La ministre redevenue simple mère célibataire (ou les tribulations d'une Maghrébine ambitieuse)
L’histoire de Rachida Dati et sa toute
récente démarche en vue d’obtenir une
reconnaissance de paternité par un homme d’affaires Français sont
absolument emblématiques à plusieurs titres.
L’histoire de cette ancienne ministre était
déjà assez singulière, en ce qu’elle était sans doute la première femme
ministre à devenir mère célibataire alors qu’elle était en fonctions. Une situation
qui, en dépit de l’élégance de sa mise et de l’importance de son poste
ministériel, la renvoyait à sa condition originelle de femme d’origine
étrangère et issue du prolétariat.
Parce que le statut de mère célibataire, avec
ou sans connaissance officielle de l’identité du «père» est le lot de nombre
de jeunes femmes d’origine maghrébine mais aussi de leurs consoeurs issues de catégories
sociales marquées par la précarité et/ou la faiblesse des revenus.
En dépit de ce marqueur social qui la distinguait
de toutes les autres femmes ministres, Mme Dati symbolisait, et symbolise
encore, la success story d’une jeune femme qui grâce à un labeur acharné est
parvenue à échapper aux déterminismes sociaux.
Bon, il a fallu quelque chose de plus que le
labeur et les études, quelques rencontres décisives aux bons moments, comme
celle avec Albin Chalandon, ancien ministre de la justice lui-même.
Un autre aspect emblématique de la
trajectoire de Mme Dati, et qui est une leçon pour bien des politiciens, c’est
qu’au moins jusqu’à un certain point, le bras de fer entre une femme politique
et un homme d’affaires important s’apparente à la lutte du pot de terre contre
le pot de fer.
J’en veux pour preuve les poursuites engagées
par un magistrat Marocain contre Rachida Dati au motif puni par la loi de son
pays (comme d’autres pays musulmans, précisons-le) de relations sexuelles illicites.
Voyez-vous, le père présumé de l’enfant de
Mme Dati possède des intérêts importants dans plusieurs pays dont le Maroc fait
partie. Il est effectivement propriétaire de deux établissements luxueux à
Marrakech, un «spa» et un hôtel. Il est par ailleurs un ami de Sarkozy qu’il a
accompagné lors de déplacements au Maroc et dans… l’entité sioniste.
Certes, l’hôtel en question n’est pas la
fameuse Mamounia chère à Bernard-Botul-Henri Lévy et aux amateurs de prix
littéraires à la gomme. Mais c’est un établissement qui fait partie du même
système d’intérêts qui lie de riches hommes d’affaires Français et le Makhzen.
Alors si l’ordre d’engager des poursuites
contre Mme Dati n’a peut-être pas été suggéré directement par un appel depuis l’administration
de cet hôtel, il est clair que les poursuites ont un rapport avec la complicité
entre la monarchie et certains milieux d’affaires et politiques français.
Je crois que t'as besoin d'un protecteur comme les civils en Syrie et en Libye |
A quelque chose, malheur est bon. Ce coup de
semonce judiciaire incitera peut-être Rachida Dati à réfléchir à la nature de
ses commentaires sur l’évolution politique au Maroc.
Je cite :
[Rachida Dati relève] la détermination de S.M. le Roi à garantir l'Etat de droit pour tous les Marocains et à tenir compte de leurs préoccupations.
et
"Le Maroc est devenu une référence pour le monde arabe en matière de réformes"
La vérité, c’est qu’il y a d’une part les
Marocains et les hommes d’affaires (Marocains ou pas), et d’autre part les
hommes et les femmes, les Marocaines étant moins bien loties que leurs
consoeurs Françaises non d’origine marocaine.
C’est la petite leçon que je me permets d’adresser
à une ancienne ministre de la justice qui n’est après tout qu’une femme issue
du prolétariat maghrébin en France.
Libellés : Maroc, Rachida Dati
1 Comments:
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