mardi, janvier 06, 2009

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La situation à l’hôpital de Gaza, sans anesthésiques, sans électricité, sans ambulances...

Cet article se passe de commentaires excepté sur un point quand il rappelle les conditions de la prise de contrôle de Gaza par le Hamas en omettant de rappeler la victoire de ce mouvement au terme d'un scrutin libre et régulier.


A l'hôpital de Gaza, chaos et désespoir

a stratégie israélienne de compartimentation de la bande de Gaza entrave les actions de secours

par Sudarsan Raghavan et Reyham Abdel Kareem

Washington Post (USA) 6 janvier 2008 traduit de l'anglais par Djazaïri

Jérusalem, 5 janvier – Mohammed Alwan comprime les blessures du jeune homme dans le couloir de l'hôpital Shifa de Gaza ville ce lundi. Le sang qui coule à flots de son corps rougit les mains gantées du chirurgien.

« Khalas, » dit une voix, le mot arabe pour dire «C'est fini.

Le médecin refuse d'abandonner. Il masse le cœur du blessé, dans l'espoir de le ranimer. Quelques minutes plus tard, ce dernier meurt.

«Qu'est-ce-que je peux dire ?» dit-il d'une voix lasse. «J'ai vu cette scène tant de fois. Je suis ici depuis quatre jours sans interruption et je ne suis pas rentré chez moi depuis.»

Alors que les tanks et l'infanterie israéliennes pénètrent plus profondément dans Gaza, la situation humanitaire déjà terrible a empiré. Le gouvernement israélien a imposé à la bande de Gaza ce que les Palestiniens appellent un siège – restreignant les livraisons de nourriture, de médicaments et d'autres produits de base – depuis la prise de contrôle par la force de Gaza par le Hamas au détriment du Fatah, le parti rival, en juin 2007. Lundi, la stratégie militaire israélienne consistant à couper le territoire en deux réduit encore plus la possibilité pour les Gazaouis de se rendre dans les hôpitaux et de porter secours.

Les attaques aériennes et les affrontements au sol ont paralysé l'essentiel des secteurs d'activité des 1,5 millions d'habitants – les hôpitaux, la production d'énergie et 'adduction d'eau, les marchés et les routes.

Environ 550 Palestiniens ont été tués et plus de 2500 blessés en 10 jours d'offensive ; les responsables palestiniens du secteur de la santé estiment que beaucoup d'entre eux – entre 24 et 30 % -- sont des femmes et des enfants. La plupart se trouve au Shifa, le plus grand hôpital de Gaza.

Ici, les médecins travaillent jour et nuit sur des sols inondés de sang pour secourir le nombre rapidement croissant des blessés. Dans les halls et les couloirs, des cris et des sanglots incontrôlables ponctuent les conversations tout comme le bruit des bombes et des mortiers,

« Le nombre des tués et des blessés augmente. Nous avons un bombardement par minute, » déclare Hassan Khalaf, le directeur de l'hôpital Shifa. « Nous sommes submergés par le nombre de patients. Aucun hôpital au monde ne peut gérer ça. »

Aller chercher les victimes est devenu trop dangereux pour son personnel. Onze membres de son personnel soignant ont été tués depuis le début de l'offensive. « Ils étaient dans des ambulances, » explique Khalaf.

Ces trois derniers jours, il n'y a pas eu d'électricité. Les groupes électrogènes de secours de l'hôpital fonctionnent sans interruption. Même avant l'offensive, les groupes électrogènes fonctionnaient 16 heures par jour. L'hôpital, dit-il, n'a plus de carburant que pour deux jours.

«L'électricité et les communications sont coupées dans la majeure partie de la bande de Gaza en raison de manque de carburant et de dégâts sur des infrastructures vitales, » déclare Maxwell Gaylard, le coordonnateur de l'action humanitaire des Nations Unies pour les territoires palestiniens. « Plus d'un million de personnes sont privés actuellement d'électricité et plus de 250 000 sans eau courante, parfois depuis six jours. »

Selon Khalaf, il y a aussi des pénuries de médicaments et d'équipements médicaux, de nitrogène pour les anesthésies – pratiquement de tous les articles imaginables. De nombreux membres essentiels du personnel, notamment des infirmières, sont dans l'incapacité de venir travailler, empêchés du fait des combats, des positions des tanks israéliens et de la peur.

«Ceux du centre de la bande de Gaza ne peuvent pas venir travailler parce que les blindés israéliens ont coupé le territoire en deux parties, » explique Khalaf.

Fawzi Nabulsia, chef de l'unité de soins intensifs de l'hôpital indique n'avoir pas travaillé depuis le début samedi de l'invasion terrestre. Il réside au sud de Gaza ville près de l'ancienne colonie israélienne de Nitzarim. Les forces israéliennes sont maintenant dans ce secteur et coupent la route entre son domicile et Gaza ville, explique Nabulsi.

«Vous pouvez peut-être parler aux Israéliens et leur demander de m'autoriser à me rendre à l'hôpital, » dit-il au téléphone, une pointe de désespoir dans la voix. « Nous sommes dans la crise. »

D'après Khalaf, les employés de l'hôpital qui résident au nord de la ville, où se sont déroulés les attaques et les combats les plus rudes, ont trop peur pour quitter leurs maisons. « Se déplacer dans les rues de Gaza est trop dangereux,» dit-il.

A l'intérieur de l'hôpital Shifa ce lundi, les médecins s'efforcent de faire face. Imad Majdalawi a pratiqué 20 opérations en 24 heures. Il s'agissait presque toujours de réduire des fractures, soigner des brûlures et des coupures et de stopper des hémorragies. « Ce que j'ai vu de pire, ce sont les brûlures, dit-il.

Dans un cas, il avait voulu envoyer un patient qui avait perdu un œil suite à un bombardement israélien dans un établissement spécialisé en ophtalmologie. Mais sa requête avait été rejetée : le groupe électrogène du bloc opératoire du bloc opératoire de cet hôpital avait été réquisitionné pour alimenter le service des urgences.

Ce lundi, il a soigné Ghadeer, une fille âgée de 14 ans dont les mains sont recouvertes de gaze. Le sang coule à travers le bandage. Elle pleure et elle tremble. Elle ignore que sa mère et ses quatre frères ont été tués par une frappe aérienne.

« J'ai froid. Je ne peux pas bouger, » gémit Ghadeer.

Majdalawi la rassure. « Ne t'inquiète pas Ghadeer. Tout ira bien. »

Mais il n'y a eu ni anesthésie ni même les ciseaux ou le fil chirurgical adaptés pour aider Ghadeer. « Nous laissons nos patients dans la souffrance, » observe Majdalawi.

Rami al-Sousi, neurochirurgien, a dû se lancer dans une délicate opération pour extraire des débris d'obus de la tête de Salim al-Ar, âgé de cinq ans. Le garçon survivra. Sousi a deux enfants en bas âge mais il ne les a guère vus ces trois derniers jours. 90 % des patients qu'il a soignés sont des civils, dit-il.

« Oui, je suis fatigué. Mais j'oublie tout quand je sauve des vies, » affirme Sousi.


Reportage d'Abdel Kareem depuis Gaza ville.



posted by Djazaïri at 6:57 PM

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Israël nazi, fascistes et ceux qui soutiennent ce pays sont des racistes nazis.

6 janvier 2009 à 19:40  

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