mardi, décembre 19, 2006

Bookmark and Share

La guerre du shampoing

Craig Murray, cet ancien diplomate anglais, revient sur le complot visant à commettre des attentats à l'explosif liquide à bord d'avions de ligne. Sans exclure la réalité d'un fond terroriste à cette affaire , mais sans commune mesure avec l'ampleur de la menace qu'avaient présentée les autorités britanniques, Murray poursuit son démontage du dossier.
Il nous montre comment des éléments anodins : des détritus retrouvés dans un bois, du péroxyde d'hydrogène, une carte d'Afghanistan dessinée par un gosse peuvent être présentés comme des signes donnés à lire à l'opinion comme annonciateurs d'une tragédie à venir. Quand la machine paranoïaque est lancée, tout élément contextualisé de manière appropriée devient un stimulus pour la peur.
s
Le titre de l'article est humoristique, tant l'auteur a maintenant la certitude que le battage autour des attentats à l'explosif liquide a fait long feu. Reste que comme il le constate, autant le début de l'affaire a été médiatisé, autant son dégonflement peine à éveiller l'attention d'une presse qui perd là une occasion de rassurer l'opinion
Opinion qui dès lors demanderait que soient rapportés les interdictions ou les contrôles hyper tâtillons concernant les vernis à ongles et autres parfums qui sont imposés désormais au moment de l'embarquement en avion.
s
Mais il est trop tard...
s
La guerre du shampoing
"Plus propagande que complot." La menace des explosifs liquides était une intox du Ministère de l'intérieur
s
par Craig Murray
Global Research, December 18, 2006, traduit de l'anglais par Djazaïri
q
Tapez sur Google ""Rashid Rauf - mastermind" [cerveau]. A la première page des résultats, vous trouverez la CBS, la BBC, le Times, le Guardian et le Mail avec leurs descriptions de Rauf l'été dernier d'après ce qu'en disait la police ou les services de sécurité. C'était le "cerveau" derrière le "complot des attentats à l'explosif liquide." C'est pourquoi le fait qu'un tribunal pakistanais n'ait retenu aucune charge de nature terroriste contre lui ne peut pas être rejeté d'un revers de main par les partisans de l'histoire du complot.
s
Rashid Rauf reste confronté à d'autres accusations, dont celle de contrefaçon et ce qu'on proclame détention d'explosifs, même s'il ne possédait en réalité que du peroxyde d'hydrogène. Comme le peroxyde d'hydrogène est en vente absolument libre dans n'importe quelle droguerie ou magasin de bricolage au Royaume-Uni, l'idée de se le procurer au Pakistan pour faire sauter des avions en Grande-Bretagne n'a jamais été très convaincante. C'est ce qu'a sans doute aussi pensé aussi le tribunal pakistanais.
Rashid Rauf a beaucoup de comptes à rendre. Il est toujours recherché au Royaume-Uni pour le meurtre de son oncle il y a quelques années - un crime qui, comme l'accusation de contrefaçon, n'a aucun lien apparent avec du terrorisme. Aucun de ces crimes ne renforce la vraisemblance des preuves d'un projet d'attentats à l'explosif liquide qu'il aurait fournies aux services de renseignements pakistanais.
s
En parallèle, un autre développement atteste de manière encore plus convaincante que la grande menace était, comme je l'avais dit à l'époque, "Plus de la propagande qu'un complot." Après avoir ratissé pendant plusieurs mois les bois près de High Wycombe où le matériel explosif était supposément dissimulé, les policiers de Thames valley ont abandonné leurs recherches. Le 12 décembre, ils ont annoncé au Ministère de l'Intérieur qu'ils ,e les continueraient que si le gouvernement était prêt à en assumer le coût financier; ils souhaitaient réorienter leurs ressources vers de vrais crimes, comme les cambriolages ou les vols à main armée.
Souvenez-vous que ce plan était décrit par les autorités comme un "meurtre de masse à une échelle inimaginable" et "plus énorme que le 11 septembre." On a eu par le passé, au Royaume-Uni, des exemples de centaines d'agents de police mobilisés pendant des années pour retrouver un seul assassin. Si les policiers avaient vraiment cru participer à une enquête sur un "meurtre de masse à une échelle inimaginable," auraient-ils renoncé aux recherches au bout de cinq mois? La réponse est non.
s
Ce qui nous amène aux mensonges qu'on nous a racontés - dont un concerne cette enquête. Une source policière anonyme avait très tôt informé la presse de la découverte d'une "valise" contenant du "matériel pour fabriquer des bombes." Matériel qui m'a été décrit par une source au sein des services de sécurité comme "Des détritus abandonnés par quelqu'un dans les bois." Et c'est vrai qu'on peut réutiliser des morceaux de fil électrique, de réveils et des pièces de voitures comme composants d'une bombe - on peut même les mettre dans une vieille valise. Mais a-t-on trouvé du matériel qui ne sert qu'à faire des bombes, comme des détonateurs, des explosifs ou nos fameux produits chimiques? Non, on n'a rien trouvé de tel.
Le bois de Wycombe, tout comme les sables du désert irakien n'ont pu nous révéler les armes de sestruction massive qu'on nous a rabâchées.
s
L'autre "preuve" avancée par la police était la découverte de testaments (qui auraient été rédigés par les candidats aux attentats suicides) et d'une carte de l'Afghanistan. Il se trouve que les testaments avaient été rédigés dans les années 90 par des volontaires en partance pour combattre les Serbes en Bosnie - elles avaient été laissées là chez l'oncle désormais décédé d'une des personnes arrêtées. La carte d'Afghanistan avait été copiée par un enfant de onze ans. Tout ceci est bien connu de la preese britannique mais rien n'en a été rapporté de peur d'influencer le jugement. Je n'arrive décidément pas à comprendre en quoi cela n'influence pas un procès lorque la police annonce à la une de la presse mondiale qu'elle a trouvé du matériel explosif, des testaments et des cartes. Seul le fait de contredire la police pourrait être préjudiciable. peut-on m'expliquer pourquoi?
s
Alors que l'arrestation de 26 personnes en relation avec le complot a fait l'objet d'une vaste couverture médiatique, la libération progressive de beaucoup d'entre eux est passée presque inaperçue. Par exemple, le 31 octobre, un juge a libéré deux frères de Chingford au motif que la police n'avait fourni aucune preuve convaincante à leur encontre. Les accusations contre d'autres ont été revues à la baisse, de sorte que ceux qui restent accusés d'avoir comploté pour commetttre des attentats sont maintanant moins nombreux que les 10 avions dans lesquels ils prévoyaient de se faire exploser.
Cinq journaux britanniques ont du payer des dommages et intérêts à un habitant de Birmingham accusé, sur la foi d'informations policières, d'être partie prenante du complot. Seul le Guardian a eu l'élégance d'en rendre compte et de rétablir la vérité.
s
Dernier élément de réflexion. Même s'il l'avait désigné comme le "cerveau" derrière quelque chose de "plus énorme que le 11 septembre," le gouvernement britannique n'a fait aucune démarche pour obtenir l'extradition de Rashid Rauf sur l'accusation de terrorisme. Ce n'est pourtant pas difficile à faire - les autorités pakistanaises ont livré de nombreux suspects de terrorisme aux USA, souvent dans le cadre des transferts extraordinaires, et la procédure est habituellement très rapide - moins d'une semaine. Mais les services de sécurité britanniques, qui comptaient tant sur les renseignements détenus par Rashid Rauf, ont fait preuve d'une étonnante timidité devant l'éventualité de le faire venir ici, où ses informations auraient pu être soumises aux bons soins d'un tribunal britannique. Pourtant le MI5 (services secrets britanniques) avait été bien embêté par la police de Birmingham qui se montrait pressante en insistant sur le fait que Rauf était recherché en Grande bretagne pour l'assassinat de son oncle à Birmingham. Maintenant qu'il était détenu au Pakistan, ne devions-nous pas obtenir son extradition? En fin de compte, une demande d'extradition au sujet de ce meurtre a été formellement formulée - mais sans réel suivi ou insistance. Il reste donc peu de chances de revoir rauf au Royaume-Uni.
s
Je n'exclus toujours pas l'existence d'un germe de complot terroriste au coeur de l'enquête. On peut spéculer au sujet d'agents provocateurs et d'infiltration par des services de sécurité, aussi bien britanniques que pakistanais mais il est possible de s'authentiques terroristes aient été impliqués. Mais les incroyables perturbations pour les voyageurs, la Guerre du Shampoing et le battage sur le "plus énorme que le 11 septembre" ont fait long feu.
s
Vous ne lirez pas ça dans vos journaux
..

posted by Djazaïri at 1:00 AM

0 Comments:

Enregistrer un commentaire

<< Home

Palestine Blogs - The Gazette