La Turquie prise au piège de sa propre diplomatie
La Turquie qui voulait avoir « zéro problème » avec ses voisins a finalement obtenu le résultat inverse. Ne vouloir mécontenter personne ne remplace pas une politique censée servir les intérêts nationaux et la Turquie s’en aperçoit maintenant à ses dépends.
On a également du mal à voir quelle est la vision stratégique d’Ankara car sinon comment expliquer que, alors que les relations étaient au beau fixe, la direction politique turque ait tourné ainsi le dos au gouvernement syrien. A l’heure précisément où la Turquie aurait dû se servir de la qualité de ces relations pour encourager les autorités de Damas à faire des réformes audacieuses.
Au lieu de quoi, la Turquie s’est lancée dans une surenchère diplomatique visant à isoler la Syrie et a stimulé l’irrédentisme de la partie de l’opposition qui rêve d’exterminer le président Bachar al-Assad et ses proches (c’est du moins la partie la plus claire de son projet politique).
Si le régime syrien ne tombe pas à plus ou moins brève échéance, la Turquie va se trouver confrontée à un épineux problème qui remettra en cause ses projets de développement dans sa partie sud-est. Et que le régime syrien tombe ou pas, le problème kurde deviendra sans doute encore plus difficile à gérer.
Si on regarde du côté de l’entité sioniste ; on constate que le gouvernement turc n’est pas allé au-delà de certains gestes qui, même s’ils sont forts comme l’expulsion de l’ambassadeur de Tel Aviv, sont contredits par certaines postures d’Ankara comme la reprise des échanges d’informations entre les deux armées de l’air ou l’autorisation de survol du territoire turc par des engins de l’armée sioniste. On constate aussi, et c’est un coup dur pour la Turquie, que l’entité sioniste s’est beaucoup rapprochée de la Grèce, l’ennemi historique de la Turquie et de Chypre avec laquelle la Turquie a un double contentieux lié d’une part au contrôle (illégal) qu’exerce l’armée turque sur le nord de l’île et d’autre part à l’exploration des ressources en hydrocarbures des fonds marins, une activité contre laquelle la Turquie a récemment levé le ton. Avec pour résultat de pousser le gouvernement de Nicosie à se rapprocher du régime sioniste. Un régime sioniste qui, disons-le en passant, semble beaucoup plus intégré à l’Union Européenne que ne l’est ou ne le sera jamais la Turquie.
Une preuve de plus qu’Ahmet Davutoglu, le chef de la diplomatie turque avait raison quand il disait que plus tarderait le règlement du problème palestinien plus le prix à payer serait élevé pour tous les pays de la région, Turquie comprise
Et en parlant de prix justement, la Turquie se lamente maintenant de prix de l’énergie trop élevés en raison de la crise avec l’Iran et ce, malgré tous les efforts du ministère turc de l’énergie pour faire baisser les prix dans le cadre d’accords bilatéraux.
Il y a en effet quelque chose de pathétique à voir un ministre turc se lamenter pour une situation que son gouvernement a contribué à aiguiser par son rôle dans l’affaire syrienne (car l’agression contre la Syrie est une modalité de la guerre contre l’Iran) et par l’accueil d’un système de radars de l’OTAN tourné explicitement contre la «menace» iranienne. Menace est entre guillemets car le seule menace proférée par l’Iran est d’exercer des représailles contre tout pays qui l’agresserait.
Le premier ministre Pakistanais Gilani, le président Afghan Karzai et ses homomogues Pakistanais et Iranien Zardari et Ahmadinejad tiennent une très importante réunion au sommet à Islamabad |
Hurriyet (Turquie) 17 février 2012 traduit de l’anglais par Djazaïri
L’instabilité mondiale qui résulte en partie des tensions entre Washington et Téhéran au sujet du programme nucléaire de ce dernier se traduit par des coûts de l’énergie de plus en plus élevés sur le marché domestique turc en dépit des gros efforts d’Ankara pour importer des ressources énergétiques à un prix plus abordable, a déclaré hier Taner Yildiz, ministre de l’énergie.
“Les prix de l’énergie continuent à augmenter du fait de la pression exercée par l’instabilité politique mondiale en dépit de tous les efforts de la Turquie pour faire baisser les prix par des accords bilatéraux, » a déclaré Yildiz pendant la réunion à Ankara de la commission mixte Turquie – Afrique du Sud.
“Nous ne sommes pas satisfaits de cette situation,” a ajouté Yildiz
“Les efforts de la Turquie – pour s’entendre sur des importations d’énergie meilleur marché – s’avèrent finalement inutiles, » a-t-il dit selon l’agence de presse Anatolia.
Observant que le pris du baril de pétrole brut est passé de 108$ à 118$ du fait des menaces par l’Occident d’imposer des sanctions contre l’Iran pour son programme nucléaire et les menaces en retour par Téhéran de fermer le détroit d’Ormuz au trafic des navires pétroliers, Yildiz a déclaré, « Le simple fait de prononcer le mot sanction suffit à faire peser un fardeau sur nos épaules.»
Mais Yildiz a aussi dit que les relations commerciales avec l’Iran ne rencontraient aucun problème et se poursuivaient au contraire comme d’habitude.
En dépit d(un hiver exceptionnellement rigoureux en Turquie, le pays continue d’importer sans problème du gaz et du pétrole de chez son voisin oriental.
“Nos exigences d’un gaz naturel moins cher sont maintenues dans un cadre autre que celui de nos relations commerciales avec l’Iran,” a déclaré Yildiz.
La Turquie a déféré l’Iran devant le tribunal arbitral international le 16 janvier en raison d’un désaccord sur les prix du gaz.
L’Irak étudie des alternatives
L’Irak considère aussi des options pour exporter le pétrole produit dans ses puits du sud au cas où l’Iran bloquerait le détroit d’Ormuz par où transite environ deux tiers de sa production, a annoncé hier le ministre Irakien de la planification, Ali Youssef al-Shukri cité par Bloomberg.
Le voisin au sud de la Turquie étudie trois routes alternatives, don’t une via la Syrie et le Liban, et par via le port méridional turc de Ceyhan sur la méditerranée, a dit le ministre de la planification.
“Le gouvernement irakien est préoccupé par le problème de la fermeture du détroit d’Ormuz, » a-t-il ajouté.
Libellés : Ahmet Davutoğlu, Ceyhan, Chypre, entité sioniste, gaz naturel, Irak, Iran, Kurdes, Ormuz, OTAN, pétrole, Syrie, Taner Yildiz, Turquie
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