Les sionistes doivent regarder la réalité en face
Le président Turc, Abdullah Gül parlait récemment du fardeau sioniste qui pèse sur les épaules de son pays. Et il est vrai que, dans le contexte des évolutions politiques au proche orient, c’est la place de n’entité sioniste dans la région que le gouvernement turc aimerait redéfinir.
Pour l’heure, les Turcs, après l’épreuve de force diplomatique autour du Mavi Marmara, souhaitent plutôt faire appel à la raison des dingos qui gouvernent à Tel Aviv.
Faire appel à la raison des fous, est un pari perdant à tous les coups et c’est peut-être bien l’avis de Semih İDİZ (cf sa conclusion) qui nous donne un article assez éclairant sur la vision stratégique de la Turquie.
Cette vision est celle d’un Moyen Orient où la Turquie joue un rôle décisif si ce n’est dominant et dans lequel elle peut se déployer économiquement et politiquement.
Du point de vue turc, l’entité sioniste peut avoir sa place dans ce schéma, mais à certaines conditions. La première est de régler par la voie des négociations les différends qui l’opposent à ses voisins. Parce que l’analyse d’Ankara est qu’à terme la position de tous les pays de la région se raidira à l’égard du régime sioniste si ce dernier refuse le processus de règlement pacifique. Le corollaire est que l’entité sioniste doit devenir un Etat ordinaire qui ne sera plus un obstacle au rayonnement de la Turquie qui veut un Proche Orient apaisé.
Enfin, la Turquie n’a certainement pas envie d’une guerre avec l’Iran dont elle subirait nécessairement des conséquences sur les plans économique et politique. Or, le déclenchement d’une telle guerre semble dépendre en bonne partie du bon vouloir des dirigeants de l’entité sioniste et certainement pas de la Turquie dont les efforts de règlement du dossier nucléaire iranien avaient été méticuleusement torpillés par ses alliés de l’OTAN (une humiliation dont elle ne leur tient pas rigueur, semble-t-il).
Par Semih İDİZ, Hurriyet (Turquie) 6 décembre 2011 traduit de l’anglais par Djazaïri
La Turquie et Israël auraient dû voir les choses avec hauteur et agir en conséquence, au lieu de voir leurs liens se distendre en cette période de turbulences au Moyen Orient. Mais des deux côtés, on a fait de l’incident du Mavi Marmara une affaire de dignité nationale, chacun s’arc-boutant sur ses positions.
Si on regarde les choses dans leur ensemble, cependant, les développements dans la région compliquent plus la vie à Israël qu’à la Turquie (les choses dépendront en fait du sort que connaîtra la Syrie, NdT). A la différence d’Israël, après tout, le monde parle aujourd’hui de la Turquie pour son influence positive dans la région.
Dans le même temps, Israël a commencé à montrer qu’elle n’était pas indemne des tendances négatives qu’elle attribue généralement aux Arabes. Ce n’est pas seulement un Turc qui le dit. Abraham Foxman, le président de l’Anti-Defamation League aux Etats Unis, s’inquiète aussi de “l’érosion” de la démocratie israélienne. Dans un article d’opinion pour le Huffington Post du 1er décembre, Foxman a reconnu la légitimité des préoccupations israéliennes, mais a formulé l’avertissement suivant :
“Quand, cependant, sont votées des lois qui étouffent la liberté d’expression, cherchent à affaiblir l’indépendance de la justice, visent à saper les droits des Arabes et d’autres minorités, c’est alors le caractère démocratique même de l’Etat qui est érodé,» a-t-il dit.
Mais il semble que ce n’est pas seulement la démocratie qui est «érodée» en Israël. Selon un media israélien, la Secrétaire d’Etat US Hillary Clinton a déclaré récemment pendant un forum à Washington qu’elle était consternée par la montée d’un fondamentalisme intrusif et envahissant en Israël.
Le quotidien Yediot Aharonot par exemple, écrit que Clinton a “parlé de son choc d’apprendre que certains autobus de Jérusalem faisaient une ségrégation selon le sexe et que certains soldats israéliens refusaient de participer à des événements où des femmes devaient chanter. » D’autres journaux ont cité Clinton comme disant qu’on pouvait s’attendre à ce genre de choses de l’Iran, pas d’Israël.
La vérité est qu’on a de plus en plus conscience à Washington et dans d’autres capitales occidentales de ce qu’est Israël et de ce qu’elle n’est pas. On entend ainsi, par inadvertance en raison d’un micro resté accidentellement branché, le président Français Nicolas Sarkozy dire au président Barack Obama que le premier ministre Israélien benjamin Netanyahou «est un menteur.»
Obama à son tout, est entendu à cause du même accident de micro en train d’exprimer sa propre frustration dans ses discussions avec Netanyahou. Nous avons maintenant le Secrétaire d’Etat US à la défense, Leon Panetta qui exprime sa propre profonde frustration devant l’intransigeance israélienne.
S’exprimant devant un forum à Washington, Panetta qui doit bientôt venir à Ankara, a exhorté Israêl à « simplement revenir à cette foutue table, » [de négociations] affirmant que « Le problème en ce moment est que nous ne pouvons pas les amener à cette foutue table, ne serait-ce que pour s’asseoir et commencer à discuter de leurs divergences.» Soulignant l’isolement croissant d’Israël, Panetta a exhorté les responsables Israéliens à faire un geste en direction de la Jordanie, de l’Egypte et de la Turquie.
Panetta a aussi rejeté l’idée d’une opération militaire contre l’Iran, au grand dam sans doute des tenants Israéliens d’une ligne dure. « Une frappe pourrait perturber les économies déjà fragiles de l’Europe et des Etats Unis, entraîner une riposte iranienne contre les forces US et finalement déclencher une réaction populaire en Iran qui renforcerait ses dirigeants,» a-t-il dit.
Ce sont des vérités évidentes depuis un bout de temps, même si certains refusent de les admettre en raison de leurs œillères pro-israéliennes. Ce sont aussi des vérités que la plupart des israéliens refusent d’accepter. Le point essentiel, cependant, est que les développements régionaux et intérieurs ne présagent rien de bon pour Israël, et les Israéliens modérés devraient s’inquiéter.
Que le gouvernement israélien s’en rende compte et change de tactique pour être en phase avec la situation en gestation dans la région reste une question ouverte. Ce qui est clair est que peu de gens se hasarderaient à miser de l’argent sur ce pari.
Libellés : Abdullah Gul, Anti Defamation League, Benjamin Netanyahou, entité sioniste, Leon Panetta, Mavi Marmara, Turquie
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