L'accord de la municipalité - Etat de Hambourg avec la communauté musulmane
Curieusement,
ce fait qui a été signalé par plusieurs médias, comme La Croix dont je reproduis
ci-dessous l’article, ou Le
Monde et 20
Minutes, n’a guère été commenté. C’est pourtant un évènement important.
D’autant
que l’accord dont il est question ne se limite pas aux jours fériés comme le
laissent entendre certains titres puisqu’il inclut par exemple l’enseignement
religieux dans les écoles publiques. Les dispositions pour les jours fériés ressemblent d'ailleurs à celles qui existent en France.
En soi,
cet accord marque une étape importante pour la reconnaissance de la religion
musulmane en Allemagne à l’instar d’autres religions comme le catholicisme, le protestantisme et le judaïsme.
Il a
aussi l’intérêt de nous rappeler que la laïcité à la française est plus l’exception
que la règle en Europe et que 1) l’absence de laïcité n’est pas incompatible
avec la construction d’un Etat moderne où les libertés publiques sont
respectées, 2) la laïcité n’est pas la seule voie permettant de garantir la
liberté de conscience et 3) le vivre ensemble est possible sans laïcité.
Surtout
la laïcité telle qu’elle est conçue depuis quelques années !
Mais attention,
ma petite voix ne plaide pas pour un abandon de la laïcité en France. Je
souhaite simplement rappeler que la laïcité dans l'Hexagone est intimement liée à l’histoire
particulière de la nation française et au foyer de contestation des institutions
républicaines qu’a longtemps représentée l’église catholique.
La Croix, 16 août 2012
Trois associations musulmanes, ainsi que la
communauté alévie, ont signé avec le maire de Hambourg un accord portant sur
les fêtes religieuses, les cours de religion dans les écoles, les lieux de
culte et les rituels funéraires.
L’accord doit encore être ratifié par le
Parlement de Hambourg, ville-Etat du Nord de l’Allemagne, mais il est déjà
présenté par la presse allemande comme un «signal positif» dans la
reconnaissance concrète de l’islam dans le pays.
À l’issue de cinq ans de négociations, mardi
14 août 2012, le maire de Hambourg, Olaf Scholz, a signé avec les représentants
de la communauté musulmane et la communauté alévi deux accords concernant les fêtes religieuses, l’éducation
religieuse, la construction de lieux de culte et de sépulture. La question du
statut juridique des associations signataires a également été abordée, mais les
associations musulmanes ne pourront se voir accorder le statut de «
corporations de droit public » accordé de longue date aux Églises catholique et
protestante et leur permettant de percevoir l’impôt ecclésiastique.
Trois associations musulmanes ont signé – le
DITIB (regroupant la communauté turque), la Choura (Association des communautés
musulmanes de Hambourg) et l’Association des centres culturels islamiques
(VIKZ), ainsi que la communauté alévi, religion issue de l’islam et très
présente en Turquie. «La Ville avait déjà signé des contrats avec les
communautés protestantes et l’Église catholique (2005) et la communauté juive
(2007)» , rappelle-t-elle dans son communiqué.
LES FÊTES MUSULMANES ET ALÉVIS RECONNUES
«Alors que les dispositions de l’accord
confirment largement les droits et obligations des parties découlant de la
constitution et de la loi, il entraîne tout de même un changement juridique :
les fêtes musulmanes et alévies les plus importantes acquièrent le même statut
que les fêtes religieuses chrétiennes» , précise le texte. Ce jour-là, les
salariés souhaitant ne pas travailler pourront poser un jour de vacances ou
récupérer plus tard.
Cité par le Spiegel , Aydan Özoguz, responsable du centre gauche
Parti social-démocrate et député fédéral de Hambourg, a reconnu qu’«il y a une
grande différence pour un travailleur musulman entre dire à son patron ‘‘je
prends des vacances” , et pouvoir être plus direct et dire “ceci est mon jour
de fête religieuse, et je tiens à le célébrer, donc je vais prendre un congé et
faire le travail plus tard”» .
Le changement concerne surtout
l’enseignement. L’instruction religieuse à l’école a une position particulière
en Allemagne : elle est placée sous le contrôle de l’État, mais son contenu
relève de la responsabilité des Églises. Alors que jusqu’à présent, l’Église
protestante de Hambourg était responsable de l’enseignement religieux dans les
écoles publiques, le dispositif prévoit, pendant cinq ans, «un développement de
l’enseignement islamique et alévi avec l’objectif d’une participation égale» .
Ce qui suppose «l’utilisation de professeurs de religion musulmane et alévi» .
UN « PROGRÈS EN MATIÈRE D’INTÉGRATION »
Le maire de Hambourg a salué le succès des
négociations qualifiant ces accords de «progrès politique en matière
d’intégration» et de «signal d’une volonté de coopération» . «Nous
reconnaissons la présence de l’islam et de l’alévisme comme faisant partie de
la société» , écrit-il. «Bien que de nombreuses dispositions ne fassent que
répéter la loi applicable, nous voulons confirmer à ces deux communautés leurs
droits et obligations dans notre société. Car c’est un signal clair, qui marque
le début d’une collaboration, pas sa fin. Ces accords devront faire leurs
preuves, nous y travaillerons ensemble» .
Le Parlement de la ville doit encore se
prononcer sur les textes, précise le communiqué. «S’ils sont validés, ils
entreront en vigueur à l’automne» .
ANNE-BENEDICTE HOFFNER
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