Algérie : salariés, syndicat et privatisations
Voici quelques jours, j'avais rédigé un post sur la privatisation des entreprises publiques en Algérie et les réactions qu'elles induisaient chez les travailleurs comme par exemple dans le secteur portuaire.
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La privatisation ne consiste pas seulement en un changement de propriétaire de l'entreprise, elle en change également la nature et les finalités. Généralement, elle s'accompagne de réductions d'effectifs voire de fermeture de sites. Elle est conforme à la doctrine de l'économie libérale selon laquelle l'Etat est avant tout le garant des règles du jeu de la concurrence et du libre marché.
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Avec la hausse des cours des hydrocarbures, l'Algérie s'est retrouvée dans une situation financière plus aisée au point qu'elle a été en mesure de rembourser par anticipation une bonne partie de sa dette. A quoi s'ajoute l'effacement récent par la Russie d'une dette de plus de 3,5 milliards de dollars.
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Ces informations ne consolent pas forcément les travailleurs que les privatisations inquiètent beaucoup comme en témoigne une importante manifestation dans la zone industrielle de Rouiba, près d'Alger, dans laquelle s'est exprimée toute la colère mais aussi le désarroi des manifestants.
Le gouvernement algérien mène une politique d'infitah et les travailleurs constatent qu'ils s'appauvrissent (inflation, salaires gelés, suppressions de postes, fermetures d'entreprises) tandis que d'autres s'enrichissent ou s'établissent comme entrepreneurs avec des capitaux importants mais d'origine inconnue. Khalifa et le groupe éponyme dont la faillite retentissante avait défrayé la chronique n'était qu'un des avatars de cette nouvelle catégorie d'hommes d'affaires, commerçants ou industriels.
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Les poids lourds du secteur public algérien, comme les entreprises potuaires, les banques, la SNVI (industrie automobile) ou l'ENIE (électronique) etc. n'ont pour la plupart pas encore été privatisés. Agissant dans des secteurs d'activité où la syndicalisation est forte, leur privatisation risque de donner lieu à une contestation que les années de guerre civile avaient placé sous éteignoir. D'autre part, la prospérité apparente du pays, du moins d'après les données macro-économiques, ne peut qu'aiguiser l'esprit revendicatif des travailleurs. Reste à savoir quel rôle jouera l'UGTA, le syndicat non plus unique mais qui reste le seul interlocuteur des autorités. Or ce syndicat qui, après de fortes hésitations, a pris parti pour le programme du président Bouteflika et les privatisations se trouve dans une situation délicate.
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D'autres manifestations sont sans doute à prévoir et on peut se demander combien de temps l'encadrement syndical sur le terrain pourra canaliser la colère et calmer les appréhensions de la base?
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Depuis son éloignement du FLN, c'est peut-être la première fois que l'heure de vérité semble approcher pour l'UGTA. A moins qu'à sa base d'adhérents du secteur public ne s'ajoutent des effectifs importants issus du secteur privé. C'est peut être le calcul, probablement irréaliste, des dirigeants de la centrale syndicale qui, comme le titre le Soir d'Algérie file le grand amour avec le patronat.
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