C'est le retour de "Titide" que craignent les Etats Unis et la France
A côté de la tragédie qui a résulté du séisme qui a frappé Haïti, il faut reconnaître que cette catastrophe naturelle (dans son origine, non dans ses effets) nous donne aussi à voir ce qu'on appelait communément il y a quelques années, l'impérialisme en action.
Cet impérialisme, c'est celui des Etats Unis. Président Obama ou pas, c'est tout un rapport au monde qui s'exprime dans la façon dont les Etats Unis ont pris en main les événements dans cet Etat de la Caraïbe.
D'aucuns se sont félicités de cette prise en main par Washington. Après tout, l'administration haïtienne s'est trouvée complètement désorganisée par les conséquences du séisme et il fallait quelqu'un pour gérer les opérations de secours.
Sauf que le secours aux populations n'a pas du tout été la priorité du gouvernement des Etats Unis qui s'est concentré sur la sécurité. A juste titre dira-t-on car les catastrophes de ce genre donnent souvent lieu à des manifestations de pillage, de violence qui trouvent d'autant plus à s'exprimer que la police est absente du terrain.
Le problème est que le Haïti d'après séisme n'a pas connu d'explosion de violence ou d'émeutes. Au contraire même. Comme le fait remarquer Mark Weisbrot; la violence risquerait par contre de se déchaîner si l'aide alimentaire et en eau, retardée précisément par le déploiement US, se fait trop attendre. La violence consistera alors en une lutte pour l'eau et pour la nourriture.
Si la violence n'est pas le motif réel de ce qu'il faut bien appeler une occupation militaire, quel en est donc le motif véritable?
Mark Weisbrot ne se cache pas derrière son petit doigt. Même si son souci est avant tout de donner de la voix pour une accélération de la livraison d'aide aux populations, cil considère que ce que craint par dessus tout Washington est un retour de Jean-Bertrand Aristide en Haïti avec, à la clef, un éventuel retour au pouvoir de ce dernier que les Etats Unis, avec la France et le Canada, avaient conspiré à faire renverser par un coup d'état.
Etats Unis, France, canada, les trois Etats les plus présents dans la crise que vit présentement Haïti.
Haïti a besoin d'eau potable, pas d'une occupation
Les Etats Unis n'ont jamais voulu d'une Haïti indépendante, et leur focalisation sur les 'problèmes de sécurité' a entravé l'arrivée de l'aide suite au séisme.
par Mark Weisbrot, The Guardian (UK) 20 janvier 2010 traduit de l'anglais par Djazaïri
Cet impérialisme, c'est celui des Etats Unis. Président Obama ou pas, c'est tout un rapport au monde qui s'exprime dans la façon dont les Etats Unis ont pris en main les événements dans cet Etat de la Caraïbe.
D'aucuns se sont félicités de cette prise en main par Washington. Après tout, l'administration haïtienne s'est trouvée complètement désorganisée par les conséquences du séisme et il fallait quelqu'un pour gérer les opérations de secours.
Sauf que le secours aux populations n'a pas du tout été la priorité du gouvernement des Etats Unis qui s'est concentré sur la sécurité. A juste titre dira-t-on car les catastrophes de ce genre donnent souvent lieu à des manifestations de pillage, de violence qui trouvent d'autant plus à s'exprimer que la police est absente du terrain.
Le problème est que le Haïti d'après séisme n'a pas connu d'explosion de violence ou d'émeutes. Au contraire même. Comme le fait remarquer Mark Weisbrot; la violence risquerait par contre de se déchaîner si l'aide alimentaire et en eau, retardée précisément par le déploiement US, se fait trop attendre. La violence consistera alors en une lutte pour l'eau et pour la nourriture.
Si la violence n'est pas le motif réel de ce qu'il faut bien appeler une occupation militaire, quel en est donc le motif véritable?
Mark Weisbrot ne se cache pas derrière son petit doigt. Même si son souci est avant tout de donner de la voix pour une accélération de la livraison d'aide aux populations, cil considère que ce que craint par dessus tout Washington est un retour de Jean-Bertrand Aristide en Haïti avec, à la clef, un éventuel retour au pouvoir de ce dernier que les Etats Unis, avec la France et le Canada, avaient conspiré à faire renverser par un coup d'état.
Etats Unis, France, canada, les trois Etats les plus présents dans la crise que vit présentement Haïti.
Haïti a besoin d'eau potable, pas d'une occupation
Les Etats Unis n'ont jamais voulu d'une Haïti indépendante, et leur focalisation sur les 'problèmes de sécurité' a entravé l'arrivée de l'aide suite au séisme.
par Mark Weisbrot, The Guardian (UK) 20 janvier 2010 traduit de l'anglais par Djazaïri
Lundi, six jours après le tremblement de terre en Haïti, l'US Southern Command a finalement commencé à larguer des bouteilles d'eau et de la nourriture depuis un avion militaire C-17. Le secrétaire à la défense Robert Gates avait d'abord écarté une telle méthode en raison de "problèmes de sécurité."
Si les gens n'ont pas d'eau potable, des épidémies de maladies hydriques peuvent se produire qui pourraient faire augmenter le nombre de morts. Mais les Etats Unis envoient en ce moment 10 000 soldats et semblent accorder la priorité à la "sécurité" par rapport à des besoins bien plus urgents qui sont une affaire ce vie ou de mort. Ces troupes s'ajoutent aux 3500 casques bleus supplémentaires qui doivent arriver.
Dimanche matin, l'organisation humanitaire mondialement connue Médecins Sans Frontières s'est plainte qu'un avion transportant un hôpital mobile ait été dérouté par l'armée US vers la République Dominicaine. Ce qui pourrait coûter 48 heures cruciales et un nombre indéterminé de vies.
Dimanche, Jarry Emmanuel, responsable de logistique aérienne pour le Programme Alimentaire Mondial de l'ONU, a déclaré: "200 vols partent ou arrivent chaque jour, c'est un nombre incroyable pour un pays comme Haïti... Mais la plupart des vols sont pour l'armée US."
Pourtant, le Lieutenant Général PK Keen, sous commandant de l'US Southern Command, rapporte que la violence est moindre en Haïti actuellement qu'elle ne l'était avant le tremblement de terre. Le Dr Evan Lyon, de Partners in Health, une organisation d'aide médicale connue pour ses efforts héroïques en Haîti, parle de "désinformation et de rumeurs... et de racisme" s'agissant des questions de sécurité.
Nous avons circulé à travers la ville jusqu'à 2h ou 3h du matin chaque nuit, pour évacuer des patients, transporter du matériel. Il n'y a pas de soldats de l'ONU. Il n'y a pas de présence militaire US. Il n'y a pas de présence policière haïtienne. Et il n'y a pas non plus de violence. Il n'y a pas d'insécurité.
Pour comprendre l'obsession du gouvernement des Etats Unis avec les "problèmes de sécurité", il faut s'intéresser à l'histoire récente de l'implication de Washington dans ce pays.
Bien avant le séisme, le sort d'Haïti était comparable à celui de bien des sans abris dans les rues des Etats Unis; trop pauvres et trop noirs pour avoir les mêmes droits légaux et constitutionnels que les autres citoyens. En 2002, quand un coup d'état militaire soutenu par les Etats Unis avait renversé temporairement le gouvernement élu du Vénézuela, la plupart des gouvernements de l'hémisphère sud avaient réagi promptement et avaient participé à focer le rétablissement du pouvoir démocratique. Mais deux ans plus tard, quand jean-Bertrand Aristide, le président démocratiquement élu d'Haïti fut kidnappé par les Etats Unis et expédié en exil en Afrique, la réaction fut muselée.
A la différence des deux siècles de pillage d'Haïti depuis sa fondation par une révolte d'esclaves en 1804, la brutale occupation par les marines USA de 1915 à 1934, les innombrables atrocités commises sous des dictatures appuyées et encouragées par Washington et le coup d'état de 2004 ne peuvent pas être rejetés comme étant de "l'histoire ancienne." C'était il y a six ans seulement, et est en rapport direct avec ce qui se passe en ce moment.
Les USA, avec la France et le Canada ont conspiré ouvertement pendant quatre ans pour renverser le gouvernement haïtien élu, coupant presque toutes les aides internationales afin de détruire l'économie et de rendre le pays ingouvernable. Ils ont réussi. A ceux qui se demandent pourquoi il n'y a aucune institution gouvernementale haïtienne pour s'occuper des secours aux sinistrés, voilà une bonne explication. Ou pourquoi trois millions de personnes étaient entassées dans la zone où le séisme a frappé. Des années de politique US ont aussi participé à la destruction de l'agriculture haïtienne en forçant, par exemple, à l'importation de riz US subventionné et en éliminant des milliers de riziculteurs Haïtiens.
Aristide, le premier président démocratiquement élu du pays, fut renversé après seulement sept mois de pouvoir en 1991 par des officiers de l'armée et des escadrons de la mort dont on découvrira plus tard qu'ils émargeaient à la CIA. Maintenant, Aristide veut rentrer dans son pays, ce que la majorité des Haïtiens exige depuis sa déposition. Mais les Etats Unis ne veulent pas de lui. Le gouvernement de René Préval, qui est complètement sous la coupe de Washington, a décidé que le parti d'Aristide - le plus important d'Haïti - ne sera pas autorisé à participer aux prochaines élections (initialement prévues le mois prochain).
La crainte du retour de la démocratie en haïti pourrait bien expliquer pourquoi les Etats Unis envoient aujourd'hui 10 000 hommes et donnent la priorité à la "sécurité" par rapport à d'autres besoins.
Cette occupation militaire par des troupes US soulèvera d'autres problèmes dans l'hémisphère sud, en fonction de la durée de leur présence - exactement comme le récent renforcement de la présence militaire US en Colombie a été accueillie avec beaucoup de mécontentement et de méfiance dans la région. Et les organisations non gouvernementales ont soulevé d'autres questions sur la reconstruction proposée: de façon compréhensible, elles veulent que la dette d'Haïti soit annulée, et des dons plutôt que des prêts (le FMI a proposé un prêt de 100 millios de dollars).
Les besoins pour la reconstruction se chiffreront en milliards de dollars: Washington encouragera-t-elle l'installation d'un gouvernement qui fonctionne? Ou l'empêchera-t-elle, en faisant transiter l'aide par des ONG et en assumant directement elle-même diverses fonctions en raison de sa vieille opposition à un gouvernement indépendant en Haïti?
Mais le plus urgent est la fourniture rapide d'eau potable. L'US Air force a la capacité de fournir suffisamment d'eau pour tous ceux qui en ont besoin en Haïti en attendant qu'une logistique terrestre se mette en place. Plus l'eau sera disponible, et moins probables seront les affrontements ou les émeutes pour cette ressource rare. La nourriture et les médicaments pourraient aussi être livrés par des largages aériens. Ces opérations devraient être lancées immédiatement. Il n'y a pas de temps à perdre.
Libellés : Haïti, Jean-Bertrand Aristide, René Préval, séisme
1 Comments:
Le Islamic relief distribue de l'eau
http://www.youtube.com/watch?v=lDKhJNwI5q4&hl=fr_FR&fs=1&]
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