelle un peu les promenades en liberté d’Alexandre Djouhri dans les hauts lieux du pouvoir en France.
Et Werritty n’est pas un simple curieux du fonctionnement d’une administration, c’est quelqu’un de politisé lié aux marchands d’armes et au complexe militaro-industriel des Etats Unis. Et il n’est sans doute pas pour rien dans le reproche qui est fait à Liam Fox de privilégier les achats d’armes américaines à ceux qui pourraient être effectués auprès de fournisseurs nationaux.
Et comme business is business, à l’époque où Liam Fox était ministre de la santé,dans le cabinet fantôme conservateur, Werritty dirigeait une société spécialisée dans le domaine de la …santé.
En France, comme en Grande Bretagne, la pénétration des rouages de l’Etat par une espèce de pègre, qui fricote avec les services secrets (probablement la CIA pour Warrity) et des réseaux politiques de l’ombre, néoconservateurs sans le cas britannique, a atteint un niveau d’une ampleur sans doute inédite. Une évolution qui n’est pas sans rappeler la situation des Etats Unis où encore celle que connaît la Russie avec le poids des oligarques dont Valdimir Poutine a cependant sensiblement réduit l'influence.
Des signes certains d’une déliquescence de l’Etat dont on verra si les forces qui se proposent d’assumer l’alternance politique (le PS en France, le Labour au Royaume Uni) sont capables de l’enrayer.
Vu leurs affinités et leurs position sur certains dossiers, il est permis d’en douter.
Come4News fait un très bon topo sur Adam Werritty et son rôle auprès du Conseil National de Transition (CNT) libyen.
La médialogie pose la question : « Quelle est donc la vérité sur Werrity ? ». Sa branche mineure se demande : « Mais qui est donc Jalal al-Digheily ? ». Le premier, Adam Werritty, ancien colocataire et témoin de mariage de Liam Fox, ministre de la Défense britannique, serait de presque tous les voyages de son ami, membre du gouvernement de sa Gracieuse Majesté. Il aurait en poche des cartes de visite faisant état de sa qualité de consultant auprès du MoD (la Défense britannique). Liam Fox était hier à Tripoli auprès d’un certain Jalal al-Dighely, qui aurait en poche des cartes de visite le désignant ministre de la Défense du CNT.L’un est « advisor to Rt. Hon. Dr. Liam Fox MP », et on sait où le joindre (adam@werrity.com). Problème : « Google Chrome n’est pas parvenu à trouver la page werrity.com ».
Mais on dispose de nombreuses photos de lui. Il serait, depuis 1997, l’unique employé d’Atlantic Bridge, une association néoconservatrice, une charity étasuno-britannique. Mais l’association a été dissoute en cette fin de semaine. N’empêche, 15 ans de carrière, ce n’est pas rien.
La carrière de Jalal al-Digheily est plus récente, et beaucoup plus chaotique. Selon Wikipedia, Jalal Muhammad Mansour al-Digheily (ou al-Dogheily), serait un civil. On ne sait trop d’où il vient (de l’étranger ? de l’administration de Kadhafi ?). Dans un premier temps, le 19 mai, il remplace le ministre de la Défense de Benghazi, à la suite de la poussée vers la sortie d’Omar El-Hariri, et de l’assassinat du général Younes et de deux colonels. Il est démissionné le 8 août en vue d’être remplacé par Salem Joha, un commandant de brigade de Misrata.
Mais il sait se faire oublier, assure son propre intérim, et le voilà, tout début octobre, à temps pour accueillir Liam Fox et l’Italien Ignazo La Russa à Tripoli, muni de cartes de visites attestant de sa qualité de ministre de la Défense.
Pendant longtemps, on ne savait pas trop qui composait le CNT, qui était qui. Remarquez qu’en France, il a fallu quand même beaucoup de temps pour apprendre l’existence des « ministres plénipotentiaires » Takieddine, Bourgi ou Djouhri, peut-être des homologues d’Adam Warrity.
Libellés : Adam Werritty, CNT, David Cameron, Jalal al-Digheily, Liam Fox, Libye, Royaume Uni
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