mardi, novembre 04, 2008

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La "vengeance" d'un gigolo

Quand j'ai lu cet article, mon premier réflexe a été de me dire "encore une pauvre petite fille riche" (comme dans la chanson de Claude François) qui tombe entre les pattes d'une bande de salauds.
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Et c'est vrai, il s'agit bien de salauds dont le cas n'est qu'aggravé par l'habillage mémorialo-vindicatif qui aurait motivé un des deux comparses.
Mais je me suis dit que ça valait peut-être la peine de le traduire quand, cherchant ce que la presse françophone avait à dire sur cette affaire je suis tombé sur des articles comme celui-ci, ou encore celui là ou cet autre. Paris-Match est cependant le seul à nous apprendre qu'une partie du butin serait à l'abri au Moyen-Orient (dans quel pays à votre avis?) Il serait dommage que le lectorat exclusivement francophone ne puisse pas en savoir plus.
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D'autre part, c'est vrai que cet article m'a inspiré quelques réflexions. J'ai d'abord été surpris de la manière dont la journaliste de The Independent explore la véracité éventuelle de ce qui aurait été le mobile d'un des maîtres chanteurs. Un peu comme si ce fait divers était le lieu d'aller sur ce terrain et comme si, mine de rien, on voulait nous faire compatir avec le maître chanteur.
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Et justement, il est vrai que la société BMW a participé à l'effort de guerre de l'Allemagne nazie et c'est vrai de toutes les entreprises allemandes de l'époque, cela devrait aller sans dire. Que le patronat Allemand ait été dans l'ensemble favorable à Hitler est un fait qui ne peut surprendre que ceux dont l'esprit, déformé par des années d'imbibation propagandiste ou par le film de Spielberg [la liste de Schindler] peuvent s'imaginer que le régime nazi ne tenait que par la folie d'un seul homme, sans base sociale : une incarnation du mal décidée à appliquer un programme satanique. Une approche théologique quoi.
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Il y a donc de quoi méditer.


Le gigolo, l’héritière Allemande et une vengeance à 6 millions de Livres sterling pour son héritage nazi

The Independent (UK) 3 novembre 2008 traduit de l’anglais par Djazaïri

La richissime actionnaire de BMW, Susanne klatten est la victime présumée d’une escroquerie complexe au moyen de séquences d’activité sexuelle tournées dans un hôtel de luxe, rapporte Peter Popham.

La présentation en anglais de l’hôtel Abruzzo promet, «Excellente nourriture, bien-être et détente vous attendent au Rifugio ‘Valle Grande’ Country House… entour d’une vaste forêt privée au pied du magnifique et historique Mont Queglia. D’après la tradition, c’est l’endroit où les tribus Italiques prêtèrent serment contre Rome en 90 av. J.C. »

Mais la police italienne explique aussi que c’est l’endroit où deux des plus ignobles escrocs de l’histoire récente de l’Italie se retiraient pour compter les millions qu’ils avaient extorqué par chantage à une milliardaire Allemande esseulée, pour cacher au moins 2 millions d’Euros dans les caves de l’hôtel et recycler une bonne partie du reste dans des voitures de luxe neuves dont une Ferrari, une Lamborghini et une Rolls-Royce [qui fait partie du groupe BMW, NdT].

Le propriétaire du Valle Grande Country House, Ernano Barretta, 63 ans, est incarcéré en Italie ; son complice présumé et gigolo par excellence Helg Sgarbi avait été interpellé auparavant en Autriche et se trouve en prison en Allemagne où il encourt un procès pour extorsion. L’histoire d’une escroquerie presque incroyable, et de l’avidité qui y a mis fin, avait été révélée en Italie au mois de juin avec l’arrestation de M. Barretta. Le nom de la victime présumée avait été alors dissimulé à la presse. Mais maintenant on apprend qu’il s’agit de Susanne Klatten, héritière de BMW, la femme la plus riche d’Allemagne.

Ce qui est révélé aujourd’hui est l’immense fortune de Mme Klatten, et l’énorme brèche que cette affaire a entaillé dans la vie privée d’une des dynasties d’entrepreneurs les plus discrètes d’Allemagne. Mais aussi que M. Sgarbi – si les fuites de l’interrogatoire de son complice sont exactes – était bien plus qu’un extorqueur incroyablement efficace. On dit que c’est un homme motivé par l’exercice d’une vengeance contre les crimes commis par BMW contre son père, un Juif Polonais, travailleur esclave dans une usine BMW pendant la guerre. La société fabriquait des munitions, des moteurs d’avions et des fusées V2. Un de ses agents commerciaux était Herman Goering qui sera plus tard à la tête de l’armée de l’air allemande. Quand M. Sgarbi disait avoir couché avec Mme Klatten dans des hôtels chic à Monte-Carlo, Munich et ailleurs, il dormait avec l'ennemi, avec une vengeance cruelle en arrière-pensée.

La notoriété de son nom lui avait posé des problèmes – elle avait échappé de peu à un enlèvement à l’âge de 16 ans – et l’avait amenée parfois à utiliser un faux nom. Son mari, Jan Klatten, ingénieur chez BMW, raconte que quand il avait flirté pour la première fois avec une jeune stagiaire nommée « Susanne Kant, » il ignorait qu’elle possédait 12,5 % des parts de l’entreprise.

Mme Klatten, 46 ans, est l’arrière petite fille de Gunther Quandt, le fondateur de BMW décédé en 1954 et dont la première femme, Magda, épousera par la suite Joseph Goebbels, le chef de la propagande nazie. L’héritière est diplômée en marketing et management de l’université de Buckingham et a travaillé à la Dresdner Bank et chez les consultants McKinsey avant d’être nommée au conseil de surveillance de BMW en 1997.

M. Sgarbi aurait rencontré Mme Klatten en 2006 et ils sont devenus amants. Ils se retrouvaient à Monte Carlo et ailleurs pour avoir des relations sexuelles, mais ils n’étaient pas seuls. Chaque fois qu’ils réservaient une chambre d’hôtel, M. Barretta louait la chambre contigüe. Quand ils marchaient dans les rues, M. Barretta était là avec sa caméra vidéo pour les filmer. Quand ils allaient au lit, il s’arrangeait pour filmer aussi ces moments intimes.

Au cours d’un de ces rendez-vous galants, M. Sgarbi aurait confié à sa petite amie un problème personnel terrifiant : il lui dit que, lors d’un séjour aux Etats-Unis, il avait été impliqué dans un accident de la circulation qui avait causé la mort d’un enfant. Les parents de cet enfant, des membres de la mafia italo-américaine, lui imputaient la responsabilité du décès et exigeaient des millions en compensation faut de quoi M. Sgarbi aurait des ennuis0 Mme Klatten lui donna 7,5 millions d’Euros « afin que la mafia le laisse tranquille. »

Mais M. Sgarbi, comme tout le monde, savait que c’était peu de chose à côté de sa fortune. Alors, à l’automne 2007, il l’aurait contactée à nouveau pour lui demander, cette fois, 49 millions d’Euros. Il n’était plus question de « l’enfant de mafiosi décédé. » A ce moment il l’informa qu’il était en possession de vidéos d’eux en train de faire l’amour qu’il rendrait publiques si elle ne payait pas.

Mme Klatten n’est pas un cadre supérieur de BMW qu’en vertu de son nom et elle parvint à faire baisser la somme à 14 millions d’Euros. Qu’elle n’avait pas l’intention de payer. Elle arrangea un rendez-vous et quand M. Sgarbi voulut prendre l’argent, il se trouva face à des policiers munis d’un mandat d’arrestation. Les enquêteurs apprirent que M. Sgarbi avait été en relation téléphonique toute la matinée avec M. Barretta qui devint la cible suivante de l’enquête. Et peu à peu l’histoire de valle Grande commençait à prendre forme.

M. Barretta était un garçon miséreux des Abruzzes qui a s’est enrichi. En tant que patron du manoir Valle Grande, il racontait aux journalistes le parcours qui l’a mené de la misère à la fortune : comment, enfant, il faisait 10 km à pied pour aller à l’école, son apprentissage du métier de tailleur de pierres et comment il avait tout laissé tomber pour émigrer, chercher du travail en Allemagne et ailleurs avant de retourner à ses racines chargé de richesses pour bâtir son magnifique hôtel.

Les journalistes le croyaient peut-être mais pour les gens du coin, du moins à la façon dont ils en parlent aujourd’hui, il y a toujours eu quelque chose de douteux au sujet de M. Barretta et de son argent. Mais beaucoup dans la vallée étaient également ses obligés. C’était un homme « de grande intelligence, » explique Gennaro Varone, le procureur chargé de l’enquête, « avec la capacité à entraîner beaucoup de gens derrière lui, amenés par la suite à travailler dans sa propriété » contre de petits salaires. Des informations glanées au moyen d’écoutes téléphoniques ont aussi convaincu les enquêteurs qu’il s’est fait un nom dans le coin en tant que gourou religieux, un homme qui a la capacité « d’induire la croyance » et « de parler avec la voix de Dieu.» Exploitant ses pouvoirs, il avait formé une sorte de groupe de prière, composé surtout de femmes de la vallée avec qui il avait des relations sexuelles en échange d’un hébergement gratuit dans l’hôtel. . Barretta nie absolument tout en bloc.

A un moment –quand et comment ne sont pas encore connus- il a fait la connaissance du gigolo connu sous le nom d’Helg Sgarbi. Et il y a peut-être cinq ou six ans, ils se sont mis au travail, exploitant leurs talents et prédispositions respectifs. Les enquêteurs pensent qu’au moins trois ou quatre riches Allemandes ont été victimes de MM. Sgarbi et Barretta pendant ces années, mais l’affaire Klatten serait la seule à avoir été rendue publique. Et des fuites venant de l’enquête indiquent que M. Barretta a fait des déclarations extraordinaires au sujet de son partenaire dans une manœuvre pour atténuer leur culpabilité.

Il se trouve que le premier nom de M. Sgarbi était Helg Russak et que, alors qu’il se présente lui-même comme un Italo-suisse, son père (selon M. Barretta) était un Juif Polonais. Pendant la deuxième guerre mondiale, cet homme avait été contraint de travailler comme ouvrier esclave dans une usine BMW qui produisait du matériel militaire pour le IIIème Reich. Cette histoire personnelle avait créé la haine sous jacente pour BMW, a affirmé M. Barretta, ce qui avait conduit son ami à chercher un type de vengeance extraordinaire.

Les accusations selon lesquelles BMW, comme beaucoup de grandes entreprises allemandes, a utilisé une main d’œuvre asservie pendant la guerre sont bien établies. Ces accusations contre BMW ont ressurgi récemment à la télévision dans un documentaire diffusé en Allemagne en octobre 2007. Quand Magda Quandt divorça du fondateur de BMW et épousa Goebbels, le fils aîné de Gunther, Herbert – le grand oncle de Mme Klatten – fut élevé par Goebbels et sa nouvelle épouse et finit par prendre le contrôle de l’entreprise en 1959. Le lien avec Goebbels rapprocha l’entreprise des Nazis.

Après la diffusion du documentaire, un porte parole de BMW déclara que ces allégations n’avaient «rien d’absolument nouveau, » mais auparavant la famille Quandt s’était décrite elle-même comme victime du IIIème Reich. DPA, l’agence de presse allemande, indique que «quand le programme d’indemnisation des travailleurs forcés en Allemagne a été mis en place, la famille Quandt avait refusé d’y contribuer en affirmant qu’ils n’avaient aucune raison de le faire.»

Pourtant, la connaissance de la collaboration entre BMW et les Nazis remonte aux premiers jours de l’après-guerre. Karl Sommer, un officier SS qui a dirigé son principal bureau des affaires économiques et administratives à partir de 1944 avait parlé à ses interrogateurs Américains du recours à la main d’œuvre esclave dans les sociétés allemandes, et BMW figurait en tête de sa liste. Une source affirme que BMW a reconnu avoir utilisé entre 25 000 et 30 000 travailleurs esclaves, prisonniers de guerre et internés en camps de concentration, dont les maigres salaires, dit-on, allaient tout droit dans la caisse de la SS «pour financer leur propre annihilation.»

Un seul membre de la famille Quandt a accepté de s’exprimer sur les accusations portées par le programme. Sven Quandt, cousin de Mme klatten, a déclaré que les enfants n’étaient pas coupables des actes de leurs parents.

Reste à voir si les affirmations à visée atténuante sur son collègue sont fondées, où si elles ne qu’une autre invention encore plus fabuleuse d’un duo qui a vraiment la magic touch.

Herbert Quandt, un entrepreneur controversé

Herbert Quandt, c’est vrai, une des plus gros fut un des patrons Allemands à connaître une grande réussite dont la réputation fut ternie par les activités en temps de guerre.

Enfant, M. Quandt avait souffert d’une maladie rétinienne qui le rendit presque aveugle à l’âge de neuf ans. En conséquence, il fut éduqué à la maison mais finit par quitter nid familial en se formant dans les sociétés de la famille en Allemagne et en Amérique.

En 1940, il siégeait au comité directeur d’AFA (aujourd’hui VARTA). Et quand son père mourut en 1954, M. Quandt – avec son demi-frère Harald) – hérita de VARTA, BMW et Altana AG.

Même si la famille a été active pendant la première guerre mondiale – approvisionnant l’armée en uniformes entre autres – le scandale a surgi de son implication dans la deuxième guerre mondiale quand M. Quandt et son père auraient, dit-on, travaillé étroitement avec Hitler, fournissant des équipements comme des batteries ou des produits chimiques à ses forces.

On dit que les conditions de travail dans les usines Quandt étaient pénibles et que des travailleuses esclaves étaient employées – des activités actuellement objet d’une enquête à la demande de la famille suite à l’émission de la télévision allemande.

Quand M. Quandt mourut en 1982, il avait été marié trois fois, laissant à ses enfants des milliards en héritage. Ils reçurent des parts dans la société pharmaceutique Altana et l’entreprise automobile BMW.

Miranda Bryant

posted by Djazaïri at 6:57 PM

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Sur Ernano Barretta :

il a été mêlé avec les anciens présidents Giulio Andreotti et Bettino Craxi au scandale de dessous de table Tangentopoli.
De 2001 à 2006 il siégeait pour le parti de Forza Italia de Silvio Berlusconi au parlement et a été présenté avec Berlusconi devant la justice.

www.tagesanzeiger.ch/panorama/vermischtes/Wo-sind-die-Millionen-der-Susanne-Klatten/story/20918944

10 mars 2009 à 09:07  

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