lundi, mai 07, 2007

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Saint-Nicolas (Sarkozy?) de Cappadoce

Nicolas Sarkozy vient d'être élu président de la république française avec une majotité confortable qui atteste du succès de son OPA sur l'électorat de Le Pen et, à contrario, de l'échec de la démarche de Mme Royal pour obtenir un soutien massif de l'électorat centriste.
Car c'est dans cette ponction des voix lepénistes que réside le succès de M. Sarkozy qui a soigneusement choisi ses thèmes de campagne dans ce but.
De la glorification du "travail" et non des travailleurs au mouton égorgé dans la baignoire en passant par une forme de réhabilitation de l'OAS, tous les thèmes chers à MM de Villiers et Le Pen ont été repris par notre désormais président de la république.
Bonne analyse, bon marketing : la droite gagne en se positionnant à droite, la gauche en se positionnant à gauche. Une gauche qui tend vers le centre ne peut que perdre.
Dans la thématique lepéniste agitée par N. Sarkozy, figure également son opposition affichée à l'entrée de la turquie dans l'Union Européenne. Ce qui le place également dans la même ligne que la chancelière conservatrice Allemande. Tout cela n'a pas échappé aux observateurs Turcs ainsi qu'on peut le lire dans l'article que je vous propose ci-après. On remarque que si les Turcs semblent prêts à faire leur deuil d'une entrée dans l'UE, ils n'apprécient guère l'argumentation employée par M. Sarkozy lors de son face à face avec Mme Royal et se plaisent à rappeler entre autres, que c'est dans cette même Cappadoce, que M. Sarkozy refuse de voir en Europe, qu'est né et a vécu Saint-Nicolas dont notre président porte le prénom.

L'Europe est inimaginable sans la Cappadoce
par Emine KART, Zaman (Turquie) 7 mai 2007

Les électeurs Français votent ce dimanche pour une élection présidentielle qui désignera le premier président français né après la 2ème guerre mondiale. Les sondages d'opinion suggèrent que le conservateur Nicolas Sarkozy, opposé à la démarche d'adhésion de la Turquie à l'Union Européenne sortira gagnant de l'élection.
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Sarkozy, à la différence de Ségolène Royal, sa concurrente socialiste, était déjà bien connu de l'opinion publique turque, avant même la campagne présidentielle au cours de laquelle il a souvent marqué son opposition à l'adhésion de la Turquie à l'UE. Tout au long de sa carrière de ministre de l'Intérieur, il n'a jamais fait mystère de ses sentiments et de sa pensée au sujet de la Turquie. Sarkozy a, avec constance, mis l'accent sur une offre officieuse de statut de « partenaire privilégié » à la place de l'objectif turc d'adhésion pleine et entière à l'Union Européenne.
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Jusqu'à quel point la description géographique propre à M. Sarkozy des 27 membres actuels du bloc européen sera-t-elle adoptée par d'autres leaders de l'UE est un sujet de curiosité en Turquie. « Il est évident que sa présidence ne sera pas très positive concernant les relations de la Turquie aussi bien avec l'UE qu'avec la France, s'il agit réellement dans la logique qu'il a suggéré pendant sa campagne présidentielle, » a déclaré Oguz Demiralp, haut responsable des relations de la Turquie avec l'UE.
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« Il aura montré son obstination jusqu'à la dernière minute, » ajoute Demiralp, chef su Secrétariat Général pour les relations avec l'UE, en référence à la position de Sarkozy pendant le débat houleux avec Mme Royal, diffusé en direct par la chaîne française TV5. Pendant le débat, Royal a plaidé que, en tant que membre de l'UE, la France ne pouvait ignorer qu'elle était liée par un engagement au lancement de négociations d'accession entre Ankara et l'UE, mettant l'accent sur le fait que « la porte ne pouvait pas être fermée complètement à un grand pays et à une grande civilisation comme la Turquie.»
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« Quand vous dites à ceux qui vivent en Cappadoce qu'ils sont Européens, la seule chose que vous réussirez à faire est de renforcer l'islamisme, » avait alors répondu Sarkozy. Demiralp pense que Sarkozy a choisi le plus mauvais exemple pour affirmer que la Turquie n'est « pas sur le continent européen et appartient à l'Asie, et donc n'appartient pas à la civilisation européenne. » « Une Europe sans la Cappadoce est simplement inimaginable, » explique Demiralp qui rappelle que la Cappadoce est la région où les penseurs pré socratiques ont jeté les bases de la philosophie européenne. L'Asie mineure est aussi le lieu où est né le saint dont Sarkozy porte le nom, ce qu'un commentateur Grec a rappelé dans un article publié ce week-end par le quotidien grec Kathimerini. « L'histoire de l'Anatolie est en même temps l'histoire de l'Europe, l'argument de la Cappadoce était un très mauvais choix pour l'intérêt même de Sarkozy, » ajoute Demiralp.
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Des experts considèrent que Royal a fait une erreur en ne saisissant pas cette occasion de marquer un point important face à Sarkozy. « Si un adversaire plus brillant s'était trouvé face à Sarkozy ce mercredi soir, il ou elle aurait pu contre attaquant en démontrant son ignorance des racines de l'histoire, de la culture et de la philosophie européennes, » explique l'un d'entre eux. L'offre de « partenariat privilégié » - une invention d'Angela Merkel, la chancelière Allemande reprise par Sarkozy – traduit une tendance à ne percevoir la Turquie que comme un partenaire commercial et sécuritaire du bloc européen.
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Rappelé au fait que chaque fois que la Turquie se sent menacée elle tend à se replier sur elle-même et que généralement ce petit retrait psychologique du reste du monde devient un abîme qui conduit à un auto-isolement du pays, et questionné sur l'éventualité que la position de Sarkozy contre la Turquie pourrait influer négativement sur le soutien de l'opinion à l'adhésion de la Turquie à l'UE, Demiralp répond : «"En tout cas, la réponse à ces leaders Européens qui s'opposent à l'adhésion pleine et entière de la Turquie à l'UE se fera au niveau politique officiel. Ce qui compte n'est pas de laisser ce genre d'approches tuer l'envie de la population turque d'atteindre les standards européens, qui sont les standards modernes. Nous pouvons envisager une attitude réactionnaire envers à l'UE mais pas envers la civilisation".

posted by Djazaïri at 9:30 PM

4 Comments:

Anonymous Anonyme said...

C'est un jour très sombre pour la France. L'élection de Sarkozy signifie le rejet des valeurs progressistes françaises et l'adoption du néolibéralisme à l'américaine, avec toutes les conséquences négatives à anticiper.

J'ai écrit un texte à ce sujet sur mon blogue, avec une perspective québécoise, si cela vous intéresse.

7 mai 2007 à 23:16  
Blogger Djazaïri said...

Oui, bien sûr. Indiquez SVP les coordonnées de votre blog.

7 mai 2007 à 23:20  
Anonymous Anonyme said...

il est aussi indispensable d'etudier les conditions de l'installation au pouvoir de mustafa Kemal, et notamment les influences venues de la petite colonie de Salonique...

8 mai 2007 à 09:29  
Blogger Djazaïri said...

Le fait que Mustapha Kemal soit né à Salonique n'est pas indifférent quant à sa formation politique. Je ne sais pas si la Turquie fait partie de l'Europe mais ce qui est certain c'est que la vision du père de la Turquie moderne était calquée sur celle qu'il avait de l'Europe occidentale. Je crois aussi que des Juifs Ottomans ont joué un rôle non négligeable dans la formation politique de Mustapha Kemal.
La Turquie moderne s'est en fait forgée dans le rejet de l'Asie et de l'orient, ce que M. Sarkozy sait peut-être.

8 mai 2007 à 12:34  

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