Azmi Bishara diffame-t-il l'entité sioniste en la comparant au régime d'apartheid. La réponse d'un spécialiste.
Ronnie Kasrils, le ministre Sud-Africain des services de renseignements, est issu d'une famille juive Balte et c'est un vétéran de la lutte clandestine contre l'apartheid dans son pays. Ses prises de position en faveur des Palestiniens et sa condamnation nette du sionisme irritent le lobby sioniste dans son pays et, bien sûr, les chefs du gang sioniste à Tel Aviv. Kasrils est un marxiste, ce qui ne l'a pas empêché, au cours d'une récente visite effectuée en Palestine occupée d'inviter officiellement en Afrique du Sud Ismaïl Haniyeh, le premier ministre Hamas de l'Autorité Palestinienne. C'est que Kasrils ne s'y trompe pas et sait parfaitement faire la différence entre un mouvement d'émancipation tel que le Hamas et l'idéologie sioniste qui charrie en son coeur même le racisme et l'apartheid. Et en tant que Sud-Africain, il sait parfaitement de quoi il parle. Ses propos apportent une réponse sans équivoque au Yedioth qui accuse Azmi Bishara, un membre Palestinien du parlement sioniste, de diffamer l'entité sioniste en la comparant au régime d'apartheid de l'ancienne Afrique du sud. Il faut aussi se souvenir qu'alors que l'entité sioniste était une alliée fidèle du régime d'apartheid, les pays arabes ont généralement soutenu l'ANC telle l'Algérie où Mandela avait pu recevoir une formation militaire. Laissons donc la parole à Ronnie Kasrils.
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(le texte provient du quotidien sud-africail Mail & Guardian du 21 mai 2007, via Random Pottins, le blog de l'historien Britannique Charlie Pottins) Traduit de l'anglais par Djazaïri
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Voyager en Palestine, dans la bande de Gaza et en Cisjordanie où je me suis rendu récemment, c'est faire un voyage surréaliste à rebours dans l'état d'urgence de l'apartheid. On se décourage à devoir passer par une myriade de checkpoints – plus de 500 en Cisjordanie. Ils sont contrôlés par des soldats lourdement armés, jeunes mais à l'air sinistre, nerveusement attentifs à chaque mouvement, les doigts sur la gâchette.
Heureusement pour moi, que du fait que je circulais dans un véhicule de l'ambassade d'Afrique du Sud avec des documents officiels et une escorte, les délais de passage étaient brefs. Balayer du regard les files de palestiniens à pied ou en voiture c'était comme voir les files d'attente silencieuses et tristes devant les bureaux de passage de l'ancienne Afrique du Sud.
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Le trajet d'une ville de Cisjordanie à une autre, qui pourrait prendre 20 minutes en voiture dure actuellement 7 heures pour les Palestiniens, soumis à de multiples vexations par de très jeunes soldats. Mon ami, la militante pour la paix Terry Boullata a quasiment abandonné son travail d'enseignant. Le monstrueux mur de l'apartheid s'interpose entre son domicile de Jérusalem Est et son école qui se trouvait de l'autre côté de la rue, lui imposant désormais un trajet d'une heure. Elle s'en tire mieux que les paysans de Qalqilya dont le bourg rural autrefois prospère est totalement cerné par le mur avec ses deux portes d'entrée. Ce sont les troupes d'occupation qui en ont la clef. Souvent elles ne sont même pas là pour permettre à quiconque d'entrer ou de sortir. Bethléem aussi est complètement enfermée par le mur avec deux points de passage. Les Israéliens ont ajouté l'insulte à la blessure en placardant les entrées avec des affiches pittoresques souhaitant la bienvenue aux touristes dans le lieu où est né le Christ.
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La « barrière de sécurité, » selon les termes israéliens, a autant pour but de briser le moral des hommes que de parquer les Palestiniens dans des ghettos. Comme un serpent, elle change de forme et coupe à travers les terres agricoles sous la forme d'une barrière d'acier et de fil de fer, avec des tours de guet, des fossés, des chemins de patrouille et des systèmes d'alarme. Elle aura 700 km de long et, d'une hauteur de 8 à 9 mètres par endroit, elle éclipse le mur de Berlin. La fonction de la barrière devient claire en rase campagne. Son tracé englobe de larges pans de la Cisjordanie pour incorporer en Israël les colonies juives illégales – dont certaines sont de grandes agglomérations – et annexer toujours plus de territoire palestinien.Les Israéliens affirment que l'objectif du mur est seulement de prévenir les attaques terroristes. Si c'était le cas, expliquent les Palestiniens, pourquoi n'a-t-il pas été construit le long de la frontière marquée par la ligne verte?
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On ne peut que souscrire à l'observation du ministre Sud-Africain Essor Pahad qui a déclaré : « Il est devenu parfaitement évident que le mur et les checkpoints ont pour rôle principal d'améliorer la sécurité des colons et de leur faciliter les choses. »La Cisjordanie, 22 % de ce qui fut la Palestine historique, a vu sa superficie réduite de 10 à 12 % pour ses habitants et est scindée en plusieurs fragments dont la vallée du Jourdain qui est une zone de sécurité pour les colons Juifs et l'armée israélienne. Comme le bande de Gaza, le Cisjordanie est de fait une prison hermétiquement fermée. Il est choquant de découvrir que certaines routes sont interdites aux Palestiniens et réservées aux colons Juifs. J'essaye vainement de me souvenir de de quoi que ce soit d'aussi obscène dans l'Afrique du Sud de l'apartheid. La bande de Gaza offre un paysage désolé de pauvreté, de crasse et d'infrastructures bombardées.
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De façon incongrue, nous avons pu prendre part à une réception donnée pour la journée de la libération de l'Afrique du Sud dans un restaurant avec vue sur le magnifique port et la plage. Des tirs résonnaient dans la rue, interrompant brièvement nos activités; c'étaient des milices ou d'autres groupes de personnes qui fêtaient la sortie d'hôpital d'un camarade blessé. De longues rangées de bateaux de pêche se balancent, inutiles, dans le port car les temps sont durs. Israël leur interdit de s'éloigner de plus de 3km de la côte rendant ainsi la pêche improductive. Pourtant, malgré tout, nos hôtes nous ont offert un banquet digne des meilleures traditions palestiniennes.
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Nous repartons par l'aéroport de Tel Aviv où un fonctionnaire Israélien repère mon accent. « Êtes-vous Sud-Africain? » me demande-t-il avec l'accent typique de la région de Gauteng. Ce jeune homme a quitté Benoni alors qu'il était enfant en 1985. « Comment est Israël? » lui ai-je demandé. « C'est un endroit pourri [fucked place], » dit-il en riant, « je pars bientôt pour l'Australie. » « De l'autre côté du miroir? » me suis-je dit. J'ai fait exactement comme Alice, je suis allé de l'autre côté du miroir dans un monde surréaliste qui est infiniment pire que l'apartheid. Dans quelques heures je serai en Irlande du Nord, invité à voir Ian Paisley et Martin MC Guinness prêter serment pour le partage du pouvoir à Stormont. Même PW Botha et Ariel Sharon n'ont jamais été aussi extrémistes que Ian Paisley dans sa période la plus belliqueuse et sectaire. L'Irlande a été sous la botte anglaise pendant 800 ans, le régime d'apartheid sud-africain a duré 350 ans. Le projet colonial sioniste remonte aux années 1880. La classe dirigeante israélienne, corrompue et dépourvue de vision, ne peut plus continuer à diriger à l'ancienne manière. Les Palestiniens ne sont pas disposés à rester plus longtemps sous oppression.
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Ce qu'il faut, c'est l'unité des Palestiniens derrière leur gouvernement élu renforcé pat les luttes des Palestiniens et des Israéliens progressistes avec le soutien de la solidarité internationale. Les exigences immédiates sont la reconnaissance du gouvernement d'unité nationale, le levée des sanctions économiques et du bouclage des territoires Palestiniens, la inde 40 ans d'occupation militaire et la reprise des négociations pour une solution avec deux ÉtatsRemarquons pour finir que l'invitation du premier ministre Ismaïl Haniyeh en tant que chef du gouvernement d'unité nationale a été saluée par le président Mahmoud Abbas et sera honorée par notre gouvernement. Comme ils disent en arabe : « Inch Allah si Dieu le veut].
Libellés : Afrique du Sud, ANC, Azmi Bishara, Bethléem, Charlie Pottins, Gauteng, Qalqilya, Ronnie Kasrils
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